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L’Espagne continue de résister aux pressions visant son soutien au Maroc

Après le premier voyage du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez au Maroc et sa rencontre avec le roi Mohammed VI en novembre 2018, les relations entre Rabat et Madrid ont commencé à connaître une escalade de tension. Celle-ci s’est intensifiée après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en décembre 2020.

L’Espagne a été le premier pays à s’opposer à la décision américaine. Arancha Gonzalez Laya, alors cheffe de la diplomatie espagnole, avait même fait des déclarations publiques contre la décision. Des sorties ayant conduit au report sine die de la Réunion de haut niveau entre les deux pays. La version officielle a invoqué la sécurité sanitaire face à la pandémie du Covid-19.

En avril 2021, l’accueil par l’Espagne du chef du Polisario, de manière secrète et sous une fausse identité a été la goutte d’eau ayant fait déborder le vase. Le Maroc a convoqué son ambassadeur pour des consultations. Le royaume a également a appelé le gouvernement espagnol à être clair sur la question du Sahara, rappelant au passage sa position face aux mouvements séparatistes en Espagne.

Un mois plus tard, des milliers de Marocains ont pris d’assaut la ville de Ceuta, sous les yeux des autorités sécuritaires qui ne sont pas intervenues pour les en empêcher.

L’apaisement et la reprise des relations

Les relations sont restées tendues, jusqu’au 14 mars 2022, date à laquelle le chef du gouvernement espagnol a adressé une lettre au roi Mohammed VI dans laquelle il affirmait qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc». Pedro Sanchez y ajoute que l’Espagne considère «l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour le règlement du différend». Il a également évoqué «les efforts sérieux et crédibles que le Maroc déploie dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable».

En avril 2022, le roi Mohammed VI reçoit, au Palais royal de Rabat, Pedro Sanchez, «dans le cadre d’une nouvelle phase de partenariat entre les royaumes du Maroc et d’Espagne», indiquait le Cabinet royal dans un communiqué.

Début février dernier, la Réunion de haut niveau entre le Maroc et l’Espagne s’est tenue, après des années d’attente, et plusieurs accords de coopération ont été signés dans plusieurs domaines.

Après le 14 mars 2022, l’Espagne est devenue l’un des premiers défenseurs des intérêts marocains devant les institutions européennes. En janvier dernier, les eurodéputés espagnols au nom du parti au pouvoir en Espagne ont même voté contre une résolution condamnant la «détérioration de la liberté de la presse» au Maroc.

À de nombreuses reprises, les responsables espagnols ont confirmé que le Maroc est une priorité de la politique étrangère espagnole et que les deux pays ont convenus d’établir de bonnes relations fondées sur le respect de leur souveraineté.

L’Espagne résiste à la pression extérieure

Avant le soutien de l’Espagne au plan d’autonomie, ses relations avec l’Algérie connaissaient une lune de miel. «Nos points de vue sont si proches que la ministre Arancha peut parler non seulement en mon nom, mais au nom de l’Algérie», avait déclaré en mai 2021, Sabri Boukadoum, alors chef de la diplomatie algérienne, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue espagnole Arancha Gonzalez Laya.

Toutefois, immédiatement après que Madrid a annoncé son soutien à la proposition d’autonomie marocaine, l’Algérie a rappelé son ambassadeur de Madrid pour consultations, a suspendu le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération et a estimé que la décision de Sanchez «contredisait les obligations légales, morales et politiques de l’Espagne».

L’Algérie a tenté, depuis et par tous les moyens possibles, de faire pression sur l’Espagne pour qu’elle revienne sur sa position. Le voisin de l’Est a même empêché les relations avec les entreprises espagnoles, au grand dam des mises en garde européennes.

Avec le Polisario, Alger a commencé à promouvoir la thèse selon laquelle l’Espagne est toujours la «puissance administrante» au Sahara, ce qui a été démenti par le gouvernement espagnol. Ce dernier a affirmé que l’Espagne n’est plus liée au différend territorial depuis la lettre envoyée au Secrétaire général des Nations unies le 26 février 1976.

Après qu’Alger n’ait pas réussi à faire pression sur Madrid, ses responsables ont commencé à évoquer «l’impossibilité de rétablir les relations avec Madrid à leur état antérieur», à la lumière de la présence du gouvernement de Pedro Sanchez.

L’Espagne face au front interne

En interne, la décision de Pedro Sanchez de soutenir la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara n’a pas obtenu le soutien de ses alliés de gauche au gouvernement. De plus, le Parti populaire, le plus grand parti d’opposition, a annoncé son opposition à la décision. Ces partis ont adressé plusieurs convocations au ministre des Affaires étrangères et au chef du gouvernement, afin d’expliquer la nouvelle étape des relations avec le Maroc, et les promesses que le Maroc s’est engagé à respecter en contrepartie de la décision de soutenir la proposition d’autonomie.

Le parlement espagnol a également critiqué, en avril dernier, le changement de position de l’Espagne sur le conflit alors que les députés ont accusé de Sanchez d’abandonner la position de neutralité adoptée jusque-là par le pays.

Bien qu’une année complète se soit écoulée depuis la décision, les partis de la majorité et de l’opposition insistent toujours pour convoquer le Sanchez et le chef de la diplomatie espagnole pour expliquer les raisons de la décision de soutenir le Maroc sur le conflit du Sahara. Cependant, malgré ces pressions, le gouvernement espagnol s’accroche à sa décision, affirmant que ses intérêts avec le Maroc sont plus forts que ses intérêts avec l’Algérie. L’exécutif espagnol a même invité ses entreprises opérant en Algérie, qui souffrent de difficultés financières après la décision des autorités de ne plus traiter avec elles, à quitter le pays.


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