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Robert Adams ou l’histoire contestée d’un esclave marocain à Tombouctou

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En 1815, un Américain avait fait parler de lui au Royaume-Uni après que son histoire controversée a été racontée dans un livre édité par la Compagnie Africaine de marchands. Robert Adams avait relaté comment il était arrivé à Cap Blanc (Ras Nouadhibou, à proximité de Lagouira), son voyage au Sahara en tant qu’esclave, ses mois en détention à Tombouctou ainsi que son retour au Maroc et sa rencontre avec le sultan alaouite Moulay Slimane à Meknès.

Nous sommes en 1810. Un navire américain appelé «Le Charles» vient de faire naufrage sur la côte ouest du Sahara, près de Cap Blanc (Ras Nouadhibou), à proximité de Lagouira. L’information est notamment relayée par le vice-consul de la Grande-Bretagne à Essaouira, Joseph Dupuis. «Vers la fin des années 1810, je fus informé, à Mogador, que le navire Charles, de New York avait été détruit sur la côte ouest de l’Afrique, près de cap Blanco», raconte-t-il dans une lettre adressée à la Compagnie Africaine de marchands.

Une mésaventure saharienne

Des mois après ce naufrage, le consul réussit à racheter trois de ses marins, qui auraient été réduits en esclaves, tout comme le reste de l’équipage après la mort du capitaine. Toujours selon la version du vice-consul, «deux des marins avaient été emmenés par les Arabes vers l’Est du désert». Robert Adams ou plutôt Benjamin Rose, le nom que l’Américain a donné à l’équipage, était l’un d’eux. On raconte, toujours selon «The narrative of Robert Adams» que l’Américain avait quitté les États-Unis pour «éviter une poursuite au cours de laquelle il était menacé des conséquences d’un amour qu’il ne voulait pas réparer par son mariage».

Arrivé dans le désert, Roberts Adams est réduit en esclave avec un autre, John Stevens, 18 ans, présenté comme Portugais. L’Américain reste l’esclave de ces Arabes pendant un mois avant qu’on lui propose de «faire partie d’une expédition pour se procurer des esclaves». «La troupe était composée de dix-huit maures, avec neuf chameaux chargés d’eau et de farine d’orge», raconte-t-on dans un ouvrage de la «Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres et arts» (1816). Le groupe s’enfonce alors dans le désert en empruntant le sud-sud-est.

Illustration de l'esclavage à Tombouctou. / Ph. DRIllustration de l’esclavage à Tombouctou.

Libéré par le vice-consul britannique à Mogador

L’Américain et ses maîtres arrivent alors à «Soudenny», un village de personnes à peau noire, où ses maîtres sont tués et d’autres réduits en esclave avant que les locaux les emmènent à Tombouctou.

Une fois dans cette capitale du désert, Roberts Adams raconte avoir été bien traité contrairement à ses mésaventures avec les Arabes où il aurait été torturé et soumis à des travaux forcés. Il reste ainsi pendant trois ans, passant d’un maître à l’autre avant qu’il ne soit racheté par un autre Arabe et transporté à nouveau vers le désert marocain. A Oued Noun (Nord-Est de Guelmim), Robert Adams rencontre Ahmed Belcassem, un homme de confiance du consulat britannique à Essaouira chargé d’acheter des esclaves chrétiens et anglais. Le Marocain l’achète et l’aide à se rendre à Mogador.

Dans le port marocain, l’Américain est accueilli par le vice-consul Joseph Dupuis, avec lequel il passera plusieurs mois, racontant au compte goute son histoire. Le vice-consul britannique l’aurait envoyé aussi chez le sultan Moulay Slimane à Meknès pour lui raconter sa mésaventure.

Robert Adams quitte ensuite Meknès pour Tanger avant de traverser la méditerranée vers Cadix le 17 mai 1814 où il travaillera en tant que valet d’écurie chez un Anglais pendant plusieurs mois. Il finit par s’en lasser et mettre finalement le cap vers Londres.

Illustration. / DRIllustration. / DR

Une histoire contestée

Arrivé malade à Londres, l’Américain erre dans les rues avant d’être croisé accidentellement, en octobre 1815, par un homme. Ce dernier l’avait déjà rencontré, des mois auparavant, à Cadix. Fasciné par l’histoire de l’Américain, l’Anglais décide alors de l’amener au bureau de la Compagnie américaine où Simon Cock, membre de ladite compagnie, recueille son récit après en avoir vérifié l’authenticité. Une première version est publiée avant qu’elle ne soit secondée par une autre.

Illustration de la ville de Tombouctou. / Ph. DRIllustration de la ville de Tombouctou.

En effet, la réalité du séjour de l’Américain à Tombouctou, suite auquel il s’est autoproclamé comme étant «le premier américain» à se rendre dans cette ville a été contestée. «Certains avaient des doutes, comme Sir Joseph Banks et John Barrow», raconte-t-on dans la deuxième version de l’ouvrage. Le premier était le président de la Royal Society et le fondateur de l’Association pour la promotion de la découverte des régions intérieures de l’Afrique (appelée l’association africaine). Le deuxième était lui aussi membre de la prestigieuse Royal Society.

Dans la seconde édition, Simon Cock admet enfin dans son introduction que Robert Adams «avait le malheur… de susciter des doutes par son récit de Tombouctou et par ses erreurs sur certains sujets d’histoire naturelle». Certains trouvaient que plusieurs passages de l’histoire de l’Américain à Tombouctou, dans le désert marocain et dans le reste du Maroc étaient «trop beaux pour être vrais».


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