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Le Marocain Ali Hassani, de la place Jamaa El Fna aux grands cirques d’Angleterre

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Originaire d’un petit village près de Marrakech, Ali Hassani était un passionné d’acrobates et de mouvements spectaculaires en Angleterre. Né le 7 mars 1927 dans une famille nombreuse de douze frères et sœurs, il découvre d’abord sa passion pour les mouvements acrobatiques et le cirque sur la place mythique de Jamaa El Fna. A l’âge de 7 ans, il est kidnappé et emmené en Espagne où sa vie prend une tournure différente.

Selon Circopedia, l’acrobate marocain aurait été «enlevé par les acrobates», qui le considéraient comme un «monteur idéal – soit l’acrobate qui pourrait se tenir au sommet d’une pyramide humaine de par la légèreté de son poids».

Bien qu’il ait été emmené de sa ville natale, de sa famille et de ses frères et sœurs, Ali Hassani appréciera son nouveau travail et l’idée de rejoindre une troupe et travailler dans un cirque.

Dans une interview au journal émirati The National, sa fille Zayna a déclaré que son père «avait l’habitude de courir et de regarder comme un enfant les acrobates». «Une fois, ils lui ont demandé s’il souhaitait faire comme eux et mon père a répondu par un oui. Alors, ils l’ont emmené avec eux», poursuit-elle.

Mais en Espagne, Ali n’a jamais été payé. Dominique Jando et Donald Stacey, auteurs à Circopedia, racontent que le jeune garçon «recevait juste de la nourriture, un abri et le nécessaire pour vivre». Dans le pays ibérique, Ali Hassani traversera avec les Espagnols la Guerre civile (1936-1939) et la Seconde Guerre mondiale.

Ali Hassani (deuxième depuis la gauche) en Espagne avec d'autres acrobates. / Ph. DRAli Hassani (deuxième depuis la gauche) en Espagne avec d’autres acrobates. / Ph. DR

Ali Hassani en Grande-Bretagne

Et malgré les difficultés, Ali admirait son métier. En tant que membre d’une troupe espagnole, il apprendra les rudiments de la gymnastique et finira par acquérir une expertise. Ainsi, d’un petit homme léger en haut du sommet de la pyramide humaine, Ali Hassani deviendra l’«homme robuste» portant la pyramide sur ses épaules.

Le talentueux acrobate déménage ensuite en Grande-Bretagne dans les années 1950, après que sa troupe eut réussi à obtenir un contrat avec Billy Smart, un artiste de cirque britannique et un impresario qui possédait un cirque. En Grande-Bretagne, Ali rejoint la troupe d’Ifni Sahara avant d’en devenir le coordinateur et le représentant. «Il soutenait le poids de ses compagnons acrobates lors de l’exécution de pyramides humaines et de séquences de tumbling vertigineuses», écrivait en 2010 le journal émirati The National dans un article.

Ali Hassani (à droite) parlant avec Nicolai Poliakoff alias Coco the Clown. / Ph. DRAli Hassani (à droite) parlant avec Nicolai Poliakoff alias Coco the Clown. / Ph. DR

Déménager en Angleterre marquera un tournant décisif pour la carrière d’Ali Hassani et sa vie amoureuse. Lors de sa tournée pour Billy Smart, il rencontre Tamara Polakovs, fille de Coco the Clown (Nicolai Poliakoff), célèbre artiste de cirque en Europe. Les deux jeunes se marient et décident alors de lancer leur propre projet ensemble, formant la troupe Hassani.

«La Grande-Bretagne jouissait alors d’un cirque de l’âge d’or : la troupe sillonnait le pays en se produisant notamment avec Sally Chipperfield, le Black Tower Circus et le Glascow’s Kelvin Hall», rappelle le même journal.

La troupe Hassani et Octopussy de James Bond

La troupe Hassani comprenait surtout Tamara et les trois filles d’Ali Hassani, Zayna, Susi et Mina. Selon Circopedia, leur acte était «spectaculaire et hautement qualifié, renforcé par des costumes colorés créés sous la supervision de Tamara». «La troupe a même rapidement été très sollicitée dans les cirques de toute l’Europe».

La troupe Hassani a figuré dans plusieurs représentations à travers le Vieux continent. Selon le média britannique Your Local Guardian, la troupe marocaine a joué dans les cirques les plus connues de l’Angleterre, comme l’hippodrome de Great Yarmouth, une piste de cirque construite en 1903 en Angleterre, le Bell Vue International Circus à Manchester, le London Palladium et le Royal Albert Hall en Grande-Bretagne.

Le Marocain Ali Hassani. / Ph. DRLe Marocain Ali Hassani. / Ph. DR

En Europe, la troupe se serait produite au cirque suisse Knie, au cirque Amar et au cirque Bouglione en France, le cirque d’Hiver de Paris, le cirque Krone, le cirque Barnum et le cirque Willy en Allemagne, rapporte Circopedia.

La troupe Hassani a même atteint les États-Unis après avoir été embauchée pour jouer dans l’un des films de James Bond. En 1983, Ali, Tamara et leurs acrobates «figuraient dans le film Octopussy de John Glen, dans lequel Roger Moore (acteur anglais) interprète James Bond, en tenue de clown, court dans l’arène principale du cirque d’Octopussy dans une base aérienne américaine en Allemagne de l’Ouest», a déclaré The National.

Le natif de Marrakech et sa troupe sont aussi apparus à la télévision au Paul Daniels Magic Show, un spectacle de magie et de divertissement britannique présenté par l’artiste et magicien Paul Daniels et diffusé sur BBC1 du 9 au 17 juin 1994.

Le cirque Hassani, premier spectacle humain en Grande-Bretagne

La renommée et les performances d’Ali Hassani le poussent à lancer son propre cirque en 1979. Ce dernier était le premier cirque britannique sans animaux. Malheureusement, le projet n’a pas séduit les amateurs de cirque.

En 1982, le cirque Hassani est revenu sur les rails après avoir trouvé une «résidence permanente au zoo de Chessington (aujourd’hui le Chessington World of Adventures Resort), dans le sud-ouest de Londres, où il succède au vieux cirque Gilberts et continue à présenter des spectacles de cirque entièrement humains», a rappelé Circopedia.

Souad, la femme marocaine d'Ali Hassani. / Ph. DRSouad, la femme marocaine d’Ali Hassani. / Ph. DR

Un an plus tard, le cirque Hassani change d’appellation, devenant le cirque Tamara Coco et Ali. Son épouse ouvre aussi l’International Circus Hassani au Alton Towers, Theme Park dans le Staffordshire (Comté non-métropolitain anglais). Le zoo de Chessington, qui abritait le cirque Hassani, a cependant été détruit par une violente tempête qui a frappé l’Angleterre.

Malgré sa perte, Ali continue dans le domaine du cirque. Après le décès de sa femme Tamara, il épouse une femme marocaine appelée Souad avant d’inaugurer la première Académie du cirque pour enfants. Aux côtés de sa seconde épouse, Ali héberge des enfants orphelins chez eux qui lui rappelaient sans doute son enfance.

Le 10 janvier 2010, le brillant acrobate et professionnel du cirque Ali Hassani décède à l’âge de 83 ans, laissant derrière lui ses trois filles, un garçon et même des petits-enfants mais surtout un héritage épique.


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