ActualiteHespress

Santé: La pénurie en ressources humaines, un épuisement pour le personnel et les patients

Le système national desanté souffre depuis quelques années d’une flagrante pénurie en ressources humaines que ce soit dans les grands hôpitaux ou dans les centres de santé urbains ou ruraux. Le nouveau PLF 2023 prévoit d’attribuer 5.500 postes financiers au ministère de la Santé et de la Protection sociale (MSPS) à partir de janvier 2023 pour combler le manque, mais le personnel de santé est déjà au bout de la noyade.

Les médecins et les infirmiers se sentent saturés. Plus de 100 patients par jour et pas assez de personnel pour les examiner ou les soigner. “La pénurie des ressources humaines est un réel challenge pour le secteur public, les professionnels de la santé représentent vraiment le levier principal du développement du système de santé national”, indique à Hespress FR, un professeur enseignant au sein de l’institut supérieur des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS).

Selon le professeur, « les 5.500 postes que le projet de loi de finance a accordés au MSPS sont à peine suffisants pour alléger cette pénurie. Ce qu’ils ne savent pas c’est que, malgré ce pas que je considère important, plusieurs médecins et infirmiers quittent toujours le secteur public. Ils prennent des cours d’Allemand chaque mois et saisissent l’opportunité pour partir« . 

« Cette surcharge de travail, de patients, de stress, finit souvent par les faire craquer surtout dans les centres de santé qui se situent au sein des quartiers populeux. Un seul ou deux médecins et des centaines, voire des milliers de patients chaque semaine. C’est épuisant pour eux et pour les patients qui doivent attendre leur tour presque toute la journée« , ajoute-t-il.

Ayoub, un jeune étudiant à l’ISPITS-Kénitra et qui passe son stage de fin d’études dans un centre de santé, partage avec Hespress FR les souffrances de la nouvelle génération d’infirmiers. “Pour être honnête, les infirmiers ne se sentent pas du tout valorisés au Maroc. La plupart de mes camarades, des lauréats de l’institut comme moi, cherchons dès maintenant à quitter le secteur public vers le privé ou vers l’étranger”, explique-t-il. 

Et d’ajouter: « Nous préférons travailler au Canada ou en Allemagne, plusieurs excellentes opportunités se sont ouvertes dans ces deux pays qui cherchent aussi à recruter les professionnels de la santé et offrent une très bonne rémunération, et surtout, de bonnes conditions de travail. Ils donnent la même importance aux infirmiers qu’aux médecins et c’est motivant et énormément important pour nous”.

Les facteurs qui nous poussent à penser de cette manière sont simples et je pourrais en citer plusieurs. D’une part, les salaires ne sont pas motivants lorsque tu travailles pour le secteur public, je sais qu’il y’a vraiment un besoin, nous le savons tous, il y’a un module conçu pour nous expliquer tout à propos de la pénurie et de ce qu’il faut faire en termes de gestion, mais nous aussi avons nos propres besoins« , soutient le jeune infirmier.

En outre, déplore Ayoub, il y’a un vrai manque de matériel et d’équipement, les médecins et les infirmiers doivent faire avec, c’est ce que nous appelons d’ailleurs le système D, ce qui signifie +dépannage+. Nous avons contesté à maintes reprises mais en vain, même en tant que stagiaires. Le budget ne le permet pas et nous ne pouvons rien faire”.

Le jeune infirmer évoque, par ailleurs, un autre facteur majeur: « Les infirmiers rencontrent un autre problème silencieux, c’est le clientélisme de gradation. Après 6 ans de travail, chaque infirmier postule pour passer le concours de l’échelle 11 et auquel il se prépare pendant des mois, sans succès, et qu’il se voit obligé de refaire chaque année tandis qu’un médecin, pour réussir, il doit tout simplement se présenter au concours. Ça, c’est une réalité indéniable« .

Ayoub exprime une profonde amertume en affirmant que les « médecins ont au moins eu droit à une augmentation de salaire importante qui pourrait les motiver à rester et à ne pas changer de direction, mais qu’en est-il de nous ? Qu’est-ce qui est fait pour nous motiver ? ». 

Il dénonce ainsi une situation que ses collègues et lui trouvent injuste: « Nous travaillons aussi durement et faisons le nécessaire pour nos patients. Il y’a pas mal de soins que les infirmiers ne sont pas supposés faire mais qu’ils font tout de même quand les médecins ne sont pas là et aussi à cause de cette pénurie et du nombre important de patients que nous recevons tout les jours, et à cause de l’absence de l’organisation au sein de l’hôpital ou du centre de santé ».

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page