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Adieu Abderraouf, l’emblème de l’humour marocain

Abderrahim Tounsi, le brillant humoriste connu sous le nom de Abderraouf, est décédé ce lundi dans sa demeure à Casablanca. Plusieurs acteurs de la scène culturelle ont exprimé leur affliction suite à son décès.

 

Il nous a fait rire aux larmes, éveillé sur des questions fondamentales, et son personnage aura marqué toutes celles et tous ceux qui ont goûté à son art. L’immense et le maître de la comédie, Abderrahim Tounsi, plus connu sous le nom de Abderraouf, est décédé ce lundi suite à une longue maladie. À l’annonce de sa disparition, plusieurs personnalités culturelles et artistiques ont exprimé leur tristesse sur les réseaux sociaux. Bouleversés par la nouvelle, nombreux ont présenté leurs condoléances à la famille et aux proches de l’artiste, tout en tenant à saluer son parcours unique. «L’année 2023 commence bien tristement», exprime sur sa page officielle Facebook Mohamed Laâroussi, chroniqueur et critique de cinéma. Et d’attester : «Abderraouf nous a fait rire alors que nous étions encore des petits gamins et il a continué de nous faire marrer alors que nous sommes devenus des ados agités, puis des jeunes révolutionnaires excités et même par la suite lorsque nous nous sommes transformés en adultes calmes et rangés». Pour M. Laâroussi, Abderraouf n’était ni un humoriste ni un comique ni un amuseur public. Il était beaucoup plus que cela. «C’était un clown dans toute sa dimension de dérision et d’autodérision tragique. Abderraouf nous faisait pleurer de rire, mais sans se forcer et peut-être même sans le faire exprès», dit-il.

Pour M. Laâroussi, Abderraouf n’était ni un humoriste, ni un comique, ni un amuseur public. Il était beaucoup plus que cela.

Une célébrité unique en son genre
Pour le comédien Mohamed Khayari, Abderraouf est un artiste unique en son genre et personne ne lui ressemble. Il le considère comme le maître et le «sultan» de la comédie. «Il a sacrifié toute sa vie pour l’art. Ce grand homme fut et restera un exemple pour nous. Il a travaillé avec un ensemble d’acteurs et comédiens, en l’occurrence Dassoukine, Belkass, Snoussi ou autres. Je garde de bons souvenirs de lui. Je l’ai côtoyé à Dakhla, alors que je n’avais que 26 ans. C’était à l’occasion de l’anniversaire de l’allégeance d’Oued Eddahab. C’était la première fois que je faisais un show devant Abderraouf», se souvient-il. Pour sa part Massoud Bouhssine, le président du Syndicat marocain des professionnels du théâtre, s’est montré particulièrement attristé. Il a également rendu hommage à cette icône. «Le décès de Abderraouf est une grande perte pour le Maroc. Il est l’une des figures brillantes. Il a pu marquer la scène nationale et maghrébine grâce à son humour», dit-il.

Figure comique la plus populaire du Royaume
Abderraouf s’est affirmé au fil des années comme icône de l’art humoristique noble. Il a marqué la mémoire de plusieurs générations de Marocains par son style bouffon, avec sa voix nasillarde, sa chéchia rouge, son jabador et son seroual colorés. A travers son personnage assimilé à Charlot, Abderraouf s’est affirmé comme la figure comique la plus populaire du Royaume. Dans ses déclarations aux médias, le défunt avait d’ailleurs avoué partager avec le personnage de Charlie Chaplin plusieurs techniques de rire basées notamment sur le mime et les grimaces, d’où le surnom de Charlot. Il s’est dit fier de ce surnom venant de la part d’un public aimant. Notre Abderraouf aura marqué des générations de Marocains et laissera à jamais une trace indélébile dans nos esprits et nos cœurs.

un florilège d’œuvres

Parcours:  Né en 1936 à Casablanca, Abderrahim Tounsi a découvert sa passion pour le théâtre en détention sous l’administration coloniale. Grâce à la télévision, il a réussi là où beaucoup d’autres ont échoué, avec son personnage (Abderraouf) à la fois burlesque et idiot. Pendant sa longue carrière, le défunt a laisséun florilège d’œuvres, des centaines de sketchs, d’innombrables passages à la télévision et deux œuvres cinématographiques, Majid (2011) et Ammi (2016). Durant son parcours, un hommage lui a été rendu à l’occasion du 16ème Festival international du film de Marrakech organisé en 2016.


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