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Multiple impact de l’épopée de l’équipe nationale au Mondial : Nation branding réussi au Qatar 2022

Le succès de l’équipe nationale du Maroc à la Coupe du monde qui se déroule au Qatar est à graver dans le marbre. Une ascension inscrite à jamais dans les pages d’histoire étant donné que le Maroc est le premier pays africain et arabe à atteindre les sommets de ce grand évènement footballistique mondial. Il faut dire que l’élan de soutien à l’international à cette équipe et l’admiration suscitée par ces réalisations inspirent sur plusieurs plans.

En plus de véhiculer les bonnes valeurs du sport, la sélection nationale a malgré elle dépassé le cadre du sport pour s’élever au rang d’ambassadeur d’une nation, de tout un continent, voire de représentants des pays en voie de développement. Partant de là, plusieurs questions se posent dont celle de savoir quel impact aura cette épopée marocaine sur le pays d’un point de vue économique, géopolitique et diplomatique. Présents aux Atlantic Dialogues qui se tiennent du 14 au 16 décembre 2022, trois experts ont livré à ALM leur analyse d’un point de vue économique, géopolitique et diplomatique.

«La diplomatie n’est pas uniquement l’apanage des diplomates», Mohamed Loulichki, ancien ambassadeur du Maroc à l’ONU

Sur l’épopée de l’équipe nationale au Qatar, Mohamed Loulichki, ancien ambassadeur du Maroc à l’ONU, estime qu’elle représente un point de départ solide pour enrichir la politique sportive. «Lorsque je dis sportive ce n’est pas uniquement la politique footballistique.

Nous sommes en train d’inaugurer une nouvelle ère caractérisée par l’adoption d’une politique sportive intégrée». Et d’affirmer : «Je pense qu’il faut du temps pour pouvoir méditer et réfléchir sur ce qui s’est passé pendant cette Coupe du monde, en termes de travail, en termes de confiance en nos moyens, en termes de communication, en termes d’image, et en termes d’efficacité. Il a été démontré que lorsque le Maroc mobilise ses moyens, se mobilise psychologiquement et lorsqu’il a cette fibre patriotique qui lui permet de transcender toutes les difficultés et les obstacles, je pense que le Marocain et la Marocaine sont capables de faire des miracles». La diplomatie marocaine pourrait saisir cette opportunité pour faire prévaloir le positionnement du Maroc à l’international.

A cet égard, Mohamed Loulichki argumente : «Un diplomate, c’est quelqu’un qui représente son pays à l’étranger. Lorsque nous avons un Bekkali par exemple qui court dans les compétitions internationales, c’est l’image de son pays qu’il représente. La diplomatie n’est pas seulement l’apanage des diplomates. La diplomatie c’est une représentation.

Lorsqu’un professeur marocain enseigne par exemple dans une université à l’étranger, lui aussi il représente son pays. Il représente les valeurs et une image. Et par conséquent, lorsqu’on partage ces principes et ces valeurs on est en train de promouvoir en quelque sorte le Maroc. Lorsque le sélectionneur national parle de «Nia», de «confiance en soi», «l’amour des parents» et la «tolérance», il est dans la peau d’un diplomate qui projette la véritable image du Maroc. Sur la base de ces principes fondamentaux qui peuvent mobiliser nos énergies ensemble en tant que nation, je pense qu’on peut aller beaucoup plus loin et dans tous les domaines».

«Ce capital de confiance va agir sur l’activité économique», Abdelaziz Ait Ali, Manager Department of Research in Economics, Policy Center for the New South

Abdelaziz Ait Ali, Manager Department of Research in Economics, Policy Center for the New South, souligne : «Je ne sais pas si on a les mots pour décrire ce que l’équipe marocaine a réalisé durant ce Mondial. C’est historique pour nous en tant que Marocains. En termes d’effets sur l’activité économique au Maroc, je pense que je pourrais répartir mon approche en deux parties : à court et à long termes.

A court terme on peut dire que cet optimisme et cette confiance qu’a instaurés cet exploit ont un effet sur la dynamique économique, sur la consommation des ménages, sur l’activité des entreprises et sur l’ensemble des différents acteurs économiques. Un tel capital confiance va agir sur l’activité économique. On sait tous qu’après les différents chocs de la Covid et le choc inflationniste, l’économie marocaine a énormément souffert et donc cette confiance va permettre de drainer de la consommation et de l’investissement pour un certain nombre d’agents économiques parce que la confiance reste au centre de l’activité économique.

L’investisseur est par nature frileux, le consommateur l’est moins. Mais dans ce genre de contexte ça ne peut qu’avoir des effets positifs sur l’activité économique et sur la consommation des ménages. Sur le long terme, nécessairement cette réalisation sportive permettra d’assurer plus de visibilité pour le Maroc.

Les projecteurs qui sont restés braqués sur le Maroc vont certainement améliorer la visibilité du pays sur la carte internationale. Et qui dit visibilité dit plus d’intérêt de la part des touristes et des investisseurs. On se rappelle très bien qu’après la médaille d’or de Nawal El Moutawakel et celle de Said Aouita tout le monde a commencé à parler du Maroc. Si on revient aux chiffres suite à la victoire du Maroc contre l’Espagne, on compte près de 2,2 millions de tweets sur le Maroc. On a vu des présidents de sociétés internationales, des géants mondiaux de l’économie et des officiels féliciter le Maroc. Je citerais par exemple Elon Musk ou le président de Google».

Selon l’expert, «tout se joue en termes de marketing et de narrative que le Maroc va se construire à l’échelle internationale. Cette perception que les gens ont d’un pays est importante. Tout part de l’image de marque et cela arrive dans un contexte qui va permettre au Maroc (dans un contexte d’incertitude, de crises et de tensions), de pouvoir se distinguer par rapport à toute la région et au continent. Je dirais aussi qu’à long terme l’un des effets attendus c’est aussi cette confiance qui s’installe». Abdelaziz Ait Ali affirme par ailleurs que «les décideurs ont du pain sur la planche. Ils doivent saisir cette opportunité sans que ça soit récupérée politiquement. Il faut qu’ils sachent comment mettre en place les politiques pour capitaliser sur ce succès et entrevoir un avenir meilleur pour l’économie marocaine, pour la société et pour le Maroc de manière générale. Je pense qu’ils ont un rôle à jouer, il faut que ça soit réfléchi et éviter les réactions hâtives. Il faut faire valoir le rôle de la diplomatie sportive dans le renforcement de l’image de marque du Maroc».

 

Arrêt sur image

Match : Le monde entier avait les yeux rivés sur le match qui a opposé le 14 décembre 2022 le Maroc et la France. Présent à Washington pour assister au Sommet des dirigeants USA-Afrique, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a suivi le match avec Joe Biden, président américain. Sur son compte Twitter, ce dernier a exprimé son admiration pour le parcours accompli par l’équipe nationale marocaine : «Ce fut un grand honneur de regarder le match de la Coupe du monde d’aujourd’hui aux côtés du chef de gouvernement Aziz Akhannouch. Peu importe qui vous soutenez, il est remarquable de voir tout ce que cette équipe a pu accomplir».

«C’est assez spectaculaire à observer», Thomas Gomart, directeur de l’IFRI

 

Fierté : La géopolitique du football est un aspect intéressant à suivre actuellement dans la mesure où de nouveaux pays entrent en jeu, à savoir le Qatar qui a organisé la Coupe du monde et le Maroc qui s’est distingué par la performance de l’équipe nationale.

Pour Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), «sur le plan géopolitique, ce qui est intéressant c’est effectivement que le Maroc soit un pays africain, un pays arabe et que ça se passe au Qatar.

On sent qu’il y a une fierté et un soutien qui va au-delà d’un simple soutien marocain. C’est assez spectaculaire à observer. Le Maroc est l’équipe que tout le monde retiendra de ce Mondial 2022».

 

Flash

Entretien


A l’issue du match de la demi-finale de la Coupe du monde 2022, SM le Roi Mohammed VI a eu un entretien téléphonique avec le président français, Emmanuel Macron.

A cette occasion, le Souverain a exprimé au président français Ses félicitations pour la qualification de l’équipe de France en finale de cette prestigieuse compétition.

Afrique


«L’Afrique fière du parcours des Lions de l’Atlas à cette Coupe du monde. Ils n’ont pas démérité», a affirmé le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, à l’issue du match Maroc-France.

Jack Lang


A travers son exploit d’atteindre la demi-finale de la Coupe du monde au Qatar, le Maroc est entré à nouveau dans la légende du football, a souligné, jeudi le président de l’Institut du monde arabe (IMA) et ancien ministre français de la culture, Jack Lang.

FRMF


La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a fortement protesté, dans une lettre adressée à la FIFA contre l’arbitrage du match de l’équipe du Maroc contre son homologue française, officié par l’arbitre mexicain, César Arturo Ramos Palazuelos, qui a privé la sélection nationale de deux penaltys évidents selon les spécialistes de l’arbitrage, exprimant en même temps son étonnement que la salle du VAR ait omis de l’alerter.

 

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