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Bank Al-Maghrib devrait poursuivre son durcissement monétaire

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Relevant son taux directeur de +50 Pbs à 3% pour la troisième fois successive depuis septembre 2022, Bank Al-Maghrib montre sa détermination à agir contre la persistance des tensions inflationnistes au Maroc qui semblent revêtir un caractère de plus en plus «structurel». C’est ce qu’indique une analyse d’Attijari Global Research qui s’attend à la poursuite de cette politique de durcissement monétaire.

Bank Al-Maghrib (BAM), qui a relevé son taux directeur de +50 points de base (Pbs) à 3%, et ce pour la troisième fois successivement depuis septembre 2022, montre sa détermination à agir contre la persistance des tensions inflationnistes au Maroc qui semblent revêtir un caractère de plus en plus «structurel». Cette analyse émane d’Attijari Global Research (AGR) qui s’attend à la poursuite de cette politique de durcissement monétaire. «Tenant compte des projections économiques, BAM devrait en toute logique poursuivre son cap restrictif en 2023 afin d’assurer un retour de l’inflation vers son objectif de stabilité des prix», soutiennent les analystes d’AGR. Ils relèvent, d’abord, que la décision de la Banque centrale, prise lors de sa première réunion trimestrielle de 2023, de porter le taux directeur à 3%, soit un plus haut depuis 2014, reste à un niveau inférieur de 40 points de base par rapport à la moyenne observée durant la période 2011-2012, soit 3,4%.

Cette situation permet aujourd’hui à BAM de disposer d’une certaine marge de manœuvre en matière de conduire de sa politique monétaire restrictive, notent-ils. Dans leur analyse, les experts d’AGR affirment qu’«à l’instar de l’expérience internationale, BAM agit sur l’inflation à travers le canal de la distribution de crédit en essayant de ralentir la consommation et l’investissement. Par ailleurs, tenant compte des projections économiques de l’institution sur la période 2023-2024, les analystes d’AGR ressortent avec trois principaux constants. Premièrement, la diffusion de l’inflation importée vers les biens «non échangeables» semble se poursuivre. Il s’agit d’une situation qui renforce le postulat selon lequel la tendance haussière des prix revêtirait un caractère jugé «structurel» au Maroc. «À fin février 2023, l’inflation au Maroc dépasse les niveaux observés en zone euro et aux États-Unis», relève l’AGR. Certes, l’on s’attend à une détente des prix énergétiques en 2024, mais l’inflation se situerait à 3,9%, alimentée par le début de la décompensation du gaz programmée à cet horizon, selon BAM.

La soutenabilité du dirham est cruciale pour éviter une amplification des tensions inflationnistes

Deuxièmement, les auteurs du rapport soulignent le décalage enregistré par rapport au processus de relèvement des taux de la Réserve fédérale et de la BCE (Banque centrale européenne). Pour AGR, cette situation pourrait induire, à l’instar de 2022, des pressions sur le dirham. «Pour un pays importateur net de produits énergétiques libellés principalement en dollar, la soutenabilité du dirham devient cruciale afin d’éviter une amplification des tensions inflationnistes», soulignent-ils. Troisièmement, les analystes mettent le doigt sur les préoccupations liées à la rémunération de l’épargne nationale : «Nous relevons que la hausse cumulée du taux directeur de 150 points de base ne semble pas encore en mesure de rétablir les taux réels au Maroc en territoire positif».

En outre, Attijari Global Research note que la diffusion du durcissement monétaire de Bank Al-Maghrib vers la sphère réelle demeure contrastée. Ceci s’explique, d’une part, par le coût de financement du Trésor qui intègre la normalisation des taux au Maroc avec une hausse généralisée de la courbe primaire. «Il est important de souligner que l’alignement de la courbe secondaire de BAM sur les niveaux E-bond a permis le réajustement de la pentification de la courbe primaire en mars 2023», souligne AGR. D’une autre part, les taux débiteurs n’intègrent que partiellement la hausse du taux directeur de 100 points de base en 2022. «Ces derniers s’apprécient de seulement 26 points de base au 4e trimestre 2022 à 4,5%». De leur côté, les crédits à l’économie devraient afficher une hausse modérée de 4% en 2023. Cela dit, cette année, les besoins en liquidité du système bancaire devraient atteindre un record de 87 milliards de DH, en raison de la hausse continue de la circulation fiduciaire. Pour les analystes, cette tendance de fond est alimentée par un cycle long de faible rémunération de l’épargne nationale.


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