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La Syrie de retour dans la Ligue arabe, mais encore…

La Syrie a réussi son coup de réintégrer la Ligue arabe sans organiser d’élections et en restant toujours sous le régime de Bachar Al Assad. Pourtant ce retour dans la famille arabe qui semble naturel, pose de sérieux questionnements.

La Ligue arabe a accepté de dégeler le siège de la Syrie et d’acter son retour à part entière lors d’une réunion d’urgence des ministres arabes des affaires étrangères, organisée ce dimanche au Caire.

En 2014, la Ligue arabe avait échoué à s’imposer dans la résolution et la pacification de la Syrie après le déclenchement de la répression et la guerre civile suite au printemps arabe.

La mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie avait assisté à l’horreur des crimes de guerre et aux manipulations de régime qui ont été dénoncés dans leur rapport. Face à un demi million de morts et des millions de déplacés, aucune mesure concrète pour pénaliser le régime et ses symboles n’a été prise.

Après 11 ans d’exclusion, ce régime reprend sa place sans l’organisation d’élections libres et sans transition politique. Et le peuple syrien, meurtri, vit toujours dans la peur en Syrie, et le reste de cette population est éparpillé dans des camps de réfugiés un peu partout dans le monde.

Dimanche, les ministres des Affaires étrangères arabes ont tous signé un chèque à blanc pour la réintégration de la Syrie sans qu’il n’y ait aucune garantie d’un avenir meilleur et digne pour le peuple syrien.

Le régime de Bachar Al Assad gagne sur toute la ligne en n’ayant fait aucun effort, sans avancer de garanties pour le peuple syrien. La Ligue réintègre la Syrie sans se faire prier, pire, Al Assad qui a longtemps dénigré l’action et les positions des pays arabes, a accepté qu’ils financent la reconstruction de son pays.

Un autre problème, plus grand, est posé par la réintégration de la Syrie et la « normalisation » avec tous les méfaits du régime de Bachar Al Assad. Derrière lui, se trouve le régime iranien qui a géré (avec la Russie) le dossier syrien après la guerre de 2011 et a renforcé ses liens avec la régime de Damas qui lui fait presque « allégeance ».

L’Iran qui subit un embargo international depuis plusieurs années, souffre d’une économie à bout de souffle et représente une menace pour la stabilité et l’équilibre du monde. Le pays n’a jamais abandonné son programme nucléaire et cherche des financements pour alimenter son industrie de fabrication de machines de guerre, en particulier des drones kamikazes à l’instar du drone Shahed, le plus léger, petit et abordable du marché.

L’agenda déstabilisateur iranien ne fait aucun doute, et depuis son ingérence dans le dossier syrien, le pays dévasté par la guerre est devenu une arrière cour pour les terroristes et groupes extrémistes financés par Téhéran, qui entretient des liens directs avec la milice du polisario.

Les discussions engagées au niveau des pays arabes autour de la question de la réadmission de la Syrie devaient se concentrer sur un processus à actionner en vue de la réintégration du pays. Ce processus devait, en temps normal, prendre plusieurs années et le régime syrien devait en principe, fournir plusieurs garanties.

Le Maroc qui avait émis des réserves au sujet de la réadmission de la Syrie, tout comme le Qatar, la Jordanie, et l’Egypte, a finalement accepté son retour au sein de la Ligue arabe en partant du principe prôné par l’Arabie saoudite qui soutient que le rassemblement était meilleure que la division. Rabat a également insisté sur la nécessité du respect strict de la Charte de la ligue arabe qui stipule clairement que tout pays membre doit s’abstenir de toute ingérence dans les affaires internes des autres Etats.

Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, n’a pas non plus oublié de mentionner le plus important dans cette histoire, à savoir le peuple syrien. Il a exprimé sa tristesse face à la souffrance, la violence et le chaos qui ont touché la Syrie au cours des douze dernières années, soulignant les répercussions en termes de sécurité que de bien-être, d’aspirations et de participation effective aux affaires publiques que le peuple syrien nourrit.

« Si nous nous attachons au principe de préservation de la souveraineté de la Syrie, de son intégrité territoriale, de la cohésion de sa société et de la non-ingérence dans ses affaires intérieures, comme l’une des constantes de notre travail, alors l’engagement commun est une vertu et un devoir, qui se traduisent par des mesures concrètes afin de prouver la capacité à répondre à d’autres problèmes urgents, pour les Syriens eux-mêmes et pour les pays arabes et autres, tels que le retour en toute sécurité des réfugiés, la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale, le lancement du processus de la réconciliation nationale et la lutte contre le terrorisme sous toutes formes », a-t-il déclaré.

Cependant, cette « bonne foi » des pays arabes qui ont consenti à la réadmission de Damas pourrait représenter un risque pour eux. Le monde arabe sera-t-il à l’abri d’une volte face de la Syrie causée par sa proximité avec Téhéran?

Le dégel du siège de Damas ouvre la possibilité au régime syrien de profiter des avantages de son adhésion, néanmoins cela ne signifie pas le retour des relations diplomatiques de tous les pays arabes et le Qatar l’a fait savoir. Le prochain sommet arabe, organisé en Arabie saoudite, réservera des surprises et donnera des indications sur les positions de chacun des pays.

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