JUSTE UNE OPINION/ LA NOUVELLE FEUILLE DE ROUTE STRATÉGIQUE POUR LE TOURISME AU MAROC 2023-2026 : PLAIDOYER POUR DES TERRITOIRES OUBLIÉS…

HIBAPRESS-RABAT

Le 11 mai 2023, j’ai eu l’honneur de présenter une communication lors des 13èmes Journées scientifiques du tourisme durable qui ont eu lieu à Cayenne en Guyane française les 10-12 /05, Journées conjointement organisées par les Universités de Guyane et de Paris-Nord, l’Association Internationale de Management du Tourisme Durable ( AIMTD), le CNRS avec l’appui de l’Union européenne.

Cette communication qui a pour titre » Protection et valorisation du patrimoine matériel et immatériel pour un tourisme durable ; Cas de Safi – Royaume du Maroc » me parait un bon plaidoyer pour des territoires oubliés depuis des lustres par l’effort de l’Etat

Certes, cette communication aurait pu rester « prisonnière » des arcanes universitaires, toutefois, l’annonce par Mme le Ministre d’une feuille de route stratégique pour le tourisme au Maroc ( 2023-2026) qui comme son nom l’indique rééquilibre   les objectifs ,  fixe les territoires d’implantation et définit les structures de consultation et d’accompagnement aux niveaux national, régional et local  pour mener à bon port, il faut le reconnaître,  cet excellent projet, du moins dans sa phase conceptuelle .

    En effet au niveau national  Une Commission Nationale Interministérielle du Tourisme (CNIT) présidée par le Chef du Gouvernement et composée des parties signataires chapeaute l’ensemble

    Ensuite, il y aura 12 commissions de suivi des plans régionaux présidées par Messieurs les Wali de chaque Région

    Enfin, une structure d’animation centrale et des structures d’animation régionales, relais au niveau local.

Jusqu’à là, sur le papier tout est nickel.

Le Contexte

Après une  longue et douloureuse traversée du désert pour le tourisme marocain à cause, évidemment  de la funeste pandémie COVID19, la pente commence relativement   à être assez bien  remontée, et  dès 2022, la bonne dynamique s’affiche avec des taux  nationaux de récupération dépassant le ratio international( un petit bémol toutefois est à signaler ; ce taux est principalement l’œuvre des RME). Surfant sur ce trend haussier de bon aloi, l’Etat via le Ministère de tutelle et autres organismes chargés, entre autres, de l’Ingénierie et de la Promotion, une feuille de route stratégique a été élaborée  et présentée au grand public ( via le  Parlement entre autres) dès le mois de Mars 2023.

Cette feuille de route s’articule donc autour de 9 filières principales et de 5 filières traverses

Les 9 Filières principales sont :

1-« Ocean waves »  sports nautiques

2-« Nature, trekking and Hiking » tourisme vert

3-« City break » Séjour urbain

4-« Beach and Sun » le balnéaire

5-« Tourisme and Oasis adventure »  le désert saharien

6-« Tourisme d’affaires »

7-« Circuits culturels »   ( Rabat, Salé, Tétouan et Tanger)

8-« Bord de la mer » tourisme balnéaire interne

9-« Nature et découverte » Tourisme interne. Pour ces filières principales, nous estimons que certains territoires ont été complétement oubliés et je ne citerai que celui  de Safi ; ville intramuros et hinterland extramuros   qui  a sa place et des potentialités à faire valoir dans les créneaux  suivants :

1-  Ocean waves : Safi organise chaque année plusieurs manifestations de sports de glisses , possédant une des vagues droites les plus appréciées ( TOP7 au monde)  . En plus la ville a une histoire maritime des plus riches au Maroc ( un aperçu a été donné lors de sa participation en 2012 aux Tonnerres de Brest via des légendes allant du Mayflower, à Torch en passant par les expéditions RA de Thor HEYERDAHL sans oublier le projet Atlantis Centre national de la mer défendu par l’Association les Amis de Thor HEYERDAHL….)

2-  Circuits culturels : A notre connaissance 8 médinas ont été choisis à savoir Essaouira, Marrakech, Meknès, Rabat, Salé, Tanger et Tétouan   Un Choix fort défendable mais d’autres médinas comme Safi Comptoir phénicien, remparts Almohades et fortifications lusitaniennes  méritent amplement sa place dans ce gotha

3-  « Bord de la mer tourisme balnéaire interne »  Avec ses plages aux   3 pavillons bleus ( Beddouza, Safi et Souiria), cette filière aurait pu bénéficier d’un coup de pouce étatique en termes de promotion…

Le second volet de la feuille de route stratégique comportait 5 Filières transverses pour la valorisation du patrimoine immatériel, il s’agit de : 1-«  Gastronomie et produits du terroir » 2-«  Festivals et moussems » 3-«  Tourisme durable »    4-«  Artisanat et savoir-faire local »      5 –«  Hébergement alternatif»

Au fait, le tourisme durable  auquel j’ajouterai aussi  solidaire  se doit de demeurer une valeur cardinale à intégrer dans toutes les nouvelles politiques étatiques visant à un développement durable et géographiquement équitable. Aussi plaidé-je en faveur  d’au moins 3 filières transverses via lesquelles le territoire de Safi et son hinterland ont beaucoup à offrir et autant à recevoir.

D’abord,  concernant la gastronomie, Safi  peut se targuer d’avoir tous les ingrédients et produits pour développer un Festival de gastronomie marine (  voir notre Communication présentée en Juin 2014 à L’Université de Barcelone -Espagne) : Rien que pour la Sardine, un Safiot vous citera une dizaine de recettes avec leurs variantes et cela sans parler des autres poissons et fruits de mer… Toujours pour la mer, j’ai toujours milité pour un musée national de la mer à Safi préservant la mémoire marine comme des maquettes de bateaux barbaresques : Chebek, Boutre, Felouque, Agherrabou…

Ensuite, Le deuxième élément serait la valorisation et  la promotion urbi et orbi des festivals que  Safi  organise chaque année comme  celui  de l’Aïta. C’est un événement qui mérite une plus grande visibilité voire une inscription de ce patrimoine à l’UNESCO. Une meilleure implication du secteur touristique lors des préparatifs pourrait apporter un plus fort souhaité. Quant aux moussems dans l’hinterland de Safi, et sans les citer de manière exhaustive, ils ont désormais une place de choix dans ce qu’on appelle le tourisme cultuelle( voir notre participation au Colloque de Tunis , juin 2015).Dans cette perspective  2 moussemsme paraissent assez  porteurs du point de vue du montage d’un  produit touristique spécifique : Sidi Chachkal ( marabout du littoral- un Saint Michel local) et le daour( ronde/tour) des Regragas lequel accomplit une partie de ses 44 stations dans la Province de Safi (à Sidi Hsine , embouchure de  l’oued Tensift)

Enfin, pour le 3ème volet de ce triptyque, d’aucuns savent que Safi est un haut lieu de la poterie et de la céramique (voir monographie » Les 12 travaux du potier » Asteria Editions). Ce secteur est à mon sens une des mines les plus riches (avec la gastronomie)  pour un  tourisme culturel et durable basé sur le concept  du partage d’expériences avec la population locale.

En somme, j’approuve toutes les idées et mécanismes d’action de cette feuille de route et j’appelle via cette communication/ plaidoyer à intégrer d’autres territoires qui n’ont rien à envier aux autres sauf peut-être une meilleure visibilité et des voix qui portent haut et fort

Dr LAQABI Said

Université Cadi AYYAD

F P D de Safi