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Pas de paix sociale sans dialogue social avec le gouvernement, selon l’UMT et la CDT

Cette année, la Fête du travail est célébrée ce 1er mai dans un contexte mondial de crise, de hausse des prix des produits de base et de difficultés d’accès au marché de l’emploi. Au Maroc, les syndicats ont rappelé, ce lundi, que le pays n’était pas en reste. Intervenant aujourd’hui à l’occasion, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik a souligné que cette célébration était «plutôt une protestation, un cri, une lutte et une fermeté face à la laideur du système économique mondial sauvage et néolibéral, qui draine les ressources des gens contre leurs intérêts vitaux et complique leur vie, dans une crise structurelle chronique à travers les pays». «La classe ouvrière marocaine se trouve aujourd’hui confrontée à une pandémie d’un autre type, à savoir l’inflation qui touche à leur pouvoir d’achat», a-t-il souligné.

Pour le secrétaire général du syndicat, «c’est là l’illustration d’une profonde crise émanant de la nature des choix économiques impopulaires et de leurs effets désastreux directs sur les conditions sociales, non seulement de la classe ouvrière, mais aussi de la classe moyenne, censée être le moteur de l’économie mais qui s’érode jour après jour». En effet, plus de 3,2 millions de personnes ont vu leurs conditions de vie se détériorer, selon le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP). «Cette crise sans précédent vide de leur contenu tous les slogans sociaux de l’Etat et cette situation a été exacerbée par les licenciements massifs de milliers de travailleurs, ce qui a aggravé les disparités sociales, la pauvreté et la vulnérabilité», a commenté Miloudi Moukharik.

«Le gouvernement a failli aux engagements d’avril 2022»

Manifestant également à Casablanca, la Confédération démocratique du travail (CDT) souligne avoir fait de cette journée celle de la manifestation et de la lutte ouvrière. Dans son allocution, le vice-secrétaire général de la centrale, Khalid Alami Houir, a insisté sur le maintien du «caractère institutionnel et responsable du dialogue social», tout en faisant respecter les engagements gouvernementaux, les libertés syndicales et la conformité des employeurs avec les dispositions de sécurité sociale pour les employés. Khalid Alami Houir a ainsi préconisé des «réformes politiques pour asseoir une véritable démocratie dans ses dimensions politique, économique, sociale et culturelle». Il a préconisé aussi «la ratification de la convention internationale n°87 et l’abrogation de l’article 288 du Code pénal».

Par ailleurs, la CDT a appelé à «la mise en œuvre des engagements contenus dans l’accord du 30 avril 2022, en particulier l’augmentation générale des salaires, la création d’une nouvelle échelle de promotion et la révision du taux d’impôt sur le revenu». Pour sa part, le secrétaire général de l’UMT estime que le gouvernement est «incapable de prendre des mesures concrètes et sérieuses pour atténuer et limiter l’impact de la flambée des prix, de frapper durement contre les spéculateurs, les intermédiaires et les commerçants qui exploitent la loi, la liberté des prix et de la concurrence, pour un enrichissement illégal en l’absence totale de tout sentiment de patriotisme ou de solidarité».

Dans ce sens, Miloudi Moukharik insiste surtout sur le secteur agricole. «Malgré toutes les politiques, stratégies et programmes visant à éradiquer durablement la pauvreté et à améliorer le secteur agricole, le Maroc n’a pas été en mesure d’assurer la sécurité alimentaire en réponse aux besoins de ses citoyens, vu le modèle agricole porté essentiellement sur l’exportation», a-t-il souligné, en interrogeant les objectifs d’autosuffisance. Dans ce contexte, il affirme croire en le dialogue social comme cadre et bouclier de la stabilité sociale et économique à la fois.

«C’est un espace clé permettant de mettre en œuvre les mécanismes et les fondements de la justice sociale, ayant abouti à l’accord du 30 avril 2022 avec le gouvernement et le patronat», a-t-il rappelé. «A ce moment-là, nous avons enregistré des résultats qui se sont manifestés par l’augmentation du salaire minimum de 5% dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales, et de 10% dans l’agriculture, avec l’augmentation du salaire minimum dans la fonction publique pour atteindre 3500 dirhams (…) Le gouvernement s’est, pour sa part, engagé à préserver les libertés syndicales, à ouvrir des dialogues sectoriels, à augmenter les pensions de retraite de 5%, ainsi que les salaires et réduire la pression fiscale sur les salariés», a rappelé encore le syndicaliste.

«Nous espérions que l’audace de ces engagements améliorerait la situation de la classe ouvrière. Cependant, l’échec du gouvernement marocain à mettre en œuvre les acquis du dialogue social a déçu nos espoirs. En tête de ces engagements figurent l’augmentation générale des salaires et la réforme du système fiscal pour réduire l’impôt sur le revenu et faire face à la répercussions de la libéralisation des prix.»

Miloudi Moukharik, UMT

Garantir plus de libertés syndicales dans les secteurs d’emploi

Dans ce même registre et reliant la situation socio-économique des familles des travailleurs avec celle de l’économie, le secrétaire général de l’UMT s’est interrogé sur les raisons du gouvernement pour ne pas avoir activé le mécanisme de plafonnement progressif des prix des carburants et des matières pétrolières. «N’aurait-il pas été plus approprié que le gouvernement recoure à la mise en place d’un impôt progressif sur la fortune, dans le cadre d’une solidarité communautaire entre les riches et le reste de la société, surtout dans le contexte difficile actuel ?», a-t-il martelé. «Pourquoi le rôle du Conseil de la concurrence n’a-t-il pas été activé dans le contrôle des prix et la lutte contre l’enrichissement illicite et le monopole des matières premières et des denrées alimentaires ?», a-t-il encore soutenu.

Par ailleurs, Moukharik s’est indigné des hésitations de l’exécutif à «promulguer des mesures concrètes pour mettre fin à toutes les formes de corruption, de pratiques rente, de privilèges et de spéculation». Dans un autre registre, il a renouvelé les revendications portées par l’UMT pour lever les restrictions sur les libertés syndicales dans tous les secteurs professionnels, rappelant que plusieurs milliers des travailleurs ont été licenciés dans différentes villes, à commencer par Casablanca et Kénitra, à cause de leurs responsabilités syndicales au sein de leur lieu d’emploi et de l’activation de l’article 288 du Code pénal, «héritage colonial français», a soutenu Moukharik.


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