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Comment Hassan II a négocié la grâce d’Omar Raddad

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2 février 1994, cour d’assises des Alpes-Maritimes. Omar Raddad, protagoniste malgré lui d’une affaire judiciaire rocambolesque, vient d’être condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Ce jardinier marocain est accusé du meurtre de sa patronne, Ghislaine Marchal, riche veuve d’un équipementier automobile. La sexagénaire a été retrouvée sauvagement assassinée le soir du 24 juin 1991 dans la cave de sa villa de Mougins, au nord de Cannes. C’est là la genèse d’une énigme sur laquelle la justice n’a toujours pas levé le voile, frappée d’une inscription désormais célèbre : «Omar m’a tuer».

Deux ans après sa condamnation, Omar Raddad, qui ne cesse de clamer son innocence, bénéficie d’une grâce présidentielle accordée par Jacques Chirac. Sa peine est réduite de 4 ans et 8 mois, rappelle Var Matin dans un article publié hier. Le jardinier quitte la centrale pénitentiaire de Muret en janvier 1998 ; un premier pas vers la reconnaissance de son innocence, croit-on savoir.

Une grâce présidentielle en échange d’une grâce royale

Cette grâce, Omar Raddad la doit surtout à un autre homme que le chef d’État français. En réalité, c’est Hassan II, où plutôt son neveu Moulay Hicham, qui va demander à son ami Jacques Chirac une faveur. Des détectives privés seront même engagés pour mener une contre-enquête. Le monarque et le prince ont compris que la population marocaine a pris fait et cause pour le jardinier. «Autant sans doute par charité que pour des raisons politiques», souligne un avocat. «Si Omar avait été correctement défendu, il n’aurait pas été besoin de solliciter une grâce présidentielle», renchérit un autre, Me Georges Girard, ajoutant qu’une «telle concession n’aurait pu être faite si le dossier n’était pas aussi brinquebalant».

Reste que cette faveur n’est pas sans contrepartie. En échange, le souverain propose de gracier deux ressortissants français condamnés pour viol au Maroc. Il leur restait alors 4 ans et 8 mois à purger… Sur une liste communiquée par l’Élysée, le cas le plus important aurait été celui d’un homme d’affaires marocain marié à une Française, condamné en 1993 à dix ans de prison à l’issue d’un procès impliquant douze personnes, d’après l’Express.

Une affaire de mœurs qui avait secoué le royaume car son acteur principal, le commissaire Mohammed Mustapha Tabit, condamné à mort puis exécuté, était convaincu du viol, de la séquestration et de la torture de plusieurs centaines de femmes au cours de sa carrière. Ce dernier avait compilé pendant dix ans des enregistrements pornographiques de plus de 500 femmes et de personnalités politiques et médiatiques.


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