Les Lions de l’Atlas ont signé un parcours plus qu’honorable au mondial Qatar 2022. Sortis en demi-finale devant la France, les hommes de Walid Regragui n’ont pas démérité et ont réécrit l’histoire du football marocain, arabe et africain.
Il a suffi que le Maroc se qualifie en 8e, puis en quart, puis en demi-finale de la Coupe du monde, pour que le nom et le drapeau du Maroc soient sur toutes les Unes des journaux internationaux avec les belles images de nos Lions de l’Atlas.
Tout le monde parle de nous. Un bon coup de publicité « gratuite » et « spontanée » qui a promu la destination Maroc et placé le pays dans le trend des recherches, un résultat jamais atteint malgré les efforts de plusieurs années fournis par les départements concernés qui y ont engagé des budgets colossaux.
Sollicité par Hespress Fr, Zoubir Bouhout, expert dans le domaine du tourisme a bien voulu décortiquer cette montée en flèche du Maroc et cet engouement qui, selon lui, doit être « pérennisé » par les responsables.
« L’Office national marocain du tourisme (ONMT), ou le ministère de tutelle mettent en place des programmes à long terme. Chaque année il y a un budget qui est octroyé à cet effet. En avril 2022 par exemple, l’ONMT avait lancé la campagne « Maroc, Terre de Lumière », afin de positionner le Maroc parmi les destinations touristiques mondiales les plus convoitées et renforcer son image tendance. C’est une campagne à long terme, c’est comme ça que travaillent les administrations avec le marché. Maintenant, on a eu la chance avec la Coupe du monde. Et il y a beaucoup d’éléments qui ont aidé à ce que l’image du Maroc soit renforcée et fasse des ravages« , explique l’expert.
Ainsi, Bouhout n’a pas manqué de souligner qu’aujourd’hui le Maroc est en tendance des recherches Google. Tout le monde fait des recherches sur notre pays, tout le monde veut savoir qui est cette équipe d’Afrique qui a atteint la demi-finale de la CdM, a-t-il relevé.
« La courbe est à son haut niveau. Mais dans une semaine, cette courbe va redescendre. Parce que le pays qui remportera la Coupe du monde, va dépasser le Maroc qui ne sera plus dans en tendance dans les plateformes de recherche et il y aura plus cette ferveur à laquelle nous assistons actuellement », a-t-il fait remarquer.
Selon Bouhout, » les Lions de l’Atlas, et les supporters marocains ont sorti le Maroc de son cocon d’un pays qui n’est pas « très connu ». Lorsqu’on voit de grandes nations sauter de la CM à l’image de l’Angleterre, le Brésil, ou encore la Belgique, l’Espagne qu’on a disqualifiée, tout le monde veut savoir qui est le Maroc, où se trouve ce pays, c’est quoi son histoire« , dit-il.
D’autres facteurs avaient d’ores et déjà donné un coup de pouce à la destination Maroc côté publicitaire, avance Bouhout, qui cite comme exemple l’artiste marocain RedOne qui a produit la chanson FIFA officielle du Mondial Qatar 2022 « Hayya Hayya « .
« Les gens se posent des questions des quatre coins du monde. Qui est ce RedOne ? Quelle est sa nationalité ? Il est marocain ! Les gens vont donc commencer à faire des recherches », soutient Bouhout.
Autre élément soulevé par l’expert concerne la polémique qui a marqué le lancement du Mondial Qatar, et l’interdiction de l’alcool dans les stades
» Les étrangers, qui étaient contre cette mesure au tout début, l’ont applaudie par la suite. Et je n’écarte pas le fait que cette décision intervient dans le cadre du plan sécuritaire mis en place par le Maroc, vu que c’est lui qui gère le côté sécuritaire au Qatar« , a-t-il rappelé.
Aussi, l’expert en tourisme évoque la publicité tournée par Pepsi avec Leo Messi, Ronaldinho et Pogba dans les ruelles de la médina de Marrakech, et qui ressemble fortement au « Souq Waqif » de Doha, ce qui a contribué « à booster l’image du Maroc à l’échelle mondiale« .
« Quand le Maroc gagne les 8e, le quart de finale, et on observe l’ambiance de folie dans les stades, puis à l’extérieur des stades, dans la joie et la bonne humeur, c’est une publicité spontanée. Le monde observe et regarde une nation marocaine festive, joyeuse dans la paix. Les MRE du monde entier célèbrent la victoire des Lions. Et ça fait parler. On a fait une publicité au Qatar-même et dans le monde grâce au football. Le drapeau marocain est aujourd’hui brandi partout, en Palestine, en Israël … Et c’était totalement spontané« , a applaudi Bouhout.
Des éléments que l’expert trouve extrêmement importants pour le Maroc, évoquant à cette occasion le tweet d’Elon Musk, le patron de Tesla et de Twitter aussi, qui a félicité le Maroc pour sa victoire en quart de finale.
« Elon Musk est suivi par des millions de personnes à travers le monde. Et Twitter, ce n’est pas Facebook ou Instagram. L’élite mondiale est abonnée à Twitter. Son post a atteint les 1,2 million de like en plus des milliers de retweet, 400.000 en deux heures. C’est énorme. Elon Musk parle du Maroc« , a soulevé l’expert qui a également évoqué le tweet de shakira « This Time for Africa » avec le drapeau du Maroc et l’émoji de Lions.
« Shakira a toujours chanté au mondial. Et là, il y a un message politique. « Time for Africa », la chanson, Shakira l’avait composée pour l’Afrique du Sud en 2010. Aujourd’hui, lorsque tu tapes Time for Africa, le slogan a été transféré de l’Afrique du Sud au Maroc de manière indirecte, après son tweet. Puis il y a le CEO de Google, qui a parlé de Marrakech récemment et de la présence historique des Lions en demi-finale. C’est énorme aussi. Il a dû certainement voir les vidéos de festivités au Maroc, à Marrakech à Casablanca, à Rabat ou encore en Europe« , a-t-il fait remarquer.
Tout cela est magique et très important, se félicite l’expert. Cela dit, pour Bouhout, « il ne faut pas se contenter de ça. Il s’agit d’une campagne ponctuelle et non permanente qui s’inscrit dans le temps« , a-t-il insisté.
« Cette admiration et cet emballement pour le Maroc, il faut trouver une solution et une technique pour les pérenniser. Entre le match d’ouverture du mondial de Qatar 2022 et la fin du premier tour, 1 milliard de téléspectateurs dans le monde ont regardé le mondial, soit plus 113% en comparaison avec le mondial de Russie 2018. Le Maroc avait pour ambition de remporter cette Coupe du monde, cela nous aurait permis de rester dans le trend. Mais malheureusement cela n’arrivera pas, alors il faudra travailler et mettre une place un plan pour ne pas perdre cet engouement mondial envers notre pays », conclut-il.
