Covid-19 et inflation : 3,2 millions de Marocains ont basculé dans la pauvreté

Le Maroc se retrouve avec le niveau de pauvreté et de vulnérabilité de 2014

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de publier une étude sur l’évolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la pandémie de Covid-19 et de l’inflation. Il ressort de cette étude qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions). Près de 45% de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité est due à l’effet de la pandémie et 55% à l’effet de la hausse des prix à la consommation. A travers ces données, le HCP estime que près de sept années de progrès vers l’élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité ont été perdues. En 2022, le Maroc se retrouve avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité de 2014. Les effets combinés de la pandémie et de l’inflation auraient entraîné une baisse du niveau de vie par personne, en termes réels, de 7,2% au niveau national entre 2019 et 2022, passant de 20.400 DH à 18.940DH. Cette baisse est de 6,6% en milieu urbain (24.620 DH à 23.000 DH) et de 8,9% en milieu rural (12.800 DH à 11.650 DH). Par catégorie sociale, le niveau de vie par personne aurait baissé de 8% pour les ménages les moins aisés entre 2019 et 2022, passant de 7.000 DH à 6.440 DH; 6,6% pour les ménages intermédiaires, passant de 15.730 DH à 14.700 DH; 7,5% pour les ménages les plus aisés, passant de 47.780 DH à 44.200 DH. Les dépenses alimentaires auraient baissé de 11% au niveau national, passant de 7.460 DH par personne en 2019 à 6.640 DH en 2022 (10,1% en milieu urbain, passant de 8.210 DH à 7.380 DH ; 12,9% en milieu rural, passant de 6.110 DH à 5.320 DH). Cette baisse des dépenses alimentaires est nettement différenciée selon le niveau de vie des ménages. Elle est de 13,5% pour les ménages les moins aisés, passant de 3 540 DH par personne à 3 060 DH; 12,9% pour les ménages intermédiaires, (7.050 DH à 6.140 DH) et 6,9% pour les ménages aisés ( 12.640 DH à 11.770DH).

L’inflation a un impact plus grave que la pandémie
L’envolée des prix a accentué les inégalités sociales à un tel point que le Maroc se retrouve avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité monétaire de 2014. Face à l’inflation, le niveau de vie des ménages, en termes réels, aurait baissé de 5,5% au niveau national, passant de 20.040 DH en 2021 à 18.940DH en 2022. Cette baisse est plus prononcée en milieu rural qu’en milieu urbain (6,2% contre 5,2%). Par catégorie sociale, le niveau de vie par personne aurait baissé de 6,2% pour les 20% des ménages les moins aisés, passant de 6.860 DH à 6.440 DH ; 5,6% pour les 60% des ménages intermédiaires, passant de 15.570 DH à 14.700 DH et 5,2% pour les 20% des ménages aisés, passant de 46.620 DH à 44.200 DH. Dans ces conditions, le taux de pauvreté absolue a augmenté de 3% en 2021 à 4,9% au niveau national, de 1 à 1,7% en milieu urbain et de 6,8 à 10,7% en milieu rural. Quant au taux de vulnérabilité monétaire, celui-ci a augmenté de 10 à 12,7% au niveau national, de 5,9 à 7,9% en milieu urbain et de 17,4 à 21,4% en milieu rural. Il est à noter que de janvier à juillet 2022, les prix ont augmenté plus vite en milieu rural et pour les ménages les moins aisés. En effet, la hausse des prix est plus prononcée pour les 20% des ménages les moins aisés (6,2%) que pour les 20% des ménages les plus aisés (5,2%) et les 60% des ménages intermédiaires (5,6%). La hausse des prix des produits alimentaires a atteint 10,4% pour les ménages les moins aisés contre 7,7% pour les ménages aisés et 9,2% pour les ménages intermédiaires. La hausse des prix a été plus accentuée pour les ménages dirigés par les «Exploitants et ouvriers agricoles»

Effets de la pandémie: Le niveau de vie des ménages a annuellement régressé de 2,2%
Sous les effets de la crise sanitaire, le niveau de vie des ménages a annuellement régressé de 2,2% entre 2019 et 2021. Le niveau de vie moyen des ménages, mesuré par la dépense de consommation par tête en valeur nominale, a baissé de 20.400 DH à 20.040 DH au niveau national, de 24.620 DH à 24.260 DH dans les villes et de 12.800 DH à 12.420 DH à la campagne. Sur cette période, le niveau de vie des 20% des ménages les moins aisés a connu une baisse de 7.000 DH à 6.860 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 2,3% en termes réels. Celui des 20% des ménages les plus aisés a chuté de 2,5%, passant de 47.780 DH à 46.620 DH. Pour les 60% des ménages intermédiaires, le niveau de vie a baissé de 15.730 DH à 15.570 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 1,9%. Selon le HCP, les ouvriers, les commerçants et les exploitants agricoles sont les plus touchés par les effets de la crise sanitaire. Ainsi, le niveau de vie moyen a annuellement baissé de 3,6% pour les «Ouvriers non qualifiés», passant de 14.130 DH en 2019 à 13.440 DH en 2021; 3,6% pour les «Artisans et ouvriers qualifiés», passant de 17.850 à 16.970 DH sur la même période; 2,8% pour les «Commerçants et les intermédiaires commerciaux», passant de 19.920 DH à 19.270 DH ; 2,4% pour les «Exploitants et ouvriers agricoles», passant de 12.950 DH à 12.650 DH et 1,8% pour les «Responsables hiérarchiques et cadres supérieurs.

Les dépenses alimentaires auraient baissé de 11% au niveau national, passant de 7.460 DH par personne en 2019 à 6.640 DH en 2022 (10,1% en milieu urbain, passant de 8.210 DH à 7.380 DH ; 12,9% en milieu rural, passant de 6.110 DH à 5.320 DH).


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