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Ce que recommandent les experts pour un vérita

Les banques et fenêtres participatives marocaines peinent encore à atteindre leur vitesse de croisière. Le constat que partage également la Banque centrale a été au coeur du débat lors de la première journée du Symposium sur la finance participative, le 16 mars à Casablanca. Les experts intervenus suggèrent au secteur d’accélérer ses investissements dans l’élargissement du réseau commercial et multiplier les campagnes de communication auprès du grand public. Ce qui permettra de faire monter les dépôts à vue et dynamiser les financements.

Les banques participatives au Maroc jouent beaucoup plus le rôle de sociétés de financement que d’établissements bancaires. L’affirmation est de Mohamed Boulif, directeur associé de Finéopolis Al Maali. L’expert, qui s’exprimait lors du Symposium de la finance participative organisée par l’Académie des finances participatives et Groupe Le Matin, du 16 au 18 mars à Casablanca, indique qu’après pratiquement 5 ans d’exercice, les dépôts à vue collectés par l’ensemble des institutions bancaires participatives couvrent à peine 37% des financements mobilisés. Pourtant, précise Boulif, l’équation dépôts-financements est la clé d’un développement soutenu de la finance participative.

L’associé de Finéopolis Al Maali estime ainsi que le secteur a du pain sur la planche pour booster son attractivité et drainer davantage de clients. «Le renforcement de l’effort commercial des banques participatives est nécessaire en plus d’une accélération des investissements dans l’élargissement du réseau physique», suggère l’expert. Le constat de Boulif est partagé par Azzeddine Khoja, ex-PDG de Bank Zaitouna en Tunisie. Selon ce dernier, le taux de couverture des financements mobilisés par les dépôts à vue collectés par les banques participatives au Maroc est très faible. «Les établissements participatifs ont tout intérêt à renforcer leurs investissements dans l’élargissement de leurs réseaux d’agences et points de vente.

De même, un effort supplémentaire est à consentir dans le processus de l’éducation financière afin de faire connaître davantage au grand public les principes de la finance participative», recommande l’ex-patron de la banque Zaitouna et ex-directeur chez Al Baraka Banking Group. En évoquant l’expérience de la Tunisie dans le secteur, Khoja indique que les banques participatives ont investi massivement dans leurs réseaux physiques. «À chaque fois que nous inaugurions une agence, nous invitions le grand public à la cérémonie. Une manière de leur faire connaître les produits et les services offerts. Ce qui nous permettait de drainer davantage de clients», partage Khoja.

Capital humain : bien armer ses cadres et collaborateurs pour booster la finance participative 

L’expert insiste, par ailleurs, sur l’importance de la qualité du capital humain des banques participatives. «Une banque participative doit bien armer ses cadres et collaborateurs en leur offrant des formations pointues et en leur assurant un encadrement adapté. Car des équipes bien rodées et mieux formées et informées garantissent un bon développement de l’activité de la banque», souligne Khoja. Selon lui, un faible rythme de croissance des comptes à vue met la banque participative dans une situation difficile. Car, explique-t-il, à défaut de ressources collectées, l’établissement se tourne vers ses fonds propres pour assurer les financements Mourabaha ou se refinance auprès de sa maison-mère. Ce qui est dangereux pour sa solidité financière et ses fondamentaux.

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Selon les derniers chiffres de Bank Al-Maghrib qui remontent à fin novembre dernier, le nombre des comptes à vue des banques et fenêtres participatives s’élève à 182.060, en progression de 22,2% sur un an. Le réseau, quant à lui, comptait à fin novembre toujours 187 points de vente, en hausse de 8,1% sur un an. Les dépôts à vue totalisaient sur la période à peine 6,3 milliards de dirhams.
L’expérience de la Turquie a également été exposée lors du symposium par le vice-président et directeur financier d’Al Baraka Bank, Muzaffar Colmak. Ce dernier affirme qu’en Turquie, la finance participative a été boostée par l’État qui, en plus de préparer le cadre juridique du secteur, a contribué à la création de banques participatives. Colmak a, en outre, fait savoir que le comportement de la clientèle en Turquie bascule entre la finance participative et la banque conventionnelle. En effet, indique-t-il, lorsque les taux proposés par les banques conventionnelles baissent, nous remarquons un basculement des clients des établissements participatifs vers le secteur conventionnel. De même, quand les prix des produits participatifs sont plus bas, les clients affluent vers les banques participatives.

Bank Al-Maghrib planche sur les raisons du ralentissement de l’activité des banques participatives

Rappelons que le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, avait annoncé, à l’issue du dernier conseil de la Banque en 2021, qu’une étude devait être menée afin de mieux analyser les raisons du ralentissement de l’activité des banques participatives au Maroc. Jouahri indiquait que si le secteur traîne encore les pieds et tarde à atteindre sa vitesse de croisière, c’est en partie lié au choix des managements des établissements participatifs. En effet, expliquait-il, quand vous avez un actionnaire qui mobilise l’argent qu’il faut et choisit le bon management, il avance. «Car il ne suffit pas d’être un bon manager et un bon technicien, mais encore faut-il être un bon commerçant», soulignait le patron de l’institut d’émission. Il affirmait être favorable à des opérations d’élargissement de l’actionnariat des banques participatives ou encore à une concentration, si cela peut avoir la vertu de booster ce marché.

D’ailleurs, indiquait-il, «j’ai reçu une demande de rapprochement qui n’a pas été concluante et une autre portant sur un élargissement de l’actionnariat pour laquelle nous avons recommandé un approfondissement des études». Jouahri estime qu’il est important de s’intéresser aux véritables causes de l’atonie constatée dans ce secteur que la Banque centrale suit de près à une cadence mensuelle. De même, Jouahri assurait pousser vers l’organisation d’une réunion entre ces établissements et le Conseil supérieur des Oulémas pour évaluer les avancées et écueils dont le démarrage avec les premiers agréments a été acté en 2017.

Lire aussi : Banques participatives : d’importantes réalisations en cinq ans (Fineopolis & Al Maali)


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