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Ce que vaut le rétablissement des relations irano-saoudiens pour le Maroc

A la surprise de tous, l’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques rompues en 2016. La déclaration tripartite (avec la Chine) est intervenue après quatre jours de négociations secrètes entre Pékin et les deux grands rivaux du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite et l’Iran devraient rouvrir leurs ambassades respectives dans deux mois.  

L’accord fait état de « l’élimination des malentendus et les perspectives d’avenir dans les relations entre Téhéran et Riyad conduiront certainement à l’amélioration de la stabilité et de la sécurité régionales, ainsi qu’au renforcement de la coopération entre les nations du golfe Persique et le monde de l’islam pour gérer les défis actuels », a déclaré Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, cité par Irna. 

C’est depuis Pékin que Riyad et Téhéran ont donc annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques, actant par là même, l’ascension de la Chine en tant qu’acteur stratégique dans la région, sur fond de désengagement américain. Il y va sans dire que la Chine, deuxième puissance mondiale, cherche à reprendre un rôle prépondérant sur la scène internationale.   

L’Empire du milieu est un médiateur de « bonne foi », « fiable » et remplit ses devoirs d’hôte et de facilitateur des pourparlers. Et si Washington « soutient tous les efforts pour faire baisser la tension au Moyen-Orient, et en particulier pour mettre fin à la guerre au Yémen », c’est du bout des lèvres que la réaction a été exprimée, Joe Biden affirmant en cela « que tout ce qui pourrait apaiser les tensions entre Israël et ses voisins arabes serait une bonne chose ».   

Cette décision historique, en tout cas dans le Golfe, a été saluée notamment du côté de Oman -intermédiaire-clé entre les deux pays – et des partenaires de l’Arabie saoudite, mais également des Emirats arabes unis, qui avaient anticipé en envoyant leur ambassadeur à Téhéran l’été dernier dans l’espoir d’apaiser les tensions régionales.   

Cela étant, que pourraient bien signifier ces relations rétablies pour bon nombre d’autres parties prenantes dans ce dossier dont justement les Etats-Unis, Israël mais également le Maroc car qu’on le veuille ou non, cette situation si elle reste une « surprise pas vraiment plaisante » pour l’Oncle Sam et l’Etat Hébreu, pose une drôle d’équation pour le Royaume pris pour ainsi dire entre deux feux. 

« Les trois pays (Iran, Arabie saoudite, Chine) déclarent leur ferme volonté de déployer tous les efforts pour renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales« , a indiqué le communiqué conjoint rendu public à l’occasion. On peut y présager à travers “la sécurité régionales et internationales” mentionnée dans le communiqué, la région d’Afrique du Nord ou l’Iran se déploie à travers l’Algérie et les milices séparatistes du polisario. 

En effet, il est de notoriété que l’Iran arme et entraîne des éléments séparatistes du front polisario avec la bénédiction de l’Algérie. En dépit du fait que le Royaume ait alerté l’opinion internationale quant à la machination diabolique de cet axe du mal, la menace que fait peser l’Iran et son bras armé le Hezbollah, avec l’aide de l’Algérie, sur le Maroc, et toute l’Afrique du Nord, est bien là.  

Cela dit, la question qui se pose désormais au regard de l’accord signé à Pékin, est-ce que l’Iran est disposé à respecter ses engagements et est-ce qu’il va abandonner ses visées expansionnistes dans cette région d’Afrique du Nord en s’en retirant ? Au regard des visées des Gardiens de la révolution cela ne semble malheureusement pas le cas. Bien au contraire, au vu de la volonté affichée par l’Iran quant à cette partie du monde ou il veut établir son expansionnisme, le doute est permis.  

D’ailleurs, le 8 mars 2023, le comité ministériel arabe chargé de l’Iran s’était réuni au Caire et avait clairement réitéré sa solidarité avec le Royaume du Maroc face à l’ingérence du régime iranien et de son allié le “Hezbollah” dans les affaires intérieures du Royaume, attestant en cela que l’armement et l’entraînement par l’Iran d’éléments séparatistes du front polisario « menacent l’intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité du Maroc ».  

« Ces pratiques dangereuses et inacceptables s’inscrivent dans la continuité de l’approche déstabilisatrice du régime iranien envers la sécurité et la stabilité régionales », relevait également le texte publié par le comité. Il fallait y voir à travers cette entente « secrète ou tacite » complicité de l’Algérie et de l’Iran, qui vise ni plus ni moins au contrôle du Sahel, un pré-carré où les grandes puissances mondiales ont leur mot à dire. Cela la fout mal.  

L’objectif dans l’affaire pour le régime algérien est de faciliter l’installation de bases militaires russes au Sahel avec l’aide de l’Iran, avait rapporté, ô paradoxe, le quotidien du soir français “Le Monde” qui pourtant ne veut pas que du bien au Royaume. Dans l’affaire, Alger recevrait un approvisionnement important en drones de l’Iran, qui iraient directement à la milice armée du polisario.

Le modus operandi, voulant que l’Iran et son groupe terroriste du Hezbollah, entendaient implanter la branche la plus radicale de son islamisme au Sahel et au Sahara et ce, on l’imagine avec l’appui de l’Algérie. Ces inquiétudes de la part du Maroc, avaient été confirmées par le portail américain, Military.africa, spécialisé dans la défense et la sécurité en Afrique, qui avait expliqué que le Royaume et ses alliés occidentaux disposaient d’informations portant sur la livraison de drones de fabrication iranienne destinés au polisario pour mener des attaques au Sahara marocain.  

On s’en souvient, le Royaume a de tout temps souligné la nouvelle alliance entre l’Iran et l’Algérie ainsi que les déclarations du polisario concernant la réception de drones et d’autres armes en provenance d’Algérie, ainsi que le développement d’infrastructures pour les faire fonctionner ». Vu ainsi, le polisario agit en tant que mandataire de l’Iran et de l’Algérie.   

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