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Kate Hosali, la «toubiba» protectrice des animaux en Afrique du Nord

Au cœur des montagne de l’Atlas comme dans nombre de zones rurales au Maghreb, les mulets et les ânes ont longtemps constitué un élément central dans l’activité économique de plusieures familles. Mais ce dur labeur s’est souvent accompagné d’une souffrance animale.

Alors qu’elles ont prévu de passer six mois de vacances en Afrique du Nord, les Ecossaises Kate et Nina Hosali ont été interpellées par l’état d’épuisement de ces animaux. C’est ainsi que l’histoire des deux femmes avec le Maghreb commence dans les années 1920. Tout débute ainsi à l’hiver 1921. Kate Hosali, 44 ans, et sa fille de 23 ans abandonnent tout pour élaborer un plan d’aide à ces animaux et leurs exploitants.

Jusque-là, la mère de famille a travaillé à Glasgow (Ecosse) comme assistante d’un mathématicien et physicien, tandis que sa fille unique est étudiante en sciences et en mathématiques à l’University College.

Kate Hossala a fait des animaux sa cause principale / Ph. DR.

Limiter la souffrance animale

Alors qu’elles sont guidées vers l’Afrique du Nord à travers des récits sublimant les coutumes autant que l’histoire de la région, sur place, les deux femmes découvrent la triste réalité de l’élevage des animaux de trait. «Nous avons réalisé que derrière la façade d’une beauté pittoresque, il existait une vaste mer de souffrance animale», a déclaré alors Nina Hosali à ce propos.

De retour au Royaume-Uni, Kate et Nina Hosali réfléchissent à une méthodologie de travail à même d’améliorer les conditions d’exploitation les animaux dans le travail rural. En 1923, elles créent ainsi la Société pour la protection des animaux en Afrique du Nord (SPANA). Nina reste à Londres pour se charger de la collecte de fonds nécessaires, tandis que sa mère est revenue au Maghreb dans le cadre d’une mission humanitaire.

La SPANA a notamment permis la création des premières cliniques vétérinaires équipées en Afrique du Nord / Ph. DR.La SPANA a notamment permis la création des premières cliniques vétérinaires équipées en Afrique du Nord / Ph. DR.

Dans ce sens, la plateforme spécialisée Sue Young Histories rappelle que Kate Hosali «est sortie seule en 1923 et a commencé à travailler en Algérie – dans les médinas, les souks et les fondouks – pour traiter les blessures et les saignements des animaux, ainsi que leurs plaies infectées».

Rapidement, l’Ecossaise gagne en notoriété et bénéficie du respect unanime des habitants locaux, qui l’appellent désormais la «toubiba» (la femme médecin). Plus tard, cette dernière s’installera au Maroc pour continuer son œuvre.

L’exploitation animale en temps de guerre

La SPANA rappelle encore aujourd’hui que Kate Hosali a commencé son travail au Maroc en 1925. A travers les Fondouks abritant les animaux de trait, elles font des miracles en changeant les conditions de vie de ces êtres si indispensables à l’économie rurale. Cependant, les contraintes d’un contexte international défavorable les rattrape.

Le Seconde guerre mondiale (1939 – 1945) rend leurs mouvements et leurs activités de plus en difficiles, d’autant plus qu’en 1940, «les animaux de tous âges ont été mis au service des armées, même les plus âgés ou malades parmis eux», souligne Sue Young Histories.

Alors sous protectorat ou colonisé par la France, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie dépendent du régime Vichy (1940 – 1944). Dans la région, cette présence entrave l’action de la SPANA, qui rencontre de plus en plus de difficultés à envoyer et à recevoir des lettres de Londres. La situation s’est aggravée lorsque «le gouvernement britannique a imposé des restrictions sur l’exportation de la livre sterling», réduisant drastiquement les possibilités de la SPANA pour générer des financements.

Kate Hosali soignant des ânes et des mulets en Afrique du Nord. / Ph. DR.Kate Hosali soignant des ânes et des mulets en Afrique du Nord. / Ph. DR.

En Afrique du Nord, le personnel travaillant auprès de SPANA a été donc contraint de vendre du matériel et du mobilier pour continuer à prodiguer une bonne qualité de soins aux animaux. De plus, les aides envoyées par Nina Hosali depuis Londres ont été considérablement réduites dès 1942. Deux ans plus tard, Kate Hosali décède à l’âge de 67 ans, des suites d’un arrêt cardiaque.

La renaissance de la SPANA

Sans la détermination de Nina, héritière du combat de sa mère, la SPANA n’aurait pas surmonté toutes ces difficultés pour devenir désormais l’une des associations animales les plus importantes de la région.

En effet, au lendemain de l’Indépendance du Maroc (1956), l’ONG a pris en charge la gestion de plusieurs refuges après le gel ou la longue inactivités d’autres structures similaires. Elle met en place alors des cliniques vétérinaires et étend son action en ouvrant des refuges pour chiens et chats.

La SPANA se développe également en créant de véritables centres hospitaliers spécialisés, parallèlement à son assistance directe proposées à d’autres organismes de défense des animaux au Maroc. En 1986, les antennes britannique et marocaine de l’association signent un protocole, sous l’égide du ministère marocain de tutelle, prévoyant un programme global. Le site de la SPANA Maroc souligne que ledit programme inclut dorénavant «les activités traditionnelles, la prise en charge des animaux domestiques, l’éducation environnementale et la préservation de l’environnement».

Nina Hosali décède un an après la signature de cet accord, en 1987, faisant de la SPANA un leg et une continuité de son engagement, ainsi que celui de sa mère. Ainsi, le projet compte cinq centres au Maroc, en plus de cliniques vétérinaires mobiles. Depuis son existence, l’association aura dispensé plus de 60 000 traitements à des animaux de trait dans toutes les régions du pays.


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