Aujourd'hui le MarocEconomie

Mines, un gisement de croissance en temps de crise

Une bonne santé affichée malgré la conjoncture internationale avec des perspectives très prometteuses

Activité minière.

En dépit du contexte géopolitique et des séquelles de la crise sanitaire, l’industrie minière parvient à tirer son épingle du jeu en comparaison avec d’autres secteurs économiques. Les investissements dans le secteur minier au cours de l’année écoulée se chiffrent en milliards de dirhams alors que l’exercice en cours enregistre une performance exceptionnelle en termes d’exportations.

Le secteur des mines est aujourd’hui une valeur économique sûre. Plus encore. C’est un gisement de croissance en période difficile. Malgré les effets de la pandémie et une conjoncture internationale difficile, l’industrie minière affiche une santé à faire pâlir d’autres secteurs économiques. Les chiffres sont éloquents. Ainsi, les investissements dans le secteur dépassent en 2021 la barre des 13 milliards de dirhams même si l’essentiel de ce montant, à savoir 12 milliards de dirhams, est accaparé par les activités des phosphates. Selon Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable, la contribution du secteur à la valeur des exportations nationales était de 26% au cours de la même année, soit 86 milliards de dirhams. Ce n’est pas tout. Le secteur a réalisé un chiffre d’affaires de 100 milliards de dirhams en 2021 alors que le volume global de la production a atteint pour la même année 41 millions de tonnes dont 38 millions de tonnes de phosphates.
Pour doper l’activité, les responsables misent sur les réformes des procédures qui continueront d’être mises en œuvre afin de promouvoir le secteur minier pour en faire un levier de développement aux niveaux régional et local. Dans ce sens, le ministère de la transition énergétique et du développement durable planche actuellement sur l’élaboration d’un projet de loi portant modification de la loi 33.13 relative aux mines et à la promotion du secteur minier.

Stratégie

Ces réformes s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie plus large pour le secteur. Dans le cadre de la déclinaison des Hautes directives royales incitant à mettre en œuvre des stratégies sectorielles, le Plan Maroc Mines 2021- 2030 (PMM) a été élaboré. Ce Plan, qui constitue une actualisation de la stratégie de développement du secteur minier national pour la période 2013-2025, s’attelle à impulser une nouvelle dynamique au secteur en vue de rehausser ses performances et son impact aussi bien sur le plan économique que social et de répondre d’une part aux enjeux intrinsèques auxquels ce secteur est confronté, notamment la nécessité de découvrir de nouveaux gisements, l’optimisation de la valeur ajoutée et l’affirmation des enjeux de développement durable et d’autre part relever les défis extrinsèques liés principalement aux exigences sociales et environnementales. Le PMM qui a capitalisé sur les acquis de la stratégie 2013-2025 a apporté les ajustements nécessaires et appropriés en tenant compte des impératifs conjoncturels et de la convergence des intérêts des différentes parties prenantes et ce, afin de faire du secteur minier une locomotive du développement responsable et durable à l’échelle locale, régionale et nationale alliant bonne gouvernance, intégration économique et respect de l’environnement.

OCP, un champion mondial

Si le secteur des mines rayonne aujourd’hui à l’international, c’est en bonne partie grâce à un leader mondial, en l’occurrence OCP. Le Groupe s’est distingué ces dernières semaines avec l’annonce d’un important investissement vert. Le groupe vient de dévoiler son programme d’investissement vert sur une période de quatre années. Ainsi, SM le Roi Mohammed VI a présidé, samedi 3 décembre 2022 au Palais Royal de Rabat, la cérémonie de présentation du nouveau programme d’investissement vert du Groupe OCP (2023-2027) et de la signature du protocole d’accord entre le gouvernement et le Groupe OCP relatif à ce programme. La nouvelle stratégie de croissance d’OCP s’inscrit dans l’orientation volontariste sur l’économie verte impulsée par Sa Majesté le Roi, depuis plusieurs années, en matière de transition vers les énergies vertes et l’économie décarbonée. La présentation du programme intervient dans le prolongement de la réunion de travail présidée par le Souverain, le 22 novembre dernier, consacrée au développement des énergies renouvelables et aux nouvelles perspectives dans ce domaine. Pour son premier programme d’investissement, objet des Hautes orientations royales en 2012, le Groupe OCP a mobilisé 8 milliards de dollars sur la période 2012-2021, portant les capacités de production d’engrais de 4 à 12 millions de tonnes. Plus de 400 entreprises industrielles marocaines y ont participé totalisant 8.400 emplois directs et indirects.

Positionnement
Ce programme d’investissement a permis d’ancrer OCP solidement dans le marché des engrais et positionne le groupe comme l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux d’engrais phosphatés, avec un chiffre d’affaires qui est passé de 2,5 milliards de dollars en 2005 à 9,4 milliards de dollars en 2021. Le nouveau programme vert du Groupe OCP prévoit un investissement global de l’ordre de 130 milliards de dirhams sur la période 2023-2027. Il s’articule autour de l’accroissement des capacités de production d’engrais tout en s’engageant à atteindre la neutralité carbone avant 2040, en faisant levier sur le gisement unique d’énergies renouvelables ainsi que sur les avancées du Royaume dans ce domaine impulsées par Sa Majesté le Roi depuis plusieurs années. Ce programme d’investissement vise une augmentation des capacités de production afin de passer de 12 millions de tonnes d’engrais actuellement à 20 millions de tonnes en 2027. Il prévoit notamment une extension des capacités minières via l’ouverture d’une nouvelle mine à Meskala ainsi que l’installation d’un nouveau complexe chimique et minier à Mzinda. Ce dernier traitera la roche en provenance des mines de Benguerir et de Youssoufia ainsi que de la nouvelle mine de Meskala.

Energie propre

La composante énergétique est au cœur de ce nouveau programme d’investissement vert. Le Groupe OCP souhaite alimenter l’ensemble de son outil industriel en énergie verte d’ici 2027. Dans ce sens, toute la production d’électricité sera issue de sources éolienne, solaire, hydro-électrique et cogénération. Cette énergie décarbonée permettra non seulement de renforcer les avantages compétitifs du Maroc mais également d’alimenter les nouvelles capacités de dessalement d’eau de mer pour répondre à la fois aux besoins du groupe mais aussi à fournir en eau potable et d’irrigation les zones riveraines des sites OCP. A ce titre, le groupe aura déjà mis en service, avant la fin de l’année, 40 millions de m3 d’eau dessalée qui alimenteront en eau potable les villes de Safi et El Jadida. L’investissement dans les énergies renouvelables permettra au groupe, premier importateur mondial d’ammoniaque, de s’affranchir à terme de ses importations en la matière.

Le secteur a réalisé un chiffre d’affaires de 100 MMDH en 2021, alors que le volume global de la production a atteint pour la même année 41 millions de tonnes dont 38 millions T de phosphates. (D.R)

Hydrogène vert

OCP: L’investissement dans la filière de l’hydrogène vert – ammoniaque vert permettra au Groupe OCP d’entrer en force dans le marché des engrais verts et des solutions de fertilisation adaptées aux besoins spécifiques des différents sols et cultures. A travers ce programme, OCP veut consolider ses relais de croissance tout en soutenant l’émergence d’un écosystème national industriel innovant, à travers des programmes d’appui aux PME industrielles et celles des secteurs de l’énergie et de l’agriculture. Ce programme vise la création de 25.000 emplois directs et indirects, l’accompagnement de 600 entreprises industrielles marocaines et permettra de réaliser un taux d’intégration locale de 70%.

Etapes du projet

Depuis 2012
Mobilisation. Le Groupe OCP a mobilisé 8 milliards de dollars sur la période 2012-2021, portant les capacités de production d’engrais de 4 à 12 millions de tonnes.

2020
Exploration. Selon le département des mines, pas moins de 3.579 permis de recherche ont été octroyés en 2020 avec des acteurs dans le secteur des mines.

2020
Emploi. L’industrie minière reste l’un des plus importants créateurs d’emploi en 2.020 avec quelque 40000 emplois directs.

2021
Performance. Le secteur minier a réalisé un chiffre d’affaires de 100 milliards de dirhams l’année dernière.

Décembre 2022
Investissement. Le Palais Royal de Rabat abrite la cérémonie de présentation du nouveau programme d’investissement vert du Groupe OCP (2023-2027).

Le ministère de la transition énergétique et du développement durable planche actuellement sur l’élaboration d’un projet de loi portant modification de la loi 33.13 relative aux mines et à la promotion du secteur minier.(D.R)

Piliers

Stratégique:  Le Plan Maroc Mines, qui s’inscrit dans le cadre d’une approche globale et pragmatique, a pour objectif stratégique de faire du secteur minier national un modèle compétitif à l’horizon 2030 et s’articule autour de quatre piliers stratégiques, à savoir le développement d’un tissu d’acteurs compétitifs, la refonte de l’organisation institutionnelle du secteur, le renforcement de l’impact social et le caractère responsable et durable du secteur ainsi que l’adaptation du cadre législatif des moyens financiers et fiscaux aux nouvelles ambitions du secteur minier. Les piliers stratégiques du PMM sont déclinés en 21 axes de développement traduits en 58 leviers et 127 actions garantissant l’opérationnalisation du PMM et assurant son implémentation. L’implémentation du PMM est soutenue par des mesures d’accompagnement, sachant que les différentes actions et mesures sont transcrites dans un plan d’actions étalé sur la période 2021-2030. Aussi des structures de gouvernance dont le rôle est de veiller sur l’implémentation du Plan Maroc Mines et l’exemplarité du secteur dans la gestion des aspects économiques, environnementaux et du développement durable ont été mises en place.

ILS ONT DIT

Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable

«Les investissements alloués pour l’exploration et la recherche dans le secteur minier, hors phosphate, se sont élevés à 1 milliard de dirhams pour l’année 2021, un montant qui reste en deçà du niveau requis pour prospecter comme il se doit la richesse du sous-sol marocain».

Mustapha Baitas, ministre délégué auprès du chef de gouvernement, chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement

«Le statut du Centre africain pour le développement des ressources minérales vise la coordination et la supervision de la vision minière africaine dans le but de permettre au secteur minier de jouer pleinement son rôle».

Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines

«Le Maroc a su mettre en œuvre, conformément à la vision de SM le Roi Mohammed VI, une politique de développement des énergies renouvelables, d’efficacité énergétique et d’intégration régionale malgré le manque de ressources fossiles importantes».


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