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Le dérèglement climatique accentue les vulnérabilités des femmes et des filles

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de 2022 (COP27) se tient à Charm El-Cheikh (Egypte), du 6 au 18 novembre, avec la participation du Maroc. Le pays y est représenté par une délégation constituée d’instances gouvernementales et celles de la société civile. En marge de cette rencontre, la Coalition marocaine pour la justice climatique a alerté sur les situations de vulnérabilité des femmes et des filles, ainsi que sur les inégalités de genre, accentuées par les dérèglements climatiques, surtout dans les zones rurales et enclavées.

Secrétaire générale de la Coalition marocaine pour la justice climatique et également à la tête de l’association féministe Mains libres, Laila Amili a affirmé, en marge de la COP27 à laquelle elle prend part, que «les femmes et les filles des pays du Sud sont particulièrement vulnérables en raison de l’interaction entre les enjeux climatiques et la discrimination sociale, économique, de genre et culturelle».

Souvent privées d’accès aux droits humains fondamentaux, les concitoyennes issues des zones rurales au Maroc, notamment où l’activité agricole prime, «sont encore plus exposées aux violences sexistes en raison de la dégradation de l’environnement, qui alimente la rareté des ressources, l’exode, le sous-emploi, la faim, les maladies et les déplacements», a-t-elle indiqué auprès d’Equality Now.

Les femmes subissent plus les impacts socio-économiques du climat

Laila Amili a affirmé que «tout le monde est concerné par le changement climatique au Maroc, mais majoritairement les femmes et surtout les agricultrices». «Dans les communes rurales et les montagnes, les conditions de vie sont difficiles et riverains y sont confrontés à une injustice climatique plus profonde», a-t-elle expliqué. La militante rappelle que «les femmes contribuent en grande partie à la production agricole et souffrent de manière disproportionnée des difficultés économiques et de l’analphabétisme, ce qui les rend plus vulnérables», face aux enjeux climatiques, à commencer par la rareté de l’eau.

«En cas de non disponibilité de ressources hydriques à la portée, ce sont les femmes et les filles qui luttent pour acheminer l’eau depuis des espaces éloignées», ajoute l’associative. Elle estime ainsi qu’au Maroc, comme dans beaucoup de pays du Sud, «il est plus difficile pour les femmes de fuir les conditions climatiques rudes, car elles n’ont pas les moyens financiers ou l’autonomie pour prendre la décision de s’installer ailleurs». «C’est encore plus dur pour celles qui n’ont pas les moyens et la capacité de chercher des alternatives économiques et sociales», déplore-t-elle.

Dans les zones les plus polluées du Maroc, la pollution atmosphérique constitue par ailleurs un facteur de risques de cancers comme celui du sein, tout en menaçant aussi la santé des femmes enceintes et de leur fœtus. «Nous n’avions pas pris en compte ces aspects auparavant, mais nous voyons maintenant à quel point ils peuvent avoir un impact négatif important sur les femmes et les filles», a souligné Laila Amili.

Dans ce registre, la militante explique aussi qu’«il existe une relation étroite entre le changement climatique et le mariage des mineures». «En raison des conditions climatiques difficiles, les jeunes filles abandonnent l’école» et doivent s’occuper davantage des besoins du foyer familial. «On pense qu’un garçon devrait être habilité à subvenir aux besoins de sa famille et donc étudier, alors qu’une fille qui ne fait pas gagner de revenus et est considérée comme une bouche supplémentaire à nourrir et constituerait donc une charge à éliminer par le mariage», constate-t-elle.

Les Etats appelés à reconnaître le lien entre climat et discriminations

Au Maroc, le Haut-Commissariat au plan (HCP) a déjà recommandé de faire de l’égalité une base pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, comme réponse aux défis structurels des disparités de genre, doublés du défi climatique et de son poids sur les économies nationales. Cette option a été prônée notamment par le tissu associatif, au lendemain de la Journée mondiale des droits des femmes. L’Association marocaine des femmes du Maroc (ADFM) a, dans ce sens, estimé que les retards accumulés sur les stratégies d’autonomisation des femmes et des filles «font rater au pays la chance de bénéficier d’une énergie humaine conséquente, qui aurait grandement contribué à réaliser le développement durable».

Il y a quelques mois également, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a indiqué que 80% des personnes déplacées en raison des changements climatiques dans le monde sont des femmes. Ces dernières deviennent plus exposées à la violence, y compris la violence sexuelle, selon la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), Michelle Bachelet. Celle-ci a souligné aussi le «risque accru de traite et de mariage d’enfants, de mariage précoce ou de mariage forcé encouru par les femmes et les filles déplacées».

Dans ce sens, Michelle Bachelet a formulé des recommandations pour «prévenir et éliminer la violence contre les femmes et les filles due aux changements climatiques, notamment en reconnaissant que ce facteur est intrinsèquement lié à la violence contre les femmes». Pour elle, «les Etats doivent donner aux femmes les moyens de se préparer aux catastrophes naturelles et de trouver d’autres moyens de subsistance, si elles sont confrontées à une crise climatique».


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