Le Maroc est-il sur la bonne voie?

Denrées alimentaires, produits énergétiques, hydrocarbures….L’inflation n’épargne presque aucun secteur. Les prix à la consommation au Maroc continuent d’évoluer à un rythme jamais atteint depuis 2008 . Une situation, loin d’être rassurante, qui assène un coup dur au consommateur marocain et remet en cause l’efficacité des politiques gouvernementales mises en place jusqu’ici.

Depuis plus d’un an, les prix au Maroc atteignent des niveaux records. En effet, l’inflation poursuit sa tendance haussière. Les données du Haut Commissariat au Plan (HCP) en témoignent clairement. L’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré, au cours du mois de septembre 2022, une hausse de 8,3%. Une augmentation due, selon le HCP, à la hausse de l’indice des produits alimentaires ayant atteint 14,7% ainsi qu’à celles des produits non alimentaires qui franchit les 4%.

Soulignant dans ce sens que l’indicateur d’inflation sousjacente, excluant les produits à prix volatiles et les produits à tarifs publics, a, de son coté, connu au cours du mois de septembre 2022 une hausse de 7 % par rapport au mois de septembre 2021. 

Une inflation importée

La tendance haussière de l’inflation n’épargne aucun secteur. Restauration, alimentation, transports, habillement…tout est soumis à la hausse. Le défi est donc de taille d’autant plus que le royaume subit de plein fouet une inflation « importée ». En effet, de part sa position d’importateur notamment des produits énergétiques, le Maroc reste tributaire de la situation des pays exportateurs. Ainsi, toute crise économique, géopolitique ou autre impactant ces états risque de se répercuter sur le royaume. C’est d’ailleurs le cas aujourd’hui. La crise russo-ukrainienne a tout chamboulé et a engendré une envolée surprenante de l’inflation ainsi qu’un renchérissement des prix des matières premières et énergétiques dont les effets se font d’ores et déjà sentir sur le Maroc.

Les conjoncturistes estiment d’ailleurs que les prix notamment ceux de l’énergie devraient rester élevés l’année prochaine, en raison de la situation géopolitique qui reste toujours tendue.

Le niveau de vie se dégrade

Nul ne peut nier que le maillon le plus impacté dans cette chaine est le citoyen, notamment les populations vulnérables. Le HCP a d’ailleurs publié récemment une note intitulée « Évolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la covid-19 et de la hausse des prix» qui, effectivement, met en exergue l’impact de cette flambée sur la ménagère.

La note précise, à cet égard qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont été basculé dans la pauvreté et la vulnérabilité. Soulignant que 55% de cette détérioration est due à la flambée des prix à la consommation.

Un nombre alarmant qui tire la sonnette d’alarme. Les citoyens sont lourdement accablés et les inégalités sociales ne cessent de s’accentuer.  Le HCP a indiqué, dans ce sens que le Maroc se retrouve désormais  avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité monétaire de 2014. Autrement dit, tous ces progrès réalisées aux cours des sept dernières années pour garantir une vie décente aux citoyens et améliorer leur niveau de vie ont été perdus.

En effet, les données rendues publiques par le HCP ont dévoilé quel le niveau de vie des ménages, en termes réels, aurait chuté de 5,5% au niveau national. Soulignant que cette baisse est beaucoup plus prononcée an milieu rural.

Des efforts déployés, mais en vain

Dans l’optique de contrer cette tendance inflationniste, le gouvernement a appliqué une batterie de mesures pour assurer la stabilité des prix et soutenir le pouvoir d’achat des Marocains.

En effet, les dépenses de compensation ont été multipliées par deux au cours de cette année suite à une rallonge budgétaire, pour les porter de 16 à 32 milliards de DH. L’exécutif a par ailleurs mis sur la table 26 milliards de DH au titre de la compensation en 2023.

Dans ce sens, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a par ailleurs indiqué que de multiples  produits sont subventionnés par l’état en vue de soulager le consommateur. « Notre pays a fait des choix il y a 20 ou 30 ans, notamment celui de subventionner certains produits, et le gouvernement actuel va continué à soutenir ce financièrement. », a-t-il déclaré, le jeudi 10 novembre, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil du gouvernement. Citons l’exemple de la bouteille de gaz dont le coût réel est de 135/140 Dh l’unité et que le citoyen achète au final à 42 Dh.

Signalant que le gouvernement a également consacré les premières semaines du mois de septembre à acter la hausse du SMIG afin de soutenir le pouvoir d’achat des Marocains et limiter l’impact de l’inflation.

Les efforts sont déployés et les stratégies sont mises en place, certes.  Toutefois, le pouvoir d’achat des citoyens restent lourdement accablés. Les politiques mises en place seront vaines tant que les produits atteignent des prix fous, sachant que le salaire reste limitée pour une bonne frange de la population qui ne pourra jamais supporter tous ces coûts.

 


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