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Maroc/Algérie: L’état de rupture permanent

A tous les points de vue, le spectacle était désolant. Une équipe de jeunes joueurs marocains prêts à décoller pour l’Algérie pour participer à un championnat africain, attendait la délivrance qui n’allait pas venir. Les images ont fait le tour du monde. Elle ont cristallisé dans les réseaux sociaux les impasses irrationnelles qui marquent actuellement les relations entre le Maroc et l’Algerie .

Comme un supplice chinois, la simple autorisation de vol nécessaire à leur avion n’était pas venue. Elle fut retenue par des généraux cacochymes, préférant le scandale, la rupture, la démonstration de haine à une attitude normale, logique et rationnelle qui aurait été l’ouverture, même temporaire, de leur espace aérien, le temps d’une compétition sportive panafricaine.

A cela, le régime algérien préféra la honte, la division, l’exclusion. Il donna aux yeux du monde entier, africain et arabe, un spectacle d’une infinie tristesse.

Dans ce bras de fer politique avec le Maroc, c’est le régime algérien qui laisse des plumes. Alors que le cercle de ceux qui connaissaient son état pathologique était limité, le scandale de sa haine irrationnelle et assumée est devenu planétaire.

En l’espace de quelques semaines, le régime algérien a donné au monde le visage d’un pays où la haine contre le Maroc est son seul carburant et son unique ambition. Son attitude à l’égard de l’équipe de foot marocain pour les U23 a été un modèle de détestation.

Alger donne ainsi au monde la preuve que son régime est capable de sacrifier ses propres intérêts pourvu que cela prive le Maroc de la moindre exposition à la lumière internationale. Cela renseigne sur sa détermination pyromane et sa disposition à franchir tous les interdits, à envisager tous les scénarios pour assouvir ses lubies morbides et ses rancunes.

Cette attitude de rupture tout azimut avec le Maroc, d’exhibition de haine presque jouissive, est relativement nouvelle en Algérie. Durant les années Bouteflika, un mur glacial, une distanciation mutique étaient certes érigées entre les deux pays, mais des lignes rouges implicites étaient admises des deux côtés. Une forme de retenue médiatique et politique limitait la marge de manœuvre de la machine de propagande algérienne.

Aujourd’hui rares sont les voix algériennes qui applaudissent la décision algérienne d’exclure le Maroc de ce tournoi africain. Quelques porte-voix des officines de la haine, identifiés par leur parcours et identité névrotiques. La majorité des Algériens s’est recroquevillée dans un silence où se mélange la honte à l’impuissance.

La libération de la parole haineuse est une spécificité particulière de l’ère Tebboune. Depuis son installation par les militaires à la tête de l’Etat algérien, la haine du Maroc est devenue une obsession structurante de sa vision diplomatique. Tel un vieux taureau enchaîné par ses propres handicaps, il rejette chaque matin des bouffées de désamour à l’égard de son voisin marocain. Il ne s’agit plus d’une humeur passagère liée à des circonstances particulières, mais d’une pratique d’Etat volontairement assumée.

Il est vrai que le risque de guerre et déflagration militaire entre les deux pays paraît aujourd’hui exclu par les grands connaisseurs de cette région, comme le président Emmanuel Macron qui livre sa vision : « Je ne crois pas que le Maroc et l’Algérie aient cette perspective de guerre. La tension est là, réelle, et, ce qui est alarmant, c’est quand la tension devient structurante du fait national et de la vie politique de part et d’autre ». Il est toutefois difficile d’imaginer le moyen de sortir ces relations de l’ornière de la détestation et des ruptures.

La plupart des médiations internationales entre Rabat et Alger ont fait chou blanc. Le régime algérien refuse d’envisager la moindre concession pour accueillir la main de réconciliation tendue par le Maroc. Il préfère la logique de l’escalade, des menaces à celle du compromis et de l’entente.

Sans doute faut-il se rendre à l’évidence, l’échec de ces médiations, même les plus prestigieuses, s’explique par la nature même du régime algérien. Sans légitimité intérieure comme le montre le taux record d’abstention aux élections, menacé en permanence par une sourde contestation nationale, ce régime ne perçoit sa survie et sa continuité qu’à travers la création et le maintien d’un ennemi extérieur.

Au nom de sa lutte contre cet ennemi extérieur, il espère mobiliser en interne et faire taire les dissonances contestataires. La réconciliation avec le Maroc et même la baisse de l’intensité de sa tension signifie automatiquement la fin d’un régime de plus en plus isolé dans sa propre paranoïa.

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