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Assassinat du Marocain Brahim Bouarram, poussé dans la Seine par des militants du FN

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Le monde célèbre ce 1er mai la Fête internationale du travail. En France, cette date ne coïncide pas seulement avec les défilés des syndicats des travailleurs, elle rappelle surtout un drame qui s’était produit en 1995 à six jours du deuxième tour de l’élection présidentielle française. Édouard Balladur venait d’arriver troisième au premier tour, avec 18,6 % des voix, derrière Jacques Chirac (20,8 %) du Rassemblement pour la République (RPR) et Lionel Jospin (23,3 %).

Nous sommes le 1er mai et comme chaque année, le Front national de Jean-Marie Le Pen organisait sa manifestation représentant le point d’orgue de la célébration de Jeanne d’Arc par le FN. Aux alentours de 11h30, sur le pont du Carrousel, situé à Paris et traversant la Seine entre le quai des Tuileries et le quai Voltaire, cinq hommes au look skinhead (crâne rasé, blouson Bombers et rangers) se détachent de la queue du cortège du Front national et courent vers les quais, raconte le Nouvel Obs. Ils venaient d’apercevoir Brahim Bouarram, 29 ans, épicier de son état, sur les berges de la Seine. Un jeune marocain père de deux enfants.

Manifestation contre le racisme et en hommage à Brahim Bouarram, le 3 mai 1995. / Ph. Pierre Boulat - SIPAManifestation contre le racisme et en hommage à Brahim Bouarram, le 3 mai 1995. / Ph. Pierre Boulat – SIPA

«Une claque appuyée» pour envoyer Brahim dans la Seine ?

«Lorsque le groupe aperçoit le jeune Marocain, trois d’entre eux se précipitent vers lui. Selon des témoins, tout se passe très vite», poursuit le média français. Brahim n’a pas eu le temps de réagir au moment où un des skinheads l’empoigne et le précipite dans la Seine à un endroit où le courant est puissant. Brahim Bouarram, ne sachant pas nager, coule à pic et se noie. Son assassinat hantera à jamais le parti dirigé aujourd’hui par Marine Le Pen, qualifiée au deuxième tour de l’élection présidentielle de cette année.

L’assassin de Brahim, un certain Michaël Fréminet était pourtant présenté par les médias français comme un «garçon pas très compliqué» pour reprendre les mots de l’Express. Ce dernier raconte que Michaël, David Halbin, Christophe Calame (25 ans) et David Parent (19 ans) étaient venus gratuitement depuis Reims à bord d’un car affrété par le mouvement de Jean-Marie Le Pen pour assister aux festivités.

Peu avant «midi, Calame ressent un besoin pressant d’uriner. Il quitte le défilé et descend sur les berges de la Seine. Fréminet lui emboîte le pas. Parent les attend sur les marches. Halbin reste sur le pont», poursuit l’Express. Le groupe croise donc Brahim. Selon la version des personnes accusées, la victime aurait «traité de « fils de pute de skinhead » [sic] son assassin. Sous l’insulte, Michaël envoya valser le Marocain dans le fleuve avec une claque appuyée». Une version démentie par les témoins sur place. En effet, deux hommes et une femme qui se trouvaient sur les quais à la hauteur du pont du Carrousel observait la scène avant d’appeler immédiatement les secours, poursuit le Nouvel Obs. Quand les sauveteurs repêchent le corps de Brahim Bouarram, il est trop tard. Brahim est mort noyé. A en croire les témoins, les assassins prennent immédiatement la fuite après avoir poussé le jeune Marocain dans la Seine. Ils rejoignent donc la manifestation pour se fondre dans un groupe d’une centaine de skinheads.

Plaque en mémoire de Brahim Bouarram, sur les quais de la Seine. / Ph. AFPPlaque en mémoire de Brahim Bouarram, sur les quais de la Seine. / Ph. AFP

Le FN aurait tenté, sans succès, de faire le ménage

Bernard Courcelle, alors chef du service de sécurité du Front national à l’époque, voyant «les médias et les associations se déchaîner, accusant le FN», décide de coopérer avec la police. Ce n’est que le 9 mai qu’il balance trois noms, raconte le journal Libération. «Ce sont des voyous, de petites frappes», confiait-il aux policiers. Mais l’enquête révélera comment le Parti de Jean-Marie Le Pen avait tenté de se laver les mains de cette affaire en tentant de faire le ménage. Alain Mengin, militaire à la retraite et secrétaire départemental FN de la Marne se serait rendu chez David Halbin, à Reims, dans la nuit du 1er au 2 mai pour lui demander de se «débarrasser» de sa carte FN et de tous les documents du parti.

Après une semaine de délibérations, la cour d’Assises de Paris avait reconnu en 1998, Mickaël Fréminet coupable du meurtre de Brahim Bouarram. Il est condamné à huit ans de prison. Ses amis, David Parent, Christophe Calame et David Halbin écopent de cinq ans de prison chacun, dont quatre avec sursis.

Deux jours après l’assassinat de Brahim Bouarram, 12.000 personnes avaient manifesté à Paris. François Mitterrand, encore président de la République avait jeté une gerbe de fleurs à l’eau près du lieu du crime. Une plaque commémorative avait été par la suite installée sur les quais de la Seine. «Je regrette qu’un malheureux se soit noyé, mais dans une agglomération de 10 millions d’habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté», avait osé Jean-Marie Le Pen, immédiatement après les faits, comme pour faire oublier que les discours haineux tuent.

Hommage de François Mitterrand, devant le pont du Carrousel, le 3 mai 1995. / Ph. PierreVerdy - AFPHommage de François Mitterrand, devant le pont du Carrousel, le 3 mai 1995. / Ph. PierreVerdy – AFP


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