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Les origines marocaines du célèbre abolitionniste américain Robert Purvis

Il était l’un des éminents abolitionnistes aux États-Unis au XIXe siècle. L’histoire de la famille de Robert Purvis (1810 – 1898) a été l’un des principaux facteurs ayant influencé sa carrière, ses réalisations et son travail pour la communauté afro-américaine.

Né à Charleston, en Caroline du Sud, de parents ayant plusieurs origines, Robert Purvis était l’enfant d’un immigré britannique et d’une métisse. Ses grands-parents maternels ont eux aussi une histoire intéressante à raconter.

Car si cet abolitionniste américain a passé une bonne partie de sa vie à lutter contre l’esclavage, c’est que sa grand-mère maternelle était esclave. Elle était Marocaine de confession juive, née en tant que femme libre mais qui a été kidnappée et emmenée aux États-Unis en tant qu’esclave.

Le récit que Robert Purvis a répété à plusieurs reprises suggère que sa grand-mère maternelle, Dido Badaraka, «est née au Maroc», rapporte Margaret Hope Bacon dans son livre «But Once Race: The Life of Robert Purvis» (Editions Suny Press, 2012). L’historienne rappelle qu’à «douze ans, [Dido] fut capturée par un marchand d’esclaves, accompagné d’une fille arabe».

Une lutte façonnée par l’histoire de sa grand-mère marocaine

Les deux filles avaient été «éloignées d’un ou deux kilomètres de la ville où elles vivaient». Leur kidnappeur leur aurait suggéré qu’elles allaient «voir un cerf ayant été attrapé» et ont fini par devenir elles-mêmes des victimes. «Elles ont été saisies, attachées, placées sur le dos de chameaux et emmenées sur un marché aux esclaves sur la côte» du Maroc, poursuit Margaret Hope Bacon. La grand-mère de Purvis a ensuite été «chargée» sur un navire d’esclave et «transportée à Charleston (Etats-Unis) en 1766».

Si la fille arabe qui accompagnait Dido a été libérée «afin de maintenir la paix avec les pirates de Barbarie», Dido a été gardée et vendue aux Etats-Unis à une femme appelée Mlle Harried Deas. Cette dernière aurait veillé à enseigner à son «esclave» marocaine et l’aurait traitée «comme une compagne». Elle aurait même «laissé des instructions pour que Dido soit libérée et qu’elle reçoive une annuité de 60 $» à la mort de Mlle Deas.

Robert Purvis. / Ph. DR

Après sa libération, Dido s’est mariée avec Baron Judah, un juif d’origine allemande. Ensemble, ils ont donné naissance à la mère de Purvis, qui a ensuite épousé son père, un marchand de coton anglais. D’autres témoignages suggèrent que la grand-mère de Purvis «a passé sept ans en esclavage» et doutent toutefois de la manière dont elle a gagné sa liberté. Une version qui affirme que Dido est restée esclave pendant toute sa vie.

Mais en dépit des nombreux récits entourant la vie de sa grand-mère marocaine, Purvis s’est lié à son passé. Selon Friends Journal, la «filiation mixte» de l’abolitionniste a façonné sa vie et ses idées. Bien qu’il soit décrit comme ayant «la peau claire» et «souvent confondu avec un blanc», Robert Purvis s’identifiait à «sa mère et à sa grand-mère» et menait, de son vécu, un combat contre l’esclavage.

La maison de Robert Purvis rénovée pour lui rendre hommage

Après avoir obtenu son diplôme de l’Amherts Academy dans le Massachusetts, il s’était installé à Philadelphie, où il a «pris la cause abolitionniste au sérieux», rapporte le National Park Service. En fait, Robert Purvis a aidé l’abolitionniste américain William Lloyd Garrison à créer The American Anti-Slavery Society en 1833 à Philadelphie.

Tout au long de sa carrière d’activiste, l’homme d’origine marocaine a contribué à la création de «The Library Company of Colored People (…) organisée contre les efforts menés pour restreindre les droits civils des Noirs libres» et a présidé, entre 1845 et 1850, la Société anti-esclavagiste. La même source ajoute que Robert Purvis avait aussi présidé, de 1852 à 1857, le «Comité de vigilance générale qui fournissait une assistance directe aux esclaves en fuite». L’homme s’intéressait également aux droits des femmes et fut «le premier vice-président de la Woman’s Suffrage Society».

La maison de Robert Purvis sera rénovée pour lui rendre hommage. / Ph. alchetron.comLa maison de Robert Purvis sera rénovée pour lui rendre hommage. / Ph. alchetron.com

La lutte acharnée de Robert Purvis contre l’esclavage est visible aujourd’hui dans sa maison de Philadelphie. Elle est toujours située «dans le croisement des rues 16th et Mount Vernon, où le célèbre abolitionniste aidait des milliers de personnes» dans leur chemin vers la liberté.

En tant qu’agent du «chemin de fer clandestin de Philadelphie», Purvis avait notamment construit la «zone secrète des esclaves cachés», a écrit la plateforme Billypenn en septembre.

La maison de Robert Purvis, aujourd’hui abandonnée et en ruine, devrait être rénovée par le conseil de la ville afin de préserver l’héritage de ce militant abolitionniste d’origine marocaine.


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