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Algérie: Le journaliste Abdou Semmar révèle que le régime algérien retient ses enfants en otage

Le journaliste algérien, Abdou Semmar, exilé en France depuis 2019, a révélé quelques unes des pressions exercées par le régime algérien contre sa personne afin de le réduire au silence. Le système retiendrait « en otage » ses deux enfants mineurs depuis trois ans.

Faisant partie d’une liste d’Algériens considérés comme opposants par le régime, Abdou Semmar est l’une des « bêtes noires » du pouvoir algérien en place depuis 2019.

Exfiltré en France en 2019 après avoir été emprisonné, le journaliste est l’une des rares voix qui osent encore critiquer les décisions du pouvoir algérien, à appeler à une réconciliation maghrébine et à révéler plusieurs scandales dans les arcanes du pouvoir dans son pays.

Mais le prix à payer pour ce journaliste qui a gagné tous ses procès en diffamation en France intentés par l’Algérie, c’est un chantage à sa famille et plus particulièrement à ses enfants, restés dans son pays natal aux côtés de leur mère.

Dans deux vidéos postées sur Youtube, qui ont reçu une grande vague de soutien, le journaliste a expliqué comment le régime algérien empêche ses deux enfants de revoir leur père et utilise ces mineurs comme moyens de pression pour le réduire au silence, comme il a réussi à fermer tous les organes de presse indépendants en Algérie ces dernières années.

« Je vous ai parlé comment mes parents et mes enfants sont retenus en otage depuis 2020 2021 et comment je n’ai pas pu voir mes enfants depuis trois, comment le régime algérien a exigé de moi que je +baisse le pantalon+, de fermer ma gueule, d’arrêter d’être un journaliste engagé, indépendant, d’arrêter de faire de l’investigation et d’arrêter d’écrire sur les dossiers les plus chauds de l’actualité algérienne », a-t-il déclaré.

Abdou Semmar a estimé que ce chantage s’explique par ses « révélations qui dérangent les hauts responsables du régime algérien » et que le pouvoir algérien lui a intimé d’arrêter de révéler les travers de ce régime afin de pouvoir revoir ses enfants et ses parents.

Dans l’une des vidéos, il explique que ses deux enfants, âgés de 6 et 13 ans, issus d’un précédent mariage, ont été interdits de quitter le territoire lorsqu’ils se sont présentés à l’aéroport en Algérie alors qu’ils devaient lui rendre visite.

Abdou Semmar explique en outre qu’en Algérie toute personne du même nom de famille que lui ou ayant la même intonation se voit persécuter par les agents de police, révélant ainsi que même son ex-épouse avec qui il n’entretient aucun lien et qui n’a pas de relation avec son travail, est persécutée par le régime et son compte en banque a été gelé par les autorités algériennes.

« Le régime algérien est de mauvaise foi. J’ai négocié avec eux comme tout être humain qui a envie d’apaiser ses relations avec son pays natal et qui a envie de retrouver son pays natal. Je vais pas vous mentir, je rêve de revenir en Algérie », a-t-il déclaré, affirmant avoir commencé des négociations durant l’été 2022.

Il affirme avoir été « choqué des conditions que t’impose le pouvoir algérien pour pouvoir négocier avec lui », ajoutant qu’il n’y a pas de concessions de part et d’autre.

« Ils veulent négocier le droit d’un père de voir ses enfants (…) ce sont des choses qui ne sont pas négociables », a-t-il déclaré qualifiant le régime algérien de « machiavélique » et « diabolique ».

Selon lui, le régime algérien lui aurait demandé de présenter ses excuses et d’envoyer une lettre dans laquelle il s’engage à respecter les symboles de l’Etat. Refusant de s’excuser pour avoir fait son travail de journaliste, Semmar aurait envoyé la lettre à la présidence de la république comme demandé, sans obtenir de réponse officielle.

« Pas de réponse officielle… ils t’appellent au téléphone par des sources et te disent que tu dois arrêter tes émissions sur Youtube, tu ne dois plus parler du président, tu ne dois plus parler de Said Chengriha, même les ministre il faut les éviter », a-t-il révélé.

Le journaliste qui a promis de faire de plus amples révélations sur son cas dans les jours à venir, a expliqué que pendant la présidence d’Abdelaziz Bouteflika qui a duré 20 ans, il était possible de critiquer ses décisions sans être inquiété par le pouvoir.

« On l’a critiqué nuit et jour, (il y a eu) des caricatures, des éditos, des commentaires. est-ce que ça a empêché Bouteflika de rester au pouvoir pendant 20 ans ? Pas du tout », a-t-il cité comme exemple.

Dans ses négociations avec le pouvoir algérien, Abdou Semmar a ajouté qu’il n’était pas prévu de le gracier alors qu’il est poursuivi pour des dizaines d’affaires. « J’ai été condamné à mort le 17 octobre 2022 », a-t-il ajouté, soit quelques mois après ses négociations infructueuses dans lesquelles le journaliste n’a pas accepté de se rendre gratuitement au régime algérien sans obtenir aucune garantie ou de réelle réconciliation.

« Ils veulent la fin de la liberté d’expression, la fin de la liberté de la presse, ils veulent que tu te soumettes. Ils ne veulent pas de réconciliation, ils veulent un assujetissement, une soumission volontaire, ils veulent de la servitude », a-t-il affirmé.

A en croire les révélations du journaliste algérien, et en l’absence de réponses officielles et de documents signés, il semblerait que le pouvoir en Algérie n’est pas prêt à l’accueillir et le laisser exercer son métier librement ni de vivre librement mais chercherait à le faire venir en Algérie simplement afin de l’emprisonner à vie.

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