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Rétro 2022 – L’inflation, un impact économique exacerbé par le conflit russo-ukrainien

Céréales, engrais, carburants, denrées alimentaires…Le conflit en Ukraine a démultiplié, depuis son déclenchement en février 2022, la dynamique inflationniste déjà ébranlée par la pandémie. L’année 2022 en a été rendue encore plus dure pour l’économie mondiale, et donc pour celle du Maroc qui dépend presque entièrement des importations de ces produits. 

L’an 2022 n’a certainement pas commencé de la meilleure des  manières. Ce fut une année exceptionnelle avec l’avènement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie dès le 2è mois, qui, en plus de la crise humanitaire et des pertes en vies, a déstabilisé la balance de l’économie mondiale qui reprenait à peine son cours normal après deux ans de lutte suite aux répercussions du Covid-19.

Ce conflit, qui semble s’inscrire dans la durée, a créé un véritable obstacle pour la croissance économique mondiale en 2022, étant donné que la Russie et l’Ukraine ont un poids relativement considérable en termes de production. Les deux pays représentent les principaux fournisseurs mondiaux de denrées alimentaires de base, de minerais et de produits énergétiques essentiels, ce qui a généré, après l’interruption des livraisons de ces matières, un choc économique d’une ampleur significative, en particulier au niveau des marchés de matières premières, où les prix du pétrole, du gaz et du blé ont grimpé en flèche.

S’ajoute également l’impact sur l’industrie et la fabrication, intensifié par la difficulté de s’approvisionner en matières premières métallurgiques comme le fer et l’acier, ainsi que le bois, le charbon et les minéraux. Il s’est avéré que l’Ukraine n’était pas en mesure d’exporter 70% de ses produits suite à la destruction de ses infrastructures de production industrielle et au blocage des ports maritimes. La guerre a aussi eu des répercussions sur l’avancée technologique puisque l’Ukraine était l’un des plus grands producteurs de néon.

La dévastation économique qu’a entraînée la guerre russo-ukrainienne a quasiment déboussolé tous les prix des produits à l’international, y compris au Maroc touchant ainsi le pouvoir d’achat des citoyens qui ont manifesté dans plusieurs pays, soit contre la cherté de la vie, le cas du Maroc, ou contre la pénurie des produits, le cas de la France.

A cet effet, Hespress FR a sollicité Pr Abderrazak El Hiri, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales (FSJES) de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès et directeur du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Économie, Finance et Management des Organisations, pour décortiquer les importants impacts sur l’économie marocaine en 2022 résultant du conflit en cours.

«La guerre entre la Russie et l’Ukraine a produit un impact extrêmement négatif aussi bien sur l’économie mondiale que sur l’économie nationale et a créé des tensions sur différents marchés notamment ceux de matières premières telles que les céréales et les produits énergétiques. Donc ces tensions ont débouché sur des hausses considérables de prix d’un ensemble de biens qui font l’objet d’échanges à l’échelle internationale», a détaillé l’expert.

Il soutient à cet égard qu’ »au Maroc, et comme dans tous les autres pays, l’inflation enregistrée n’a jamais atteint ce niveau élevé depuis les années 80. A titre d’exemple, pour le mois d’octobre 2022, l’inflation a été de 8,1% soit un niveau qui représente presque 5 fois celui modéré constaté depuis le début des années 2000« .

A ce titre, Pr El Hiri situe l’inflation sur plusieurs niveaux qu’il détaille en indiquant que « le premier niveau est la dégradation du pouvoir d’achat avec ses effets sur la demande globale et sur la possibilité de croissance économique, sachant qu’une dégradation du pouvoir d’achat entraîne des effets négatifs sur la consommation et aussi sur l’investissement ».

« Le deuxième niveau, poursuit-il, est une inflation dont les effets se sentent au niveau de la compétitivité tandis que le troisième niveau représente une inflation qui a entraîné la dégradation du solde, de la balance commerciale. A titre d’exemple, pour la période de janvier à octobre 2022, comparée à la même période en 2021, le déficit commercial est passé de 166,7 milliards de dirhams à plus de 260,8 milliards de dirhams, soit une augmentation de plus de 94 MMDH, ce qui représente une aggravation du solde extérieur de plus de 56%». 

Il relie ainsi le quatrième stade à une inflation qui a impacté le niveau de vie de 3,2 millions de personnes supplémentaires qui ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité, selon le HCP. Il s’agit d’un impact social.

Pour le spécialiste, le dernier niveau est relatif à la révision à la hausse du taux directeur. « Les autorités monétaires ont été obligées d’augmenter le taux directeur de 50 points de base pour tenter de freiner l’inflation et de la ramener au niveau jugé modéré. C’est vrai que les autorités publiques au Maroc ont pris un ensemble de mesures pour préserver le pouvoir d’achat des ménages parmi lesquelles on trouve les subventions accordées à l’Office nationale de l’eau et de l’électricité, celles accordées aux professionnels de transport en plus des subventions dont bénéficie un ensemble de biens tels que le sucre, la farine, le blé tendre et le gaz butin« , dit-il.

Pr El Hiri a fait savoir que l’inflation nécessite des efforts supplémentaires de la part des autorités publiques et ce, à travers la promotion de la concurrence mais aussi à travers le contrôle des prix.

« C’est une opportunité pour enclencher une véritable politique visant à remplacer les importations par une production locale, mais aussi pour pouvoir réaliser une souveraineté nationale concernant un ensemble de biens consommés par les ménages aussi bien sur le plan alimentaire que sur le plan industriel et sanitaire« , conclut l’expert.

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