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Edito. Donner sens et substance à l’Etat social

C’est en donnant sens et substance à l’Etat social qu’il est possible de restaurer la confiance des citoyens. Le chantier de la généralisation de la protection sociale représente la « colonne vertébrale » de l’Etat social. C’est la réalisation effective de ce chantier qui pourra donner une réalité au concept de développement humain durable. Le Royaume du Maroc s’est officiellement inscrit et engagé de manière irréversible dans cet agenda. La première étape relative à la généralisation de la couverture médicale, à toute la population marocaine, semble bien avancer, tout au moins en termes de nombre d’adhérents, c’est-à-dire quantitativement. Néanmoins, pour que cette première étape décisive soit réellement ancrée dans la réalité sociale, une étroite synchronisation de ce chantier avec la réforme du système de santé est nécessaire. A défaut, la couverture médicale risque d’être une coquille vide. L’accès équitable à des services de santé de qualité est le vrai critère d’appréciation de réussite de cette première étape.

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Les principaux obstacles à anticiper résident dans le mode de financement à mettre en place. La crise sanitaire due au Covid a révélé l’ampleur réelle de la pauvreté et de la précarité sociale au Maroc. Certes, la contribution de tous les citoyens, même symbolique, au financement du système de couverture médicale, est indispensable à sa pérennisation. Néanmoins, certaines ruptures sont nécessaires avec la logique du marché étendue au domaine de la santé par l’orthodoxie libérale en vogue, au cours des années 1980. La réalité sociale collective actuelle impose la mise en place de nouveaux mécanismes de solidarité pour garantir l’efficience du système de couverture médicale et du système sanitaire à mettre en place. La base de ces mécanismes existe déjà dans les articles 39 et 40 de la Constitution. La convergence des deux systèmes devrait être une préoccupation permanente. La politique du médicament en fait partie. Le « médicament » est loin d’être une simple marchandise soumise aux aléas de l’offre et de la demande. Le serment de Galien ou serment des apothicaires, proche du serment d’Hippocrate, donne avant tout un contenu humaniste à l’activité de pharmacien.

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Comment concilier ce serment avec l’inscription du pharmacien, en tant que commerçant, au registre de commerce ? C’est là un paradoxe inhérent aux politiques libérales orthodoxes qui glorifient le profit avant tout. Le médicament est un produit destiné à lutter contre les maladies ou à les prévenir, ou à réduire tout au moins les souffrances (…). L’idéologie libérale orthodoxe est actuellement dépassée. L’article 20 de la Constitution est, à cet égard, une référence à rappeler : « Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit ». Tout individu ne doit pas se sentir seul, abandonné par la collectivité, lorsqu’il est face à des risques sanitaires, face à des souffrances, face à la mort. Même le code pénal prévoit des sanctions en cas de « non assistance à une personne en danger ». Le patrimoine immatériel des Marocains est assez riche pour nourrir solidement les valeurs et pratiques de solidarité collective, fondatrices du vivre ensemble.


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