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Les femmes dans la méditerranée :  » Les deux rives font face à des défis communs » (Nasser Kamel

À Madrid, les 42 États membres de l’Union pour la Méditerranée (UpM) se sont engagés à renforcer le rôle des femmes dans la société en réponse aux crises régionales. Cela dit, les problématiques que vivent les femmes du côté africain de la Méditerranée semblent loin des problématiques qui vivent celles du côté européen.

Interpellé sur ce point, Nasser Kamel, Secrétaire général de l’UpM, a affirmé qu’en effet les deux rives de la Méditerranée ont des problématiques différentes, des niveaux de développement différents, un cadre parfois juridique et sociétales et culturel différents. Mais lorsqu’il s’agit de la problématique du renforcement du rôle des femmes, les deux rives ont des progrès à faire, a-t-il estimé.

« Les deux rives de la Méditerranée font face à pas mal de défis communs. Cela a été démontré de manière claire et nette durant les deux dernières années avec les crises qu’on a vécues, comme la crise sanitaire du Covid ou encore la crise géopolitique que ce soit de notre côté de la méditerranée (Afrique) et aujourd’hui en Europe même« , a-t-il expliqué.

Dans ce sens, Nasser Kamel revient sur le premier mécanisme de suivi intergouvernemental de l’UpM sur l’égalité des genres, agréé par les ministres concernés au sein de l’UPM en 2019, par le biais duquel tous les pays de la zone euroméditerranéenne « ont accepté de +rendre des comptes+ sur le progrès ou le manque de progrès par rapport à des indicateurs bien précis, par rapport au rôle des femmes dans le monde économique, l’intégration des femmes dans le monde politique et dans la prise de décision, par rapport à la violence faite aux femmes, les stéréotypes qui existent dans nos sociétés vis-à-vis des femmes et autres indicateurs« .

Le premier exercice réalisé à travers ce mécanisme de suivi a eu lieu pendant la pandémie. Publié en mars 2022, ce mécanisme à démontré que de nombreux pays ont renforcé les cadres juridiques et élaboré de nouveaux programmes et de nouvelles politiques, dans le but d’accroître la participation des femmes dans les sphères politique, économique et sociale et de les protéger contre toutes les formes de discrimination et de violence sexiste.

« Cela nous a pris une année pour raffiner l’instrument et relancer l’exercice qui sera un exercice continu. En 2021/22, on a lancé un appel, les pays ont répondu. Et sur tous les indicateurs, on s’est rendu compte qu’il y a une régression à cause des crises que toute la région a subies. Il n’y a pas un pays qui a été épargné. Peut-être le degré est différent d’un endroit à un autre, mais on est tous touché. Le chômage féminin a augmenté, la violence contre la femme a augmenté, l’insertion des femmes dans le monde du travail n’a pas beaucoup évolué pendant ces deux ans, alors que cela avait progressé durant les 15 dernières années précédant la crise Covid. On fait donc face à un moment économique et géopolitiquement difficile, et dans un moment pareil pas mal de segments de la société souffrent », relève le SG de l’UpM.

Améliorer le cadre juridique

Les conclusions ministérielles basées sur les données collectées grâce au mécanisme de suivi ont permis à l’UpM de constater « l’importance d’améliorer le cadre juridique, et que l’insertion des femmes dans la vie économique de nos pays n’était plus un luxe dans l’idée qu’il faut tout faire pour permettre aux femmes d’accéder au marché du travail« , dit Nasser Kamel.

Il a, en ce sens, mis l’accent sur la nécessité pour les femmes d’utiliser les moyens énormes de la digitalisation qui nous sont offerts pour pouvoir pénétrer le monde du travail plus facilement.

 » Il faut ouvrir cette voie à un nombre croissant de femmes qui choisissent les filières scientifiques, et on en trouve dans plusieurs pays, notamment dans le sud de la Méditerranée comme au Maroc par exemple, ou en Égypte, où il y a plus de femmes en école d’ingénieurs que d’hommes. Mais je ne suis pas sûr que ceux qui finissent l’école d’ingénieurs dans nos deux pays finissent par exercer le métier d’ingénieur. On les voit travailler dans l’immobilier, public relation, marketing. Et là il faut pouvoir donner à ces filles qui ont fait l’effort et qui ont acquis les connaissances dans des secteurs et filières pointus, et dans lesquelles elles, leurs familles et la société ont investi, l’opportunité d’exercer leur métier« , insiste le SG de l’UpM.

Cela dit, il y a des raisons sociétales, culturelles, législatives peut-être qui doivent les empêcher d’exercer leur métier, soulève Nasser Kamel, raison pour laquelle la déclaration ministérielle, adoptée à Madrid fin octobre lors de la Conférence régionale de haut niveau intitulée « Femmes pour la Méditerranée« ,  parle de changement du cadre juridique.

Cependant, et malgré les nombreuses avancés réalisées pour le renforcement du rôle de la femme dans nos sociétés, on a toujours ce sentiment que ce n’est jamais assez. Sur cette question, Nasser Kamel confirme qu’il y a en effet, beaucoup de progrès à faire.

« Lorsqu’on constate que 60% des étudiants des technologies et secteurs de pointe sont des femmes, mais qu’on ne les retrouve que rarement sur le terrain, il y a quelque chose qui cloche. Lorsqu’on voit que seulement 20% des femmes sont intégrées dans le marché du travail, alors oui, vous, elle, et les autres n’ont pas la même chance », déplore-t-il.

Pour conclure: « Certaines ont pu arrêter leur travail deux ou trois ans parce qu’elles se sont mariées et ont eu des enfants. Mais pour pouvoir réintégrer leur travail, ça n’a pas été facile. Parce que la loi ne les a pas protégées, parce que la boîte où elles travaillent n’a pas compris qu’elles seraient beaucoup mieux adaptées à produire plus si elles réintègrent la boîte qu’un nouveau candidat qui postule pour le même poste, parce que le cadre sociétal et légal n’y est pas« .

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