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Quand le Che Guevara, Nelson Mandela et Fidel Castro visitaient le Maroc

Le Maroc n’était pas seulement un refuge pour les célébrités et les artistes, mais aussi une destination pour les figures révolutionnaires et les leaders politiques qui ont façonné la scène politique internationale vers la fin des années 50 et le début des années 60. Le monde était divisé en deux blocs, le Maroc a alors joué un rôle décisif pour inspirer nombre de militants.

Dans cet article, Yabiladi met en avant trois figures politiques. Le leader argentin de la guérilla Che Guevara, le communiste cubain et politicien révolutionnaire Fidel Castro, ainsi que l’ex-président sud-africain Nelson Mandela. Tous ont été de passage au Maroc.

Che Guevara invité par Abdallah Ibrahim

Ernesto «Che» Guevara est celui qui a visité en premier le royaume. Ce dernier était inspiré par les tactiques de guérilla d’Abdelkrim El Khattabi et influencé par le leader rifain. Les deux hommes se sont rencontrés en Égypte.

En janvier 1959, lors d’une réception à l’ambassade marocaine du Caire où assistait Abdelkrim El Khattabi, qui vivait en Égypte depuis qu’il avait demandé asile en 1947, Che Guevara rencontra son mentor.

Lors de cet événement, les deux révolutionnaires ont échangé en espagnol pendant des heures. Le Premier ministre marocain, Abdallah Ibrahim, fraîchement élu, assistait aussi à la réception. Ce dernier, durant sa rencontre avec le Che, à l’époque ministre des Finances et président de la Banque nationale cubaine, a demandé au leader de venir au Maroc.

Cette information a été confirmée par Abdellatif Housni, un confident de l’ancien Premier ministre, d’après nos confrères de Zamane. Che Guevara a répondu présent à l’invitation d’Abdallah Ibrahim et a atterri au Maroc huit mois plus tard. Selon la même source, qui se base sur le livre de Mohamed Louma intitulé «Des années de résistance au milieu de la tempête», Abdallah Ibrahim était le dernier au courant de cette visite.

Le théoricien militaire est arrivé à Rabat et a été immédiatement placé dans une chambre d’hôtel gardée dans le centre-ville de la capitale où il a été retenu pendant 48 heures avant que le Premier ministre de l’époque intervienne. Abdellatif Housni se souvient : «Le fait que Che Guevara descende de l’avion avec ses camarades habillés en uniformes militaires a ébranlé la police, qui avait des doutes sur l’identité de ces personnes.»

Aussi étrange que cela puisse paraître, l’arrestation de Che Guevara et ses camarades a été, selon la version de Mohamed Louma, un ordre donné par «Smit Sidi», un surnom du prince héritier qui est devenu plus tard le roi Hassan II.

Une fois que le Premier ministre est intervenu, les choses se sont arrangées et la délégation cubaine a pu sortir de l’hôtel à Rabat. Abdallah Ibrahim a emmené ses invités dans une villa à Souissi, à Rabat, où ils se sont reposés. Le jour d’après, les négociations ont eu lieu entre le Premier ministre et la délégation cubaine.

Le Che Guevara et ses acolytes ont été alors conduits à Marrakech par Abdallah Ibrahim. Dans la cité ocre, la délégation est restée dans une maison avant de partir pour Casablanca et ensuite Madrid.

Fidel Castro et le petit-déjeuner

Le Che Guevara n’était pas le dernier officiel et révolutionnaire à visiter le Maroc. En 1963, Fidel Alejandro Castro Ruz, qui a été Premier ministre de la république cubaine de 1959 à 1976, puis président de 1976 à 2008, a fait escale à Rabat.

En avril 1963, Fidel Castro était censé visité l’Union soviétique lors de l’un de ses premiers voyages officiels dans les pays communistes. L’avion fit escale à Rabat.

Lors de son séjour dans la capitale, Fidel Castro a eu la chance de visiter le roi Hassan II. Cette anecdote est mentionnée dans le livre «Mémoire d’un roi» d’Eric Laurent, où le souverain a déclaré qu’il avait rencontré le leader cubain ; ce dernier avait en effet demandé à rencontrer le roi.

Dans les faits, les deux hommes ont pris le petit-déjeuner ensemble et ont eu une discussion profonde et idéologique. «C’était un homme têtu et borné», décrivait le roi en parlant de Fidel Castro. «Je pense qu’il est allé trop loin dans ses engagements, et il pensait qu’échouer à tenir ses promesses est souvent plus dommageable que simplement se maintenir à une option particulière», déclara-t-il.

La rencontre des deux leaders n’a pas changé leurs croyances et positions politiques. Quelques mois plus tard, la guerre des sables a éclaté entre le Maroc et l’Algérie. A ce moment-là, Fidel Castro a décidé de prendre le parti du pays voisin.

Mandela à Oujda

Loin du marxisme, le leader sud-africain Nelson Mandela était l’un des hommes politiques à venir au Maroc durant la même période.

Son voyage en Afrique du Nord a été mentionné dans le livre «Nelson Mandela : Ending Apartheid in South Africa» (Nelson Mandela : Stopper l’apartheid en Afrique du Sud) de Samuel Willard Crompton, qui écrivait : «En 1961, Mandela a fait une tournée dans plusieurs pays africains et européens.»

«Il est parti de l’Afrique du Sud et a visité l’Algérie et le Maroc. Là-bas, il a appris à tirer avec une arme à feu était adroit au tir.»

En fait, Nelson Mandela a collaboré avec Abdelkrim El Khatib, ministre délégué des Affaires africaines à ce moment-là et fondateur du Parti de la Justice et du développement (PJD).

De 1960 à 1962, il était installé au Maroc. A Oujda, l’ex-président sud-africain a rencontré le Front de libération nationale (FLN), un parti politique socialiste en Algérie. A cette époque, le royaume était un refuge pour les figures de la résistance en Afrique. Ils venaient tous au Maroc, inspirés par le roi Mohammed V et les leaders de mouvements nationalistes tels que Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka et Mohamed El Basri.

C’est lors de cette période que le jeune Nelson Mandela a rejoint Houari Boumediene, Ben Bella, Mohamed Boudiaf et Agustino Neto (le premier président de la République d’Angola entre 1975 et 1979). Amilcar Cabral, fondateur du parti africain de l’indépendance de la Guinée, ainsi que plusieurs autres personnes avaient pris refuge au Maroc.


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