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Majda Maarouf : « L’aquaculture doit jouer son rôle de levier pour une économie bleue inclusive »

Pouvez-vous nous dresser l’état des lieux du secteur de l’aquaculture au Maroc ?

L’aquaculture au Maroc connait une évolution et un véritable ancrage dans les régions à fort potentiel aquacole, contribuant à valoriser l’économie locale et nationale. Actuellement, le secteur aquacole national compte 60 projets installés dans les différentes régions du Royaume pour une production à terme de plus de 67.000 tonnes/an et 123 projets sont en cours d’installation pour une production cible annuelle d’environ 28.500 tonnes/an. Au titre de l’année 2022, la production aquacole marine avoisine les 1.300 tonnes, dépassant la barre des 100 millions de dirhams (MDH) en valeur. Le secteur compte à ce jour 60 fermes aquacoles actives et emploie un peu plus de 600 personnes. Par rapport à 2021, l’activité a enregistré une croissance de 17% en termes de volume et plus de 50% en termes de valeur, portée principalement par la conchyliculture (+33% en volume et 73% en valeur).

Le secteur connait une dynamique croissante en termes d’investissement. Les 14 appels à manifestation d’intérêt lancés à ce jour ont mis en évidence un fort engouement pour l’investissement dans le secteur.

Outre les projets installés, l’ANDA accompagne, actuellement, 295 projets aquacoles en cours de développement d’une capacité de production cible avoisinant les 195.000 tonnes/an à terme. Portés par des opérateurs privés, ces projets prévoient des investissements estimés à plus de 6,8 milliards de dirhams et devraient à terme créer plus de 4.400 emplois directs permanents, et ce sur le seul segment élevage.

Ces projets sont diversifiés en termes de taille et de filières, distribués tout au long du littoral national. La part du lion revient à la région de Dakhla Oued-Eddahab, avec 76% de l’effectif des projets et 40% du volume prévisionnel. Suivi de la région Souss-Massa, avec 8% de l’effectif de projets pour 38% du volume prévisionnel. Si 74% du volume prévisionnel concerne les filières conchylicoles et de culture d’algues, la filière piscicole concentre 79% des investissements escomptés.

Sur le segment semence (production d’alevins et naissains), une première écloserie conchylicole est installée à Dakhla, d’une capacité de 60 millions de naissains de différentes espèces (huitres, palourdes). Aussi une écloserie piscicole est en cours de développement en partenariat public-privé avec un acteur privé spécialisé. L’investissement total du projet est estimé à 120 MDH pour une capacité globale de 20 millions d’alevins produits localement. 2 – La 6ème édition du Salon Halieutis qui se tient du 1er au 5 février met l’aquaculture à l’honneur en choisissant comme thématique « Pêche et Aquaculture durables : leviers pour une Économie Bleue inclusive et performante ».

Quels sont, selon vous, les efforts à mettre en place pour permettre à l’aquaculture de jouer son rôle de levier pour une économie Bleue inclusive ?

L’aquaculture durable est un concept qui vise à développer les activités aquacoles de manière responsable en veillant à préserver les ressources marines, à minimiser les impacts négatifs sur l’environnement et à garantir la sécurité alimentaire. Pour permettre à l’aquaculture de jouer son rôle de levier pour une économie bleue inclusive, plusieurs actions structurantes ont été mises en place :

• Planification aquacole qui est une démarche adoptée par le Maroc pour développer d’une manière mesurée le secteur aquacole au niveau des régions à fort potentiel en tenant compte de la capacité de charge du milieu et d’un nombre d’indicateurs écologiques et environnementaux. L’objectif étant de veiller à ce que les activités aquacoles ne nuisent pas aux écosystèmes marins et que cette activité contribue pleinement dans la durabilité des ressources naturelles. • L’encadrement de l’activité pour que les pratiques d’élevage soient conduites dans le respect des normes et standards de qualité et de santé animale. • L’accompagnement du développement du secteur par des programmes de formation et de recherche et développement pour une meilleure efficacité et efficience du secteur.

• L’inclusion sociale à travers l’intégration des jeunes diplômés, des femmes et des coopératives de marins pêcheurs dans des projets aquacoles à caractère social pour lesquels un accompagnement financier est également assuré.

C’est dans ce sillage que le Royaume du Maroc s’engage dans de grandes mutations préconisées par le Nouveau modèle de développement, qui érige le développement rationnel de l’aquaculture parmi les enjeux de diversification d’une économie bleue au Maroc.

Récemment, le projet de loi n° 84.21 relatif à l’aquaculture marine à été adopté en vue de doter le secteur d’un cadre juridique spécifique et moderne, et offrir une vision claire aux investisseurs dans ce secteur. Quelle est votre interprétation ?

L’adoption du projet de loi n° 84.21 relatif à l’aquaculture marine au Maroc est un pas important dans le renforcement du dispositif juridique régissant le secteur aquacole. Cette loi offre toute la visibilité juridique aux investisseurs sur leurs droits et obligations.

L’adoption de ce projet de loi représente un signal positif pour le secteur de l’aquaculture marine au Maroc et pour les investisseurs potentiels qui seront plus stimulés à s’engager dans ce secteur conforté par un cadre juridique moderne et encourageant.

Cette loi introduit un nombre de dispositions importantes de nature à permettre une meilleure gestion du secteur aquacole notamment à travers:

• La réglementation de planification spatiale pour assurer une meilleure coordination entre les parties prenantes et garantir l’optimisation de l’utilisation des espaces marins et littoraux dans l’intérêt du développement économique des activités marines. • L’instauration du principe de mise à la concurrence des espaces délimités et définis dans le cadre des plans d’aménagement en vue de valoriser leur exploitation par des projets qui répondent à des critères techniques et socio-économiques, ce qui est de nature à instaurer un climat de confiance et de transparence dans la délivrance des autorisations d’exercice de l’aquaculture.

• Le renforcement de la réglementation sur l’évaluation et la protection environnementale des projets aquacoles, permettant ainsi de garantir leur viabilité écologique et économique.

• L’institution d’un organe consultatif en vue d’élargir la concertation avec tous les acteurs directement ou indirectement liés à l’activité aquacole.

• L’introduction du principe d’encouragement du développement du secteur grâce par les mesures incitatives et d’appui de l’État sous toutes ses formes pour promouvoir la compétitivité du produit national.


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