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Sidi Abdelaziz Tebbaa, l’«alchimiste guérisseur des maladies»

Avant de devenir l’un des Sept Saints de Marrakech, Sidi Abdelaziz Tebbaa, de son nom complet Abou Faris Abdelaziz Ben Abdelhaq Al Marrakchi, était un spécialiste de la soie. Plusieurs récits racontant son parcours indiquent que cet érudit, disciple de Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli, a été qualifié de «Tebbaa» (littéralement personne suivie») pour faire allusion au nombre important de Marocains ayant suivi sa tariqa.

Soufi de premier plan au Maroc sous les Mérinides puis les Wattassides, ce Marrakchi de naissance «n’a hérité ni de gloire, ni de connaissance, ni même un nom d’une famille célèbre», mais il a toutefois réussi à fédérer un important nombre de personnes autour des principes qu’il enseignait. Selon le Centre de l’Imam Aljounaid, Sidi Abdelaziz Tebbaa était surnommé «El Harrar» en rapport avec son métier initial de travailleur de la soie. Il a étudié à Marrakech, devenant un disciple du célèbre Al Jazouli et l’un des soufis ayant fortement contribué au rayonnement de la Tariqa Jazoulia Chadilia.

Tebbaa sera même qualifié par cet érudit d’«Alchimiste», et par les Marrakachis de «Cheikh Abdelaziz El Kamel». Dès son jeune âge, il accompagnera son maître à Tafoughalt pour le servir et s’imprégner de ses enseignements. Il l’accompagne également de Chiadma vers Marrakech. D’ailleurs, plusieurs livres de l’histoire raconte comment Abdelaziz Tebbaa accueillera son maître Al Jazouli dans sa maison familiale du quartier Qssour de la cité ocre.

Un maître de plusieurs érudits et soufis

Malheureusement, notre érudit ne parviendra pas à compléter son enseignement suite au décès de son professeur en 1466. Ainsi, dès cette date, Abdelaziz Tebbaa met le cap sur Fès pour devenir disciple du Cheikh Mohamed Sghir Souhaili. Dans la capitale spirituelle du royaume, Tebbaa passe huit ans aux services de ce cheikh.

Une pierre tombale au sanctuaire de Sidi Abdelaziz Tebbaa à Marrakech. / Ph. DR

Un article d’Al Mithaq, revue électronique hebdomadaire éditée par la Rabita Mohammadia des oulémas, est revenu sur le jour où ce maître a donné à son disciple l’autorisation de quitter Fès et de revenir à Marrakech. Tatou, femme du cheikh Mohamed Souhaili, admirative de l’érudition de Abdelaziz Tebaa, ventait son engagement, sa persévérance et son dévouement. C’est alors que son mari appela son disciple pour lui dire : «Vas, pour que les gens puissent profiter de ton savoir.»

Lorsqu’il reviendra à Marrakech, Tebbaa fera construire sa zaouia à Hay El Qebbabin (Nejjarin) sur une terre offerte. Une zaouia qui réunira à l’époque les lettrés et les mandarins, à l’instar d’Abdellah El Ghazouani, l’un des sept saints de Marrakech, Abdelkrim Fallah, Sidi Rahal El Gouch, protecteur de la tribu Zamrane, ou encore Cheikh El Kamel Mohamed Ben Aissa, le père fondateur de la Tariqa Aissaouia. D’ailleurs, Abdelaziz Tebbaa est considéré comme un «lien entre deux pôles du soufisme et jouera un rôle important dans l’épanouissement de la science et le mysticisme islamique».

«Les emplacements des tombes à Marrakech ont suivi une logique de succession horizontale, à commencer par la tombe d’Al Jazouli à Riyad Laarouss jusqu’au sanctuaire de Tebbaa à El Mouassin puis vers les Qssour avec la zaouia d’El Ghazouani. Cette logique correspond étonnement au fait qu’El Ghazouani était un élève d’Abdelaziz Tebbaa, lui-même disciple de Sidi Mohamed Ben Slimane Al Jazouli.»

Extrait de la revue électronique Al Mithaq

La tombe de Sidi Abdelaziz Tebbaa à Marrakech. / Ph. DRLa tombe de Sidi Abdelaziz Tebbaa à Marrakech. / Ph. DRLa tombe de Sidi Abdelaziz Tebbaa à Marrakech. / Ph. DR

Père de la Tariqa Jazoulia Tebbaaiya et guérisseur de maladie

Son enseignement d’une «Tariqa Jazoulia Tebbaaiya» mariera un travail religieux et des activités économiques et sociales alors que sa zaouia accueillera, de son vivant, plus de 1 000 disciples.

Abdelaziz Tebbaa décède en 1508 et sera inhumé au quartier El Mouassine, baptisé à une époque «quartier Sidi Abdelaziz Tebbaa». Sa zaouia sera par la suite transférée près de son sanctuaire. Avec l’avènement des Alaouites, le sultan Mohamed Ben Abdellah ordonnera la construction d’une coupole sur la tombe de l’érudit. D’ailleurs, en 1992, l’ornement de la coupole, en or, du sanctuaire d’Abdelaziz Tebbaa fera l’objet d’une tentative de vol, avant de disparaître.

Et comme chaque saint de Marrakech, des mythes autour de la personnalité de Sidi Abdelaziz Tebbaa circulent depuis plusieurs siècles. Surnommé également Moul Attabaa (l’homme au timbre), le sanctuaire est encore visité de nos jours par plusieurs personnes croyant en la baraka de l’érudit qui pourrait guérir l’hébétude, les infections cutanées, la calvitie, les maladies oculaire et la syphilis.

Le sanctuaire d'Abdelaziz Tebbaa au quartier El Mouassine à Marrakech. / Ph. DRLe sanctuaire d’Abdelaziz Tebbaa au quartier El Mouassine à Marrakech. / Ph. DR

Dans une place sous la mosquée qui donne directement sur le sanctuaire, des femmes venues de toutes régions ramènent des cadenas qu’elles ferment dans une fenêtre après avoir fait un vœu et ne reviennent les rouvrir qu’une fois ce vœu réalisé, raconte la légende.


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