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Le Maroc si «influent» pour acheter la majorité du Parlement européen ?

Le volet marocain de l’affaire «Qatargate» est en train de prendre de l’ampleur et continue d’alimenter la polémique. A la faveur du flux d’informations accusant le royaume de soudoyer une majorité d’eurodéputés espagnols, des socialistes et de droite, Vox s’est emparé de ce dossier.

La formation d’extrême droite au voisin du Nord s’active sur deux fronts. D’une part, les disciples de Santiago Abascal ont demandé à la Commission européenne «d’évaluer la portée et l’impact des décisions favorables au Maroc». De l’autre, ils ont sollicité du Parlement européen la mise en place d’un «mécanisme d’abrogation» desdits accords.

Dans la ligne de mire de Vox, toutes les décisions «qui concernent l’immigration, la lutte contre le terrorisme, les accords de pêche, la concurrence déloyale envers les agriculteurs et les éleveurs espagnols, la souveraineté sur le Sahara occidental ou l’aide au développement», a annoncé Jorge Buxadé, eurodéputé et porte-parole de Vox.

La plénière du Parlement européen rejette une initiative anti-Maroc

Sur cette affaire, l’extrême droite et l’extrême gauche jouent la même partition. Deux eurodéputés communistes espagnols, Sira Rego et Manu Pineda, ont présenté à la plénière du Parlement européen une initiative appelant à appliquer aux lobbyistes marocains les mêmes sanctions infligées aux supposés représentants des intérêts du Qatar, dont l’ancienne vice-présidente du PE, la Grecque Eva Kaili. Le projet a été rejeté par une majorité au Parlement européen : 253 eurodéputés se sont prononcés contre, 238 pour et 67 abstentions.

Sur la liste des opposants au projet pointant du doigt le Maroc, figurent les eurodéputés du PSOE et du Parti populaire qui ont mis en sourdine leurs profondes divergences, pour barrer la route au texte déposé par leurs compatriotes de l’extrême gauche. Pour rappel, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a abordé jeudi cette affaire avec prudence, se limitant à exprimer sa confiance au porte-parole du groupe des socialistes au Parlement européen, Iratxe García. «Nous parlons d’un cas d’une extrême gravité et, évidemment, nous devons d’abord disposer de toutes les données pour pouvoir décider des actions à prendre ensuite», a-t-il déclaré à Bruxelles.

Une prudence à laquelle les médias du Polisario et de l’Algérie ne sont pas contraints. Comme lors de l’affaire Pegasus de l’été 2021, ils accusent en boucle le Maroc de corrompre la majorité du Parlement européen par biais de l’Italien Antonio Panzeri, ex-eurodéputé très connu pour sa proximité avec le royaume et actuel président de la fondation «Fight Impunity», créée en 2019 et basée à Bruxelles. Une ONG qui suscite l’intérêt des médias belges, notamment ses éventuelles connexions avec le Maroc.

Une semaine après l’éclatement de cette affaire, le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil européen sont dans l’embarras. Ils sont pris entre le marteau et l’enclume : d’un côté, les intérêts avec un partenaire stratégique qui risquent de pâtir des conséquences d’une condamnation du royaume pour «corruption» de la classe parlementaire et de l’autre, la défense des «valeurs de transparence» et de l’«indépendance de la justice» au Vieux continent au risque d’ouvrir la Boîte de Pandore avec toutes ses conséquences.

Pour rappel, le Parlement européen avait adopté, le 12 février 2019, l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc intégrant les eaux du Sahara, en vigueur jusqu’à l’été 2023, par 415 voix en faveur, 189 contre et 49 abstentions. Un mois plus tôt, l’accord agricole entre le royaume et l’UE a eu la même approbation : 444 voix pour, 167 contre et 68 abstentions. Toutes ces fortes adhésions sont-elles l’œuvre de l’Italien Antonio Panzeri ?


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