« Le Groupe Accor investit chaque année environ 45 millions d’euros dans des solutions digitales »

E-Tourisme, construction durable, aujourd’hui le secteur du tourisme connait des mutations énormes. Dans ce contexte de relance, le groupe Accor demeure sur ses deux pieds. Dans cet entretien, Réda Faceh, VP Development Northern & Western Africa, lève le voile sur la dynamique du groupe Accor

Challenge : Rappelant qu’en 2019 le Groupe Accor avait prévu d’ouvrir un nombre important d’Hôtels, pouvez-vous nous parler de ces investissements, à savoir le nombre d’hôtels, de chambres et quel a été le budget de ces investissements ?

Réda Faceh : Dans la région, on avait prévu d’ouvrir 11 hôtels représentant 1.021 chambres principalement sur les marques suivantes : Pullman, Movenpick, Adagio et Mantis. Dans cette lancée, nous avons ouvert, par exemple, bien avant la crise du Covid, le 1er Adagio d’Afrique à Casablanca sur le Boulevard Bir Anzarane.

Le business model du Groupe Accor est désormais « Asset Light » et, de ce fait, nous opérons principalement dans le cadre de contrats de gestion pour le compte d’investisseurs divers et variés. Ce sont donc nos propriétaires/partenaires qui investissent et développent les hôtels que nous gérons pour leur compte. Dans le cadre de la phase de développement des hôtels, nous accompagnons nos propriétaires à travers une mission d’assistance technique afin de leur transmettre notre cahier des charges et standards ainsi que toute l’expérience du groupe sur les différentes thématiques telles que les questions techniques, l’optimisation des plans, la décoration d’intérieur, etc.

Challenge : Quelle est votre stratégie au niveau de l’Afrique ?

R.F. : Accor est présent depuis plus de 40 ans sur le continent africain et nous avons été la première chaine internationale à s’y implanter. Nous sommes aujourd’hui le premier hôtelier en nombre de chambres sur le continent avec 143 hôtels en exploitation représentant 24.500 chambres sur 22 pays à travers 12 marques. L’ambition du groupe en Afrique est double : la consolidation de sa place de leader en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest avec notamment une densification de sa présence au Nigeria, Sénégal, Côte d’Ivoire et au Ghana, et de se développer intensivement en Afrique Australe et en Afrique de l’Est dans les destinations à fort potentiel telles Johannesburg, Cape Town, Nairobi, Addis Abeba, Maputo, Dar Es Salam, Luanda, Kampala, etc.

Lire aussi | Mohcine Jazouli : « La Nouvelle Charte de l’Investissement prévoit un soutien à l’investissement territorialisé »

Challenge : Au niveau du Maroc, comment se dessine votre stratégie ?

R.F. : Le Maroc est un pays stratégique pour le Groupe en Afrique et ce n’est donc pas un hasard si nous opérons plus d’une quarantaine d’hôtels dans le Royaume. La stratégie est de densifier le réseau actuel et plus particulièrement les marques Fairmont, MGallery, Pullman, Movenpick, Novotel, Mercure… tout en développant en parallèle les nouvelles marques du groupe non encore présentes au Maroc comme par exemple Orient Express, Swissotel, Rixos, Mama Shelter, Tribe, Jo & Joe…

Une forte tendance se développe aussi à travers ce que nous appelons les résidences brandées (branded residences) comme par exemple sur les projets Fairmont Royal Palm Marrakech, Taghazout et Rabat. Cette approche peut se décliner sur les autres marques du groupe et permettre à l’investisseur de diversifier son investissement avec une composante complémentaire en développant des résidences avec un service hôtelier.

Challenge : Selon l’enquête annuelle du groupe W Hospitality, vous êtes le leader du développement hôtelier en Afrique, alors dans le but de maintenir cette position, quelles sont vos ambitions futures ?

R.F. : Nous disposons en effet du développement le plus soutenu en Afrique avec un pipeline d’une soixantaine d’hôtels en cours de développement représentant environ 12.500 chambres. Bien entendu, nous ne souhaitons pas en rester là et allons continuer nos efforts de développement pour maintenir notre position de leader sur le continent. Cette stratégie d’accélérer notre développement en Afrique et notamment sur la partie anglophone s’est traduit par exemple par la mise en place d’un bureau régional à Johannesburg pour être plus proche de nos investisseurs dans cette région.

Lire aussi | L’exploit des Lions de l’Atlas étend l’image Maroc à un spectre plus large du monde, selon Ammor

En parallèle, l’un des principaux freins au développement en Afrique est l’accès au financement pour nos partenaires investisseurs. Dans ce cadre et afin de pouvoir accélérer notre développement, le Groupe Accor s’est associé à Katara Hospitality, bras armé du fonds souverain du Qatar dans l’hôtellerie pour créer Kasada, un fonds d’investissement dédié au développement hôtelier en Afrique Subsaharienne. Ils viennent de clôturer leur première levée de fonds pour un montant de 500 millions de dollars. Katara Hospitality et Accor y ont respectivement contribué à hauteur de 350 et 150 millions de dollars. Leur capacité d’investissement devrait atteindre 1 milliard de dollars pour développer une quarantaine d’hôtels Accor en Afrique subsaharienne sur les 5 à 7 prochaines années.

Challenge : Aujourd’hui, on parle de E-tourisme, quel est votre avis sur cette nouvelle donnée (digitale) ?

R.F. : Le digital a révolutionné le monde du tourisme à tous les niveaux, de la prise d’information à l’expérience client en passant par la réservation sans oublier le partage du séjour à travers les réseaux sociaux. Le digital est un axe stratégique pour le Groupe Accor qui investit chaque année environ 45 millions d’euros dans des solutions digitales qui permettent aujourd’hui d’enregistrer 335 millions de visites par an sur nos sites et applications. La distribution électronique contribue aujourd’hui à 66% du chiffre d’affaires des hôtels au niveau mondial. Notre programme de fidélité atteint plus de 120 millions de membres en incluant notre partenariat en Chine avec Huazhu et accueillons environ 28.000 nouveaux membres chaque jour.

Challenge : Quid de la construction écologique des hôtels, quel est votre regard sur la question ?

R.F. : La construction écologique est au cœur de nos préoccupations et avons développé notre propre programme de Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE) qui est l’un des programmes le plus engagé et le plus innovant de l’hôtellerie, Planet 21 ». Ce programme s’articule en 76 actions que nous développons au sein de nos hôtels. La RSE devient de plus en plus un critère de choix pour les clients qui y sont de plus en plus sensibles. Nous co-innovons avec nos partenaires pour obtenir des certifications environnementales externes et visons par exemple la neutralité carbone pour les bâtiments développés. Nous travaillons à réduire la consommation d’énergie et d’eau par chambre, disposer d’un système de production d’énergie renouvelable, s’assurer que toutes les eaux usées sont traitées, trier, faire traiter et/ou recycler les déchets, valoriser une bonne partie des déchets d’exploitation des hôtels, réduire le gaspillage alimentaire.

L’idée principale est d’agir pour réduire l’impact de nos activités et créer de la valeur durable, partagée par tous.

Lire aussi | Didier Patry : « Avec l’acquisition de Twitter, Elon Musk ajoute 992 familles de brevets aux 758 familles de brevets de Tesla »

Encadré

Une dimension internationale

A la pointe de la révolution du monde de l’hospitalité, aujourd’hui, Accor est plus qu’un groupe hôtelier, il est un large écosystème de marques, de savoir-faire et de solutions. Notre portefeuille de marques est l’un des premiers au monde, en constante évolution. Du luxe à l’économique, de la location privative au séjour hôtelier, avec 38 marques, près de 4.800 hôtels et plus de 704.000 chambres dans 100 pays, nous offrons à nos clients une collection inégalée d’expériences passionnantes, relaxantes, élégantes et personnalisées. Accor a beaucoup évolué pour devenir un acteur majeur dans le monde de l’hospitalité au sens large. A titre d’exemple, Accor propose aujourd’hui des solutions et des services d’amélioration des performances dans le domaine de la distribution, de la gestion opérationnelle, et de l’expérience client. C’est ce que nous appelons « nos Business Accelerators » :  Ces experts dans leur domaine assurent le succès des projets de nos clients, à chaque étape de leur développement. Pour rappel, « j’ai rejoint le Groupe Accor il y a 18 ans où j’ai démarré en qualité de Directeur Commercial pour le Maroc et suis désormais Vice-President Development pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest. J’ai la responsabilité de contribuer à la croissance du Groupe en développant de nouveaux hôtels dans la région à travers des projets de constructions d’hôtels ou de reprise d’hôtels existants à re-brander sous l’une de nos marques ».


Continuer la lecture

Quitter la version mobile