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Pourquoi l’ancien président américain Thomas Jefferson possédait-il une copie du Coran ?

Dans les années 1700, une traduction anglaise du Coran devient célèbre parmi les lecteurs occidentaux. Les protestants d’Angleterre et de ses colonies américaines, y compris l’homme d’État américain Thomas Jefferson, se précipitent alors que se procurer cette copie du livre sacré.

Le principal auteur de la Déclaration d’indépendance possédait une édition du Coran apparue en 1734, traduite de l’arabe à l’anglais par l’avocat britannique George Sale. Le Coran de Jefferson figurait parmi les 6 487 livres que sa bibliothèque abritait, précise l’Institut national américain d’éducation (Institute Smithsonian).

Le Coran, un best-seller aux Etats-Unis

Plusieurs témoignages sont apparus pour expliquer les raisons pour lesquelles le troisième président des États-Unis possédait un exemplaire du Coran. Plusieurs versions suggèrent que l’étude du livre sacré faisait partie des plans de Jefferson pour sa guerre contre les pirates en Afrique du Nord.

Dans un article paru en janvier dernier, le Washington Post a indiqué que «la copie du Coran de Jefferson n’a pas été acquise par amour particulier pour l’islam, mais bien pour renforcer les efforts des missionnaires chrétiens dans les pays musulman».

Une copie en anglais du Coran. / Ph. DR

En effet, la traduction réalisée par George Sale comprenait une longue introduction faisant référence aux raisons derrière ce travail. En fait, Sale avait écrit dans la traduction du Coran que son travail visait à aider les protestants à comprendre le livre et à argumenter contre lui. «Il faut absolument décourager ceux qui, d’après les traductions ignorantes ou injustes qui ont paru, ont émis une opinion trop favorable de l’original et nous ont également permis de dénoncer l’imposture», avait écrit l’avocat britannique.

En plus des ambitions du traducteur, d’autres ont rapporté que Jefferson avait acheté une copie du Coran pour en savoir plus sur ses ennemis, principalement des pirates nord-africains qui avaient pillé les navires américains dans les années 1700.

Jefferson, le Coran et les pirates d’Afrique du Nord

Cependant, il s’est avéré que le père fondateur, comme l’appellent les Américains, avait des intentions différentes lors de l’achat du Coran. «Les historiens ont attribué la propriété du livre sacré musulman au troisième président, qui s’intéressait à diverses perspectives religieuses», a souligné History, une chaîne de télévision numérique par câble et par satellite spécialisée en histoire.

Illustration. / DRIllustration. / DR

Thomas Jefferson avait acheté son exemplaire du Coran lorsqu’il était encore étudiant dans la vingtaine. Cette version de l’histoire est soutenue par le livre «Thomas Jefferson’s Qur’an : Islam and the Founders» (Editions Knopf Doubleday Publishing Group, 2013) de Denise A. Spellberg, professeure d’histoire et d’études du Moyen-Orient à l’université du Texas à Austin.

Citée par Lead Stories, Denise Spellberg a révélé que «Thomas Jefferson avait acheté son Coran en 1765, 11 ans avant l’écriture de La Déclaration d’indépendance (1776) et 20 ans avant d’examiner le problème des raids musulmans en Afrique du Nord sur les navires américains». Selon l’historienne, Jefferson en tant que jeune étudiant en droit avait acheté le livre pour «mieux comprendre l’influence de l’islam sur certains systèmes juridiques du monde».

Image d'illustration. / DRImage d’illustration. / DR

Denise Spellberg dit croire que l’ancien président américain considérait le Coran comme un livre de lois, d’autant plus que les chrétiens échangeaient à l’époque avec des musulmans de l’empire ottoman et de l’Afrique du Nord. Pour l’historienne, l’étude du livre sacré avait probablement aidé l’homme d’État à rédiger le Statut de Virginie pour la liberté de religion, une déclaration sur la liberté de conscience et le principe de séparation de l’Eglise et de l’État.

En ce qui concerne sa guerre contre les musulmans, l’auteure a souligné que Thomas Jefferson traitait les dirigeants musulmans et leur religion avec respect. «Ses relations avec les musulmans et les puissances islamiques démontrent qu’il traitait ces dirigeants et leur foi avec respect», a-t-elle déclaré, ajoutant que «le problème des raids en Afrique du Nord [était] économique, pas religieux».

Pour rappel, le Maroc a reconnu les États-Unis en 1778 en signant un traité qui protégeait les navires américains. De plus, la première guerre de Barbarie menée par les Etats-Unis contre les corsaires n’aura lieu qu’entre 1801 et 1805.


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