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Le Maroc et son soft power…

Depuis quelques années, le Maroc a développé une véritable aura au point de marquer l’opinion internationale, tant sur le plan diplomatique que sur le plan économique. Aussi, sa sécurité légendaire due à son expertise en la matière séduit dans les cercles de gouvernance. Décryptage.

« Après les attentats du 16 mai 2003, le Maroc a réalisé que pour combattre le terrorisme et l’extrémisme religieux, il était primordial de définir une stratégie de lutte antiterroriste et de prévention de la radicalisation multidimensionnelle. A cet effet, un important travail institutionnel a été accompli au Maroc, en essayant en parallèle d’utiliser des ressorts médiatiques et pédagogiques pour promouvoir un islam modéré, tolérant et ouvert, en interaction avec les autres confessions et les divers systèmes de pensée. Il convient de citer dans ce sens des structures officielles d’encadrement religieux telles que le conseil supérieur et les conseils locaux des oulémas, la Rabita Mohammadia des oulémas ou encore la chaîne Mohammed VI pour le Coran», lit-on dans un récent rapport rédigé par l’Institut d’études de géopolitique appliquée. Le Maroc sous la houlette de sa Majesté le Roi, ces dernières décennies, s’est employé à construire un champ religieux permettant de lutter efficacement contre l’extrémisme violent. Dans ce sens, l’Institut Mohammed VI a été créé pour la formation des imams. Cet institut reçoit des étudiants du Maroc mais aussi d’ailleurs en Afrique. En chiffres, en plus des étudiants marocains, l’Institut accueille plus de 500 étudiants étrangers originaires du Mali, de la Tunisie, de la Guinée Conakry, de la Côte d’Ivoire et de la France.

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Ainsi, dans ce contexte où la diplomatie franco-marocaine connait des turbulences réelles, l’Institut Mohammed VI de formation des imams s’affiche comme un terrain de rapprochement. Aujourd’hui, face à la montée du discours extrémiste, la France demeure sur le qui-vive. Les actions du gouvernement français, dans le but d’entraver les structures ou les personnes qui prônent le discours de la haine, directement ou indirectement (les terroristes) se multiplient davantage. Par ailleurs, l’on se rappelle de la visite express du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin au Maroc en octobre de l’année 2021, où la question de l’Islam radical avait été le fil conducteur de ce déplacement.

Le Maroc, une puissance  en devenir sur le continent ?

Dans une note rédigée par le Dr Papa Demba Thiam, spécialiste en développement régional et expert en développement industriel, basé sur la chaîne de valeurs et présidé par l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS),  « le Maroc est  qualifié de  locomotive pouvant créer une véritable émergence harmonieuse sur le  continent ». Ce dernier y  expose « des éléments de stratégie qui pourraient aider à transformer le Maroc, potentiel corridor industriel, en plusieurs centres de croissance multipolaires diffusant des opportunités d’investissements intégrés et complémentaires entre l’Afrique et le reste du monde ». Il y propose un modèle de financement du développement basé sur des « partenariats stratégiques public-privé sur la chaîne de valeurs ». L’impulsion serait donnée par des fonds publics limités pour générer des investissements privés massifs orientés par des « stratégies d’interface » et réduire ainsi l’endettement des États.

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« Locomotive pour une co-émergence harmonieuse du continent », d’après la note économique du Dr Papa Demba Thiam ; « hub énergétique », d’après l’analyse stratégique de Ghalia Mokhtari, le Maroc peut manifestement être au cœur d’un dispositif qui lui donne des atouts tant en direction de son principal partenaire économique, l’Europe, qu’au sein de l’espace africain ou par des actions concrètes il a su montrer son leadership.

Une diplomatie de sens…

On se rappelle des « très hautes instructions » du roi Mohammed VI, notamment la solidarité avec les pays d’Afrique subsaharienne durant la pandémie du Covid en envoyant à quinze d’entre eux une aide médicale massive de produits sanitaires fabriqués par des unités industrielles marocaines dans le respect des normes exigées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au total, ce sont 8 millions de masques, 900 000 visières, 600 000 charlottes, 60 000 blouses, 30 000 litres de gel hydroalcoolique, 75 000 boîtes de chloroquine et 15 000 boîtes d’azithromycine qui ont été dispatchés par des avions de Royal Air Maroc à travers le continent. Cet acte de solidarité par lequel le Maroc fait beaucoup plus que la Chine et ses six millions de masques distribués aux 54 États africains en fait un pays à part sur l’échiquier africain. A l’heure où le continent appelle à un partenariat de sens, celui du Maroc séduit de plus en plus sur le continent. Elle conforte l’analyse de la note de politique économique de l’IMIS produite par le Dr Papa Demba Thiam sur « le rôle du Maroc comme future locomotive d’émergence sur le continent ».

Un acteur sur qui il faut compter

Dans un entretien récent accordé au média français Le Point, le président de l’Institut EGA, Alexandre Negrus, décrit ce que doit être le nouveau partenariat « Maroc/Europe » dans ce nouveau contexte des relations internationales. Il appelle à plus de réalisme et de pragmatisme dans l’approche même de la coopération avec le royaume chérifien et au-delà avec l’Afrique subsaharienne. « Le Maroc assume aujourd’hui un nouveau statut que la France et l’Union européenne doivent prendre en considération. Dans cette étude, notre approche vise à promouvoir le renouvellement du prisme français consistant à imaginer le futur des relations entre l’Union européenne, la France et l’Afrique avec le royaume du Maroc », explique Negrus.

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« Les autorités françaises doivent travailler de façon pragmatique pour se projeter sur l’avenir de leurs partenariats stratégiques en Afrique et tout particulièrement en Afrique du Nord. Il est plus qu’évident que le Maroc est un partenaire de poids », martèle le président de l’EGA.

De plus, sur la question du Sahara, Alexandre Negrus déclare qu’« il n’est pas inenvisageable que, dans un avenir à l’horizon toujours incertain, au sujet du Sahara, la France franchisse le pas en s’alignant sur les positions de ses alliés américains et espagnols. Il n’est pas non plus incohérent d’imaginer la France faire valoir une position moins explicite, ce qui serait, en revanche, à son désavantage car ne réglerait pas la situation et affecterait davantage ses intérêts à long terme ». Aujourd’hui, à l’heure où la tension sourde semble s’être installée entre Rabat et Paris, il faut rappeler que des points de convergence demeurent à portée de vue afin de revenir à une coopération profitable dans un contexte où le monde fait face à des risques de tous genres.


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