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Ahmed El Inglizi ou l’Anglais ayant repensé la ville d’Essaouira au XVIII siècle

Le Maroc de la fin du XVIII siècle était sous le règne du sultan Mohammed Ben Abdellah (1710-1790). Un sultan alaouite qui ne descendait pas de son cheval, selon les différents récits rapportés par les historiens. Ces derniers affirment qu’unifier le Maroc était le combat de sa vie.

S’appuyant sur les grandes tribus du Maroc pour former une armée, le sultan alaouite viendra à bout des hégémonies extérieures. Il parviendra à repousser les Français de la ville de Larache et de reconquérir Mazagan, jadis sous mains des Portugais. Sa politique moderne lui permet aussi de nouer des relations diplomatiques avec les puissances occidentales.  

Mais ce qui le distingue de ses prédécesseurs alaouites, c’est d’avoir investi dans la modernisation d’infrastructures présentes, car l’ennemi était toujours proche. Le sultan avait alors revu plusieurs villes, notamment la ville de Casablanca, Essaouira ou encore Rabat. Ces réalisations étaient principalement l’œuvre d’ex-prisonniers ou de renégats européens. L’un d’eux n’est autre qu’Ahmed Laalaj, également connu sous le nom d’Ahmed El Inglizi, en révérence à ses origines.

Architecte et corsaire  

La vie d’Ahmed El Inglizi a été très peu documentée, bien que son travail et ses réalisations soient toujours palpables. Dans les livres d’histoire, l’Anglais est décrit comme un ingénieur engagé par le sultan alaouite pour construire d’importantes installations à Essaouira et rénover des bâtiments dans l’ancienne médina de Rabat. L’architecte était également célèbre pour avoir abandonné le christianisme au profit de l’islam.

Cela a été confirmé par Ahmed Shendy Yousef dans son livre «Islam Within Judaism and Christianity, a Voice from the Past : Shedding Light on the Unity Between the Torah, Gospel and Quran Scriptures» (Editions AuthorHouse, 2014), où il fait référence à El Inglizi, le qualifiant d’«architecte de confiance de Mohammed ben Abdellah qui s’est converti à l’islam au 18ème siècle».

Photo d’illustration./Ph.DR

Outres ces travaux pour le compte du sultan alouite, Ahmed Laalaj s’était également illustré et avait acquis une grande renommée aux côtés des corsaires de Salé. Cet aspect de sa vie a été rapporté dans «The Rough Guide to Morocco» (Editions Routledge & Kegan Paul, 1985), de Mark Ellingham et Shaun McVeigh. On y précise qu’El Inglizi était «l’un des nombreux pirates européens ayant rejoint les corsaires de Salé». Des pirates ayant repris le nom de Salé-le-neuf qu’ils avaient eux-mêmes construit. 

Bab El Mersa et le plus ancien minaret de Rabat

En plus de ses activités de corsaire, le converti anglais était derrière la fortification de nombreuses villes. Parmi ces œuvres : le fameux Bab El Mersa (porte du port, en français). Une «porte monumentale construite dans des blocs de pierre à Essaouira», comme l’explique le site Essaouira, dédié au patrimoine de Mogador.

«Tous les visiteurs entrant dans la ville depuis le port peuvent voir l’inscription en arabe, gravée dans du grès (roche sédimentaire détritique, ndlr)», poursuit la même source. L’inscription sur la porte indique qu’elle a été «commandée par l’un des rois les plus glorieux, Sidi Mohammed et a été construite par son serviteur Ahmed Laalaj», alias Ahmed El Inglizi.

Bab El Mersa à Essaouira./Ph.DRBab El Mersa à Essaouira./Ph.DR

Selon la même source, l’architecte avait pour tâche d’achever les travaux de l’architecte français Théodore Cornut, engagé par le sultan Mohammed Ben Abdellah pour concevoir la nouvelle ville d’Essaouira. Alors que Cornut «avait travaillé trois ans pour la construction de la Scala du port et de la Scala de la Kasbah, le sultan a laissé l’architecte anglais achever le projet».

Susan Searight, l’auteure du «Maverick Guide to Morocco» (Éditions Pélican, 1999), rapporte pour sa part qu’El Inglizi avait remis à neuf, sous les ordres de Mohammed Ben Abdellah, la «Mosquée de la Kasbah, la plus ancienne de Rabat, datant d’environ 1150». D’ailleurs, on doit également à l’architecte anglais la construction de la forteresse de la Kasbah des Oudayas et le phare «Borj Sirat», construit par ses soins en 1775-76.


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