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Le Maroc sur la voie de la régulation des cryptomonnaies

Le Maroc figure désormais dans le top 10 des pays africains enregistrant une forte croissance des détenteurs de la monnaie virtuelle. Les données dévoilées par le Policy Center for the New South (PCNS) indiquent que le nombre des personnes possédant des crypto-monnaies au Maroc a atteint, en 2022, 1,15 millions d’utilisateurs, générant ainsi un PIB par habitant de 8.612 dollars. Un essor qui interpelle Bank Al-Maghrib et semble rouvrir le débat autour de la régulation des « digital currencies » dans le royaume.

L’argent numérique est devenu le nouvel eldorado des investisseurs. Son usage dans le monde, ne cesse de croître. Au Maroc également, les cryptomonnaies font écho et attirent de plus en plus d’adeptes malgré leur interdiction en 2017. C’est d’ailleurs ce qui ressort d’une récente étude menée par le Policy Center for the New South (PCNS), intitulée: « L’émergence des crypto-monnaies en Afrique : réalité ou surévaluation ?» qui stipule que « le Maroc et le Nigeria ont vu le nombre de leurs détenteurs de crypto-monnaies augmenter ces derniers mois».

En effet, le royaume a enregistré, au cours de l’année 2022, 1,15 million de personnes par habitant détenant les crypto-monnaies, d’après les données publiées par le PCNS. Voilà donc ce qui génère un PIB par habitant de 8.612 dollars permettant ainsi au Maroc de se positionner en haut des classements derrière le Ghana qui enregistre 1,39 million de personnes, soit un PIB de 4.606 dollars par habitant. Et le Nigeria occupant la première place avec 22,33 millions de personnes produisant un PIB/habitant de 5.927 dollars.

Le bitcoin, la crypto-monnaie dominante au Maroc

Apparu en 2008, le bitcoin est devenu, au fil des ans, la crypto-monnaie la plus célèbre dans le monde, mais aussi dans le royaume. Il représente d’ailleurs la monnaie virtuelle dominante au Maroc qui remporte un grand succès, faisant ainsi l’objet d’une popularité croissante auprès des crypto-investisseurs marocains, bien que son usage ait été officiellement interdit en 2017 par principe de vigilance.

Et ce n’est pas pour rien que les cryptomonnaies sont parvenues à « s’imposer » en peu de temps sur le marché « monétaire » mondial. Leur essor est dû essentiellement à un ensemble de facteurs démographiques, urbains et économiques.

Il convient de préciser, à cet égard, que les utilisateurs des crypto-monnaies sont majoritairement les jeunes âgés entre 20 et 30 ans qui se concentrent dans les grandes métropoles urbaines. L’exemple du Maroc est fort édifiant à cet égard. En effet, les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de 50 % des utilisateurs du bitcoin, d’après une récente étude intitulée Synergia. Sachant que d’autres enquêtes estiment, par ailleurs, que ce pourcentage est d’environ 70 % en Afrique subsaharienne. Voilà donc ce qui explique la forte croissance de l’utilisation des « digital currencies » notamment en Afrique considérée par les Nations-Unies comme étant le continent le « plus jeune de la planète, avec une moyenne d’âge de 19 ans, deux fois plus jeune que les États-Unis (38 ans). »

D’autres facteurs sont également à l’origine de l’essor de la crypto-monnaie. On cite notamment la faible bancarisation du continent, particulièrement dans sa partie subsaharienne et l’accessibilité du mode de paiement des crypto-monnaies.

La régulation efficace des cryptomonnaies s’impose

Certes, l’argent numérique facilite le transfert des capitaux au moindre coût grâce à son fonctionnement décentralisé. Toutefois, elle représente un placement à haut risque, notamment pour les non-avertis vu qu’elle n’est soumise à aucune autorité pour la réguler, la contrôler ou du moins assurer ses transactions. C’est d’ailleurs ce qui a poussé le gouvernement à interdire les transactions en monnaie virtuelle. Néanmoins, cette interdiction semblent inefficace puisque les pays ayant enregistré, en 2021 et 2022, la plus importante progression du nombre de détenteurs de crypto-monnaies sont ceux qui les interdisent. Comme l’a indiqué Henri-Louis Verdie du Policy Center for the New South.

« Ceci doit nous interpeller d’autant plus que parmi les pays où on l’interdit on trouve le Nigeria ou le Maroc. Deux pays qui ont vu le nombre de leurs détenteurs de cryptomonnaies augmenter ces derniers mois ».

Dans cette optique et face au recours constant des jeunes investisseurs aux monnaies virtuelles, Bank Al-Maghrib a décidé de faire bouger les lignes. Et ce, en engagent la réflexion sur une émission potentielle d’une Monnaie numérique de Banque centrale (MNBC) pilotée par un comité regroupant l’ensemble des parties prenantes. Un projet annoncé par le gouverneur de Bank Al Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, qui s’inscrit, dans le cadre des efforts déployés pour la réglementation des crypto-monnaies au Maroc et constitue, par la même occasion, une « étape importante sur la route qui pourrait conduire le pays à les autoriser officiellement, sous certaines conditions. », souligne Henri-Louis Verdie.


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