Ce que préconisent les experts pour une meilleure inclusion socio-économique des femmes

Depuis l’indépendance, le Maroc a parcouru un chemin remarquable dans la promotion du statut de la femme, son accès aux droits ainsi que dans l’égalité et la parité entre les deux genres. Cependant, des obstacles semblent persister et transpercer ces évolutions, notamment sur le plan professionnel, a affirmé des experts. 

Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes, le Policy Center for the New South (PCNS), la faculté de gouvernance, des sciences économiques et sociales (UM6P), l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) et le Réseau Marocain des Femmes Médiatrices ont organisé une série d’évènements de deux jours, les 9 et 10 mars, composée de panels de discussions et d’ateliers sous le thème « Femmes, actrices du changement« .

Ce vendredi a été consacré à la session portant sur la thématique: « Les femmes dans le processus de développement: Pour une meilleure inclusion socio-économique », à laquelle ont participé plusieurs représentants de la société civile, des militantes des droits des femmes, mais aussi des chercheurs et experts dans le domaine.

Pour Mounia Boucetta, Senior Fellow au PCNS, l’objectif de cet événement est de développer un nouveau narratif concernant les droits de la femme et d’impliquer les jeunes encore plus dans ce processus. « On a vu qu’il y a, plus ou moins, une non prise en considération de ces enjeux. On sait que s’il y a un changement, si les femmes doivent être actrices du changement, il va falloir impliquer davantage les jeunes étant donné qu’ils sont porteurs de nouvelles idées et de nouvelles dynamiques qui peuvent contribuer à l’intérêt de l’autonomisation de la femme mais aussi au développement du pays« , a-t-elle noté.

La chercheuse a expliqué, dans une déclaration à Hespress FR, que « nous avons mis l’accent sur l’inclusion économique et sociale, parce que pour nous, même si nous avons réalisé beaucoup de progrès dans divers domaines, le sujet d’inclusion, l’autonomisation de la femme reste très faible« .

Elle précise que, sur ces vingt dernières années, cette question connait une régression. « Quand nous faisons l’analyse, nous voyons qu’il y a des disparités territoriales » qui contribuent à cette baisse, même si « nous constatons une petite amélioration de l’activité en milieu urbain« , indique Boucetta, ajoutant que c’est la baisse au niveau du milieu rural et la fragilité constaté qui n’absorbe pas cette évolution.

Au delà, il y a notamment des obstacles au niveau de la société, poursuit notre interlocutrice. Selon la chercheuse, le cadre législatif doit évoluer et l’entreprenariat doit être encouragé davantage, surtout avec ces nouvelles technologies de l’information. « Le plus important pour nous est de mettre les jeunes au sein de ce débat pour qu’ils s’impliquent dans ce processus d’amélioration du taux d’inclusion des femmes« , conclut-elle.

De son côté, Amina Lotfi, présidente de l’ADFM-Bureau de Rabat, s’est dit être très heureuse de participer à cette rencontre, parce que « je considère que le 8 mars, c’est surtout un arrêt bilan. Il faut faire le bilan de ce que nous avons réalisé, identifier quels sont nos problèmes, il faut nous projeter dans l’avenir en présence des étudiants et étudiantes, en présence des jeunes qui représentent notre présent et notre avenir« .

La militante souligne que les obstacles sont nombreux, tandis que les réalisations ont connu un ralentissement, en insistant qu’il « est le temps de nous retrousser les manches et de mettre en œuvre, concrètement, les dispositions constitutionnelles« . Elle précise, à Hespress FR, que cela implique l’harmonisation de toutes les lois avec la constitution et les engagements internationaux du Maroc.

« Cela concerne également les politiques publiques qui sont convergentes entre elles, outre une politique nationale avec des politiques sectorielles. Cela implique l’intersectorialité, parce qu’aucun département, tout seul, ne peut élaborer une stratégie parce qu’il y a automatiquement l’intervention d’autres secteurs« , a-t-elle fait savoir.

Lotfi poursuit: « Et cela implique également la culture de l’égalité, la promotion de la culture de l’égalité, parce qu’on arrête pas de nous dire, oui la population est conservatrice, mais que fait l’Etat pour améliorer la mentalité de la population ? Ceci demande également une stratégie de déconstruction, une stratégie d’information et de sensibilisation« .

La présidente de l’ADFM-Rabat note que ce processus, de manière globale, nécessite un système d’évaluation, « ça demande que chaque année, pour le 8 mars par exemple ou le 10 octobre, que nous fassions un vrai bilan et qu’on arrête de répéter « nous avons fait », mais qu’on parle des résultats que nous avons obtenu, qu’on identifie les problèmes et qu’on puisse revoir nos politiques publiques en conséquence« .

« Et là, vraiment, avec ces quatre volets, cette vision globale, cette vision qui a une approche résultat et cette vision qui est intersectorielle, je pense que nous pourrons nous acheminer progressivement vers les droits universels des femmes, parce que sans droit des femmes, il n’y a pas de développement économique et sociale ou durable« , fait observer la militante.

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