Avec un budget de plus150 milliards de dirhams, le plan du gouvernement Akhannouch pour sécuriser les ressources hydriques

Mobilisation générale au sein du gouvernement au sujet de l’eau. C’est ce qui ressort de l’intervention du chef de gouvernement, M. Aziz Akhannouch devant les députés.

Le numéro un de l’Executif répondait en effet aux questions des parlementaires au sujet de la problématique de l’eau dans le cadre de la séance mensuelle de questionnement sur la politique générale. « Le Gouvernement est pleinement mobilisé à déployer les mesures d’urgences nécessaires afin d’éviter au Maroc de rentrer dans « une crise de l’eau » en renforçant les investissements pour faire face à la menace de stress hydrique que le Royaume a connu ces dernières années, et pour épargner au pays les pires scénarios dans ce domaine », a affirmé M. Akhannouch. Et de poursuivre: « La vision éclairée de Sa Majesté a accordé une attention particulière à cette question, à travers ses directives royales visant à préserver et valoriser les ressources en eau de telle sorte à assurer le bien-être des générations actuelles et futures. La même source a précisé que malgré les nombreux acquis de la politique nationale de l’eau, de nombreux défis et contraintes subsistent, principalement liés à l’impact du changement climatique, à la raréfaction de l’eau qui en découle et à son impact tangible sur l’environnement et la santé humaine, compte tenu de la montée vertigineuse des températures à laquelle le monde a assisté ces dernières années, en particulier dans les pays du bassin méditerranéen.

Riposte gouvernementale

Face à cette situation, le chef de gouvernement a fait savoir qu’en application des Instructions royales, le gouvernement s’attachera à gérer la raréfaction de la ressource en eau en œuvrant à la mobilisation de ses ressources et à l’amélioration de la gouvernance de son système, en restructurant la politique de l’eau et en assurant une bonne coordination entre les différentes parties prenantes, afin de renforcer l’efficacité et l’harmonie entre les acteurs, et assurer une répartition équitable des ressources en eau entre les différentes parties, avec une mise en œuvre stricte du programme de construction de barrages, de dessalement de l’eau de mer, et le traitement des eaux usées et des eaux pluviales. « Le gouvernement a décidé, conformément aux Orientations Royales en la matière, d’allouer une enveloppe financière estimée à 10,6 milliards de dirhams pour le budget 2023 (soit une augmentation de 5 milliards de dirhams par rapport à l’année précédente) pour la mise en œuvre d’un ensemble de projets structurants », a t-il expliqué, précisant qu’un certain nombre de mesures urgentes ont été prises : dont la priorité est d’assurer la disponibilité de l’eau potable dans les zones touchées, en particulier au niveau des bassins de la Moulouya, de Oum Errabie et du Tensift, et de faire face avec fermeté aux différents effets négatifs résultant de la sécheresse, tels que l’exode rural et les dommages sur les chaînes de production agricole. Selon M. Akhannouch, le gouvernement a également mis en place un programme d’urgence pour faire face au problème de la rareté de l’eau, pour lequel il a alloué une enveloppe financière de 3 milliards de dirhams, pour tous les bassins touchés par les pénuries d’eau, en plus de la signature d’un ensemble de conventions entre les différentes parties prenantes pour surmonter les conséquences du déficit hydrique. Ces mesures concernaient quatre bassins hydrauliques, dont le bassin de l’Oum Errabie, de Tensift, de la Moulouya, et du Drâa-Tafilalet, pour un coût total estimé à 2,335 milliards de dirhams.

La vision 2020- 2027 : le PNAEPI

Par ailleurs, le chef de l’Executif a indiqué que le gouvernement s’emploiera à actualiser et à accélérer la mise en œuvre des grands axes du Programme d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation 2020-2027, signé devant Sa Majesté le Roi en janvier 2020. « Les investissements seront renforcés en portant les dotations financières allouées au programme de 115,4 à 150 milliards de dirhams, pour pallier le retard pris dans la réalisation de certains projets, et en présenter d’autres comme l’achèvement de la deuxième tranche de l’usine de dessalement d’Agadir, qui est programmée pour 2025 au lieu de 2030 », a t-il annoncé.

Changement de paradigme

Dans un autre registre, le che de gouvernement a fait savoir que « le Maroc se doit d’anticiper les changements à venir, en veillant à améliorer le contenu du Plan National de l’Eau de l’année 2050, sur la base des directives royales et des recommandations du Nouveau Modèle de Développement, tout en le dotant des mécanismes de gouvernance, de suivi et d’évaluation nécessaires pour assurer son efficacité, sachant que ce schéma coûtera environ 383 milliards de dirhams sur les 30 prochaines années, dont une grande partie sera financée par les finances de l’Etat. « Ce plan devrait contribuer, à horizon 2050, à mobiliser 4,5 milliards de mètres cubes d’eau supplémentaires, en poursuivant la politique des grands barrages, en mettant en œuvre des projets de liaison des bassins pour assurer une gestion souple des ressources en eau, en collectant les eaux pluviales et en complétant avec les petits barrages et les lacs collinaires. Ceci, en accompagnant le développement territorial avec le développement du dessalement de l’eau de mer avec une capacité de production pouvant atteindre un milliard de mètres cubes par an, la réutilisation de 340 millions de mètres cubes par an d’eaux usées traitées, et la réduction du taux d’envasement des barrages de 10 à 20 % grâce à la préparation des bassins d’eau », a-t-il poursuivi.

Appel

Enfin, M. Akhannouch a lancé un appel au cours de son intervention au parlement.
« J’en appelle, à travers vous, Mesdames et Messieurs les Députés, à tous les acteurs nationaux, politiques, économiques, sociaux et médiatiques, et à toutes les composantes de la société civile et à tous les Marocains afin de faire preuve d’un esprit de responsabilité collective dans la gestion des ressources en eau et de s’engager dans la préservation en rationnalisant leur utilisation et en évitant de polluer leurs sources. Notre devoir humain et historique nous impose de préserver cette composante vitale pour assurer la sécurité de l’eau en tant que pilier de la transmission générationnelle de la civilisation marocaine ». Et de conclure: « Le moment est donc venu de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de stress hydrique que connaît le Royaume compte tenu des conditions climatiques actuelle. Le temps est venu pour nous de changer de regard et de comportement vis-à-vis des usages de l’eau dans notre pays, et de couper la consommation excessive et irrationnelle de de ce bien précieux qu’est l’eau. Le temps est venu pour nous de sentir la valeur de cette bénédiction et sa nécessité pour la vie, et de la préserver comme une responsabilité collective…Au même titre que l’eau est un droit pour tous, la préserver et la protéger du gaspillage est une responsabilité que nous assumons tous, compte tenu de la situation préoccupante actuelle et du coût réel de sa production pour notre pays».


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