Quand Thami El Glaoui fut humilié par la reine Elizabeth II

Connu pour son style de vie extravagant et ses amis européens, Thami El Glaoui rêvait de prendre part à la cérémonie du couronnement d’Elizabeth II en juin 1953. Le Pacha, qui cherchait à se faire reconnaître par la future reine d’Angleterre, n’a jamais reçu ce qu’il souhaitait, même après s’être assuré de l’obtention d’une invitation à son couronnement.

Selon le magazine américain Vanity Fair, Thami El Glaoui aurait «fait pression pour une invitation par l’intermédiaire de son ami Winston Churchill». En effet, le frère du Grand vizir El Madani El Glaoui avait été invité par le Premier ministre britannique de l’époque, qui était l’un de ses «amis les plus chers».

L’invité personnel de Winston Churchill

Dans son livre «Le Maroc depuis 1830» (Editions C. Hurst & Co. Publishers, 2000), l’historien britannique Richard Pennell rappelle qu’El Glaoui avait pris part au couronnement de la Reine «en tant qu’invité personnel» de Winston Churchill. Richard Pennell précise toutefois qu’un «invité personnel» ne signifiait pas «officiel», ce qui explique d’ailleurs pourquoi le nom du puissant pacha marrakchi ne figurait pas sur la liste des invités au couronnement d’Elizabeth II. Et ce n’était pas le seul facteur ayant rendu le voyage d’El Glaoui à Londres «humiliant».

El Glaoui avec le Premier ministre Winston Churchill. / Ph. Livre d’Abdessadeq El Glaoui

Selon le même livre, lorsqu’El Glaoui s’est rendu à Londres en juin 1953 pour assister à la cérémonie tant attendue, il n’a pas reçu la reconnaissance à laquelle il aspirait. En fait, l’homme puissant qui vivait son heure de gloire en Europe, en tenant des rencontres avec plusieurs personnalités de renom, voulait surtout à tout prix être nommé «chevalier» par la reine du Royaume-Uni. Thami El Glaoui «s’attendait à ce que l’épée soit posée sur son épaule lors du couronnement de 1953 (…) mais il a été remis à sa place et humilié», poursuit Vanity Fair. En effet, le pacha n’était pas anobli, simplement parce qu’il n’était pas l’invité officiel de la reine.

Selon d’autres récits historiques, le malchanceux El Glaoui aurait même apporté un certain nombre de cadeaux somptueux à la reine d’Angleterre mais celle-ci ne l’avait pas reçu.

El Glaoui à Londres en 1953. / Ph. Livre d’Abdessadeq El Glaoui

Une tiare d’or et une dague marocaine pour la reine et le prince

Mais le récit du voyage du pacha à Londres en juin 1953 a été relaté autrement par son fils Abdessadeq El Glaoui. Dans son livre «Le Ralliement. Le Glaoui, mon père : récit et témoignage» (Editions Marsam, 2004), le fils du puissant pacha a tenté d’expliquer la situation de son père à Londres.

«Selon ses habitudes de largesse et de générosité, il pensa cependant qu’il ne pouvait pas se rendre à cette invitation sans avoir à la main des présents pour la reine d’Angleterre et son consort, le prince Philip», écrit Abdessadeq El Glaoui qui insiste sur le fait que son père n’aurait pas été humilié.

«Il choisit dans ses coffres une tiare d’or sertie d’une douzaine d’émeraudes grosses comme des œufs de pigeon et brillants pour la Reine, et, pour le prince Philip, une dague marocaine gainée d’or et sertie de pierreries.»

Abdessadeq El Glaoui

La cérémonie de couronnement d’Elizabeth II. / Ph. DR

«Le Pacha assista au couronnement de la reine à Londres dans la loge du Premier ministre et ramena ses cadeaux sans y voir nulle insulte pour lui», poursuit l’auteur qui ajoute qu’il «lui suffisait que son intention de les présenter à la Reine fût connue d’elle». «Il comprit sans mal les scrupules de son ami à la suite des répercussions au Maroc de l’événement», poursuit-il.

Le fils du pacha El Glaoui souligne aussi dans son livre que cet incident qui s’était passé à Londres n’avait pas nui à la «forte amitié» qui unissait son père et le Premier ministre britannique.


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