Le Scan “Grand Format” sur l’inflation avec Mohammed Benmoussa : le best-of

Mohammed Benmoussa, au sujet du manque de coordination entre le gouvernement, Bank Al-Maghrib, et le HCP :

“C’est une cacophonie préjudiciable pour les institutions de notre pays. Ce type de débat est sain s’il aboutit à des compromis, ou à des consensus. Or, nous avons l’impression que chacun prêche pour sa paroisse, que chacun a sa vérité. Il n’y a pas d’intelligence collective entre d’une part, l’action du gouvernement, et d’autre part, le regard que peuvent porter le HCP et Bank Al-Maghrib.”

Mohammed Benmoussa, au sujet des contradictions entre les paroles et les actes du gouvernement : 

“Le gouvernement a annoncé vouloir réduire le taux d’inflation à deux reprises, mais il n’est pas à un reniement près. Si bien que je considère que la parole du gouvernement et du chef du gouvernement est considérablement dévalorisée auprès de l’opinion publique.”

Mohammed Benmoussa, au sujet des raisons de l’inaction gouvernementale en matière de protection des ménages face à l’inflation : 

“Il existe toute une série de mesures d’urgence, que le gouvernement aurait pu activer, mais qu’il s’obstine à ne pas mettre en œuvre. De mon point de vue, la raison, c’est qu’il y a une problématique de gestions stratégique. (…) Et il y a aussi une problématique de conflit d’intérêts qui empêche toute réforme structurelle de voir le jour.”

Réda Dalil, au sujet de de l’existence d’un problème d’offre d’ordre structurel au Maroc : 

“L’argument du problème d’offre dédouane le gouvernement de sa responsabilité. S’il y avait un problème d’offre, les exportations des produits de la terre et de la mer ne progresseraient pas depuis 10 ans. Les marchandises sont là, mais elles sont trop chères.”  

Mohammed Benmoussa, au sujet de la nécessité d’employer l’article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence : 

“Il faut réguler les prix et le législateur a prévu cette situation. À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. On se targue d’une économie libérale, d’une libre concurrence, en réalité, il n’y a pas de concurrence. Nous sommes dans des marchés pour la plupart oligopolistiques, où une pognée d’opérateurs cupides dicte la loi du marché. Il faut donc activer l’article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence pour réguler les prix.

Réda Dalil, au sujet des solutions à employer : 

“Notre gouvernement est ultralibéral et je ne pense pas qu’il ne fera rien. Mais on peut se demander ce qu’il faudrait faire dans ces circonstances. C’est d’abord baisser le poids de la fiscalité sur les ménages, en agissant sur la TVA, la TIC, et ensuite, c’est descendre avec toute son armada et toutes ses forces le ministère de l’Intérieur pour assainir la chaîne spéculative.

Mohammed Benmoussa, au sujet de la manière dont le gouvernement profite de l’inflation : 

“Le gouvernement profite doublement de l’inflation. L’inflation augmente artificiellement les recettes fiscales de la TVA et de la TIC. C’est une morphine pour ceux qui sont responsables de la conduite des finances publiques. Le gouvernement profite également de cette inflation parce que le coût réel de la dette publique devient plus faible.”

Réda Dalil, au sujet de l’indépendance de Bank Al-Maghrib :

“L’article 6 dit que la politique de la Banque centrale doit se faire en cohérence avec les orientations de la politique budgétaire et de la politique économique. L’indépendance de la Banque centrale ne l’absout pas de garder un œil sur l’économie générale. Or ce que l’on constate avec Abdellatif Jouahri, c’est qu’il y a un excès dans l’indépendance et dans la prise de décision unilatérale.” 

Mohammed Benmoussa, au sujet de la nécessité de redéfinir les prérogatives de notre banque centrale : 

“Il faudrait que l’article qui définit la mission de la Banque centrale — comme c’est le cas pour la FED, comme c’est pour le cas pour la Bank of England, comme c’est le cas maintenant pour la BCE et comme c’est le cas pour la Bank of Japan depuis les années 1990 — dise qu’elle a deux missions et non pas un mandat unique : maîtriser la stabilité des prix et de l’inflation et maîtriser la stabilité économique et la stabilité de l’emploi.” 

Réda Dalil, au sujet des liens malvenus qu’entretiennent les banques et le Trésor public : 

“Lorsque le taux directeur augmente, les banques font ce qu’on appelle le ‘Fly to Quality’, c’est-à-dire qu’elles vont préférer acheter des bons du Trésor, dont la signature est sûre, alors que les effets d’évictions sont énormes. Ce qui lie l’État est les banques aujourd’hui est terrible, on parle de plus de 200 milliards de dirhams dans les bilans des banques seulement. On a une économie cornérisée entre d’un côté l’État et de l’autre côté les banques, qui se prêtent et se remboursent entre eux. Ce sont, en quelque sorte, ce que l’on peut nommer ‘les liaisons dangereuses’ entre le Trésor public et le secteur bancaire.”

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