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Gouvernance: un séisme secoue la préfecture de Skhirat-Témara

Par Hassan Benadad le 25/10/2022 à 22h01

Youssef Draiss, gouverneur suspendu de la préfecture de Skhirat-Témara.

© Copyright : Le360 : Adil Gadrouz

Kiosque360. La suspension du gouverneur de la préfecture de Skhirat-Témara est salutaire. Mais la démolition de 800 logements a suscité l’ire des 650 familles démunies auxquelles ces appartements étaient destinés. Cet article est une revue de presse du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, le lundi 24 octobre, avoir procédé à la suspension du gouverneur de la préfecture Skhirat-Témara, de six agents d’autorité ainsi que deux cadres administratifs à la même préfecture. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne, dans son édition du mercredi 26 octobre, que cette décision a été prise à la lumière des résultats de l’enquête préliminaire effectuée par l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) relative à des violations des règles de l’urbanisme. Le communiqué du ministère de l’Intérieur fait suite à la décision des autorités locales de Temara de procéder à la démolition d’immeubles comportant plus de 800 logements sociaux destinés au relogement des habitants des bidonvilles.

 

Les autorités concernées ont justifié l’opération de démolition, qui a été entamée le dimanche 23 octobre, par le fait que le promoteur de ce projet (Gya Foncière) ne disposait pas d’un permis de construire. La démolition des immeubles s’est déroulée devant le regard des habitants devant bénéficier de ces logements. Ils ont tenté de s’opposer à cette opération en réclamant le règlement de ce contentieux avec le promoteur immobilier sans recourir à cette décision extrême.

 

L’une des personnes lésées dénonce le «silence complice des agents d’autorité face à l’opération de construction qui ne s’est pas déroulée du jour au lendemain puisqu’elle a duré plusieurs mois. Pourquoi ne se sont-ils pas intervenus dès le lancement du projet pour interdire sa construction? Nous attendions depuis 2019 qu’on nous livre ces logements. Mais au moment où la société immobilière allait nous les remettre, en décembre 2022, les autorités ont procédé à leur démolition pour détruire, ainsi, notre rêve d’acquérir un appartement. C’est une injustice flagrante à l’encontre de citoyens, qui sont dans leur majorité, à faibles revenus».

 

 Al Ahdath Al Maghribia souligne que les contestataires n’hésitent pas à dire qu’il y a anguille sous roche dans cette affaire. D’autant plus, ajoutent-ils que «le promoteur immobilier est connu dans la ville pour avoir réalisé des projets similaires de logements économiques». Ils précisent que ce projet visait à offrir des logements décents à 500 familles démunies et à reloger 150 autres qui vivaient dans le bidonville de Douar Moussa. Il faut rappeler qu’auparavant, les autorités avaient démoli 21.000 baraques en vue de reloger leurs habitants dans logements décents.

 

Il faut rappeler que la ville de Témara est considérée commeétant  l’un des points noirs des programmes de lutte contre l’habitat insalubre, les bidonvilles et la construction anarchique. Le militant des droits de l’Homme et membre de l’Association marocaine des droits Humains, Mohamed Zahhari, a posté un message sur Facebook dans lequel il dénonce «la loi de l’omerta qui a muselé les langues des conseillers communaux, des militants des droits de l’Homme et des membres des partis politiques dans la ville de Témara. Ce qui s’est passé n’est pas une simple affaire d’infraction qu’on peut réduire à la construction d’un lotissement, qui est en phase de finition, et dont le promoteur ne disposait pas de permis de construire. Non c’est bien plus grave car le gouverneur, le pacha et le caïd sont des officiers judiciaires qui sont habilités à rédiger des procès-verbaux des infractions aux règles de l’urbanisme. Ils sont donc les premiers responsables de cet incroyable gâchis».

 

Et Zahhari de pointer du doigt le président de la commune qui n’a pas répondu à la demande de permis de construire, que lui a adressée le promoteur, dans les délais prévus par l’article 48 de la loi d’urbanisme n° 90-12. Un article qui stipule que passés les deux mois après la date du dépôt de la demande, l’autorisation de construire est accordée ipso facto à celui qui l’a réclamée. «Enfin pourquoi on n’a pas pris en compte la dimension sociale de ce projet sachant qu’il visait à raser un bidonville à Douar Moussa pour reloger ses habitants dans les immeubles démolis», conclut Mohamed Zahhari.

 

 

Par Hassan Benadad

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