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la livre dévaluée de près de 50% pour répondre aux critères du FMI

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Cette nouvelle dévaluation à 31,95 livres pour un dollar le matin avant de remonter en début d’après-midi à 29,8 livres pour un dollar affecte encore un peu plus les 104 millions d’Égyptiens dans un pays où la majorité des biens sont importés.

L’inflation atteint 21,9 %, et en décembre, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 37,9 % sur un an, selon les statistiques officielles. La dévaluation pourrait encore continuer, selon des experts, car au marché noir la livre s’échange aux alentours de 35 pour un dollar.

Signe que le sujet inquiète, le mot-clé le plus partagé en Égypte mercredi est “dollar”, alors que de nombreux internautes disent ne plus pouvoir suivre cette baisse désormais quotidienne.

L’Égypte subit aussi de plein fouet les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, dans la mesure où elle est le premier importateur de blé du globe, dont les deux grands producteurs du monde sont Kiev et Moscou. L’Égypte doit désormais se fournir auprès d’autres pays à des prix qui ont soudainement flambé.

Pris à la gorge, le pays n’a plus que 34 milliards de dollars de réserve contre 41 en février — dont 28 sous forme de dépôts des alliés du Golfe — et sa dette extérieure a plus que triplé en 10 ans à 150 milliards d’euros.

Selon l’agence Moody’s, l’Égypte est l’un des cinq pays du monde le plus exposé au risque de défaut de paiement de sa dette extérieure.

L’Égypte a obtenu un nouveau prêt du FMI en décembre, mais les trois milliards de dollars qui lui ont déjà été versés sur près de quatre ans pèsent peu : le seul service de la dette pour 2022-2023 s’élève à 42 milliards. Surtout, le FMI a dit réclamer “un changement définitif vers un régime de taux de change flottant” et une “politique monétaire visant à réduire graduellement l’inflation”.

Nécessité d’une réforme structurelle

L’Égypte doit aussi mener des “réformes structurelles dans de nombreux domaines pour réduire l’empreinte de l’État” dans une économie encore dominée par les entreprises publiques ou liées à l’armée, dont est issu le président Abdel Fattah al-Sissi, a plaidé l’organisation internationale.

Le tourisme, autre grand pourvoyeur de devises du pays, est en berne depuis la “révolution” de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak. Alors que ce secteur — qui représente 10 % du PIB et compte deux millions d’emplois — commençait à se relever en 2019, la pandémie de Covid-19 l’a de nouveau frappé.

Reste le gaz naturel, dont un énorme gisement offshore a été découvert en 2015 dans les eaux égyptiennes, soit potentiellement 850 milliards de mètres cubes sur un secteur de 100 kilomètres carrés.

Mais en attendant ses retombées, avec une monnaie locale aussi faible face au dollar, de nombreux importateurs ont cessé de faire venir des biens et les étals des magasins et des centres commerciaux rutilants qui ont fleuri dans les nouveaux quartiers chics du Caire s’en ressentent.

Certaines franchises internationales ont ainsi proposé tout l’été les collections d’habillement de l’automne-hiver précédent tandis que de nombreuses pièces électriques ou appareils électroniques ne sont tout simplement plus disponibles dans le pays. Pour les importateurs qui ont malgré tout passé commande, les dollars font défaut alors que les retraits sont de plus en plus contrôlés, et, selon le gouvernement, plusieurs milliards de dollars de biens, notamment alimentaires, sont actuellement bloqués dans les ports d’Égypte.

Les supermarchés pratiquent désormais le rationnement tandis que les restaurants ont drastiquement réduit leurs portions pour tenter de ne pas toucher aux prix dans un pays où, officiellement, 30 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et autant tout juste au-dessus.

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