ActualiteYabiladi

Et si le darwinisme était arabo-musulman ?

[ad_1]

A l’âge d’or des Abbassides (750 – 1258), la recherche scientifique a connu des évolutions les plus charnières, Bagdad devenant rapidement le chef-lieu de la crème des poètes, des mathématiciens, des médecins, des biologistes, des physiciens et des juristes musulmans venus de différentes contrées, arabes, perses ou autres.

Au fur et à mesure des siècles, sciences exactes et religion ont souvent été mises aux antipodes par un discours rigoriste, quitte à dénigrer certaines recherches ou à les rejeter, car vues comme opposées à certaines «vérités divines».

Cela a été le cas pour le darwinisme, rapidement mis au banc des accusés par le discours de certains théologiens qui ont soutenu que l’être humain ne pouvait avoir été un singe, puisque le Coran soutient une toute autre analyse sur l’origine de notre espèce. Ce que les défenseurs de ce discours ont éclipsé, c’est que la théorie de l’évolution n’a pas émergé avec les recherches de Charles Darwin, mais que celle-ci ont été précédées par des bases que le scientifique irakien Al-Jahiz a posées.

Si «l’idée que les espèces changent progressivement au fil du temps grâce à un mécanisme appelé « sélection naturelle » a révolutionné notre compréhension du monde vivant», cette idée a bien «un ancêtre dans le monde islamique», indique la BBC.

Un courant scientifique et religieux éclairé

Près de 1000 ans avant Charles Darwin et ses écrits sur l’évolution par «sélection naturelle», le philosophe et chercheur Abu Usman Amr Bahr Bahr Alkanani al-Basri (alias Al-Jahiz) a soutenu cette hypothèse scientifique dans son «Kitab al-Hayawan» (Le Livre des animaux).

Né en 776 de notre ère à Bassorah, au sud de l’Irak, Al-Jahiz a rapidement rejoint le courant théologique des mu’tazilites, courant émergé au VIIIe siècle et qui promeut l’exercice de la pensée humaine et de la raison. Cette école réfute notamment «l’aspect figé» du coran et considère comme irrationnelle l’idée selon laquelle les textes religieux apporteraient une vérité absolue qui doit être adoptée.

Ayant eu toute sa place à Bagdad, Al-Jahiz a ainsi écrit sur l’origine de l’être humain, en guise de contribution scientifique et rationnelle aux débats sur la religion, la science et la philosophie, comme cela a façonné son esprit dès le jeune âge, dans une cité connue alors pour son importante dynamique intellectuelle.

Au cours de sa vie, il aura écrit plus de 200 livres, dont seul un tiers a pu être sauvé jusqu’à présent. Parmi eux, le «Livre des animaux» est devenu un texte fondateur. Sous forme d’encyclopédie listant 350 animaux, l’ouvrage présente des théories de l’évolution considérablement similaires à celles de Darwin. Ainsi, selon le scientifique irakien, «les animaux s’engagent dans une lutte pour l’existence et pour les ressources, pour éviter d’être mangés et pour se reproduire».

«Les facteurs environnementaux influencent les organismes à développer de nouvelles caractéristiques pour assurer leur survie, les transformant ainsi en de nouvelles espèces (…) Les animaux qui survivent pour se reproduire peuvent transmettre leurs caractéristiques à leur progéniture.»

Al-Jahiz dans Le livre des animaux

Des scientifiques inspirés à travers les siècles

Ces idées ont inspiré d’autres penseurs musulmans, son travail ayant été lu par Al-Farabi, Al-Arabi, Al-Biruni et Ibn Khaldoun, entre autres, rappelle la BBC.

Elles ont même traversé les siècles, jusqu’en 1930 lorsqu’elles ont été citées dans l’une des conférences du philosophe Muhammad Iqbal (1877 – 1938), dit «Père spirituel» du Pakistan : «C’est Al-Jahiz qui a souligné les changements dans la vie des animaux à cause des migrations et des changements environnementaux.»

Du vivant de Charles Darwin, cette théorie a été tout autant reprise en Europe, notamment par le scientifique William Draper, qui a évoqué en 1878 «la théorie mahométane de l’évolution», tel un hommage à ce qu’un philosophe et chercheur de Mésopotamie, presque centenaire, aura légué aux sciences modernes.

En effet, Al-Jahiz a tellement été un féru des livre, de l’écriture et de la lecture, que sa passion l’aurait tué. Les historiens racontent que du haut de ses 92 ans, il avait encore été très actif. En essayant de prendre un livre de sa bibliothèque, il en a eu un lourd sur la tête, ce qui a provoqué une chute mortelle.


Continuer la lecture

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page