Art & CultureLe Matin

Conversation avec la réalisatrice marocaine Sofia El Khyari

La Fondation Aïcha, en partenariat avec l’Institut français de Meknès, organise cette année, dans le cadre du FICAM, du 3 au 8 mars, une exposition inédite consacrée à l’une de ses révélations, Sofia El Khyari, jeune réalisatrice marocaine, née à Casablanca en 1992. Sofia El Khyari partage des dessins originaux issus de ses courts métrages, dont «L’ombre des Papillons», son dernier film en aquarelle, sélectionné à Locarno et à Toronto. «L’ombre des papillons» est également programmé en compétition officielle à Meknès dans le cadre de la Court Compet’, FICAM 2023. L’exposition revient sur le parcours de cette brillante réalisatrice qui nous invite notamment à découvrir les étapes de fabrication de «Ayam», avec la voix de la regrettée Amina Rachid. Un court consacré notamment par le Prix du public lors de la Court Compet’, FICAM 2018.

Le Matin : Comment êtes-vous venue au cinéma d’animation ?
Sofia El Khyari : Je suis passionnée par le cinéma d’animation depuis très longtemps, puisque je dessine depuis que je suis petite. J’ai fait classe prépa pour école de commerce, ensuite j’ai fait les ateliers des beaux-arts à Paris, et après j’ai fait un master en animation au Royal College of Art de Londres. C’est ainsi que j’ai commencé à réaliser mes premiers courts métrages, dont le tout dernier «L’Ombre des papillons».

Vous participez au FICAM avec une exposition inédite, pouvez-vous nous en dire davantage ?
C’est une exposition assez inédite, parce que j’avais déjà une exposition autour de mon film «L’Ombre des papillons», mais c’est ma première exposition sur l’ensemble de ma filmographie. J’essaie d’y recréer chaque atmosphère de mes films : «L’Ombre des papillons», «Le corps poreux» et «Ayam» fait avec la voix de feu Amina Rachid. Je ressors le matériel qui a servi à la fabrication des films, parce que c’est de l’animation traditionnelle.

Le fait d’être une femme marocaine change-t-il quelque chose dans votre vision de réalisatrice ?
En tant que femme marocaine, j’essaie d’explorer cette identité dans mes films. On n’est pas très nombreuses dans ce domaine, notamment au Maroc, mais j’espère qu’on le sera davantage dans le futur. Je pense que c’est plus une affaire de passion que d’identité.

Pensez-vous qu’on doit continuer à privilégier les femmes via le système des quotas ou doit-on penser uniquement au talent ?
Je pense qu’en privilégiant les femmes, on privilégie le talent, parce qu’il y avait pendant longtemps un monopole masculin dans le domaine du cinéma en général, dont l’animation. Donner de plus en plus de visibilité et de parole aux femmes, c’est aussi donner la place à des talents peut-être cachés par la société. C’est un combat qui va de pair.

Quelles sont vos sources d’inspiration en tant que femme réalisatrice ?
J’essaie d’explorer des choses assez intimes, assez intérieures… des choses qu’on ressent. J’essaie de faire plutôt un cinéma des sensations qu’un cinéma logique. C’est ce qui me pousse à explorer. Chaque film est une recherche différente. «L’ombre des papillons» parle de nostalgie, de mélancolie, «Ayam» parle de transmission générationnelle, «Le corps poreux» parle de l’exploration du corps, de l’intérieur de soi. Chaque film est une quête en soi.

En tant qu’artiste femme, comment encouragez-vous les autres talents féminins ?
Cela dépend du film. Sur un film où j’ai une thématique féminine, j’essaie d’avoir une équipe davantage constituée de femmes. J’essaie souvent de découvrir de nouvelles femmes qui travaillent dans ce secteur. Le cinéma des femmes est un cinéma qui me touche plus. C’est un cinéma qui me plaît plus. Certes, pas tout le temps, mais il me parle plus en général. Il s’agit surtout de rencontres et on essaie de se pousser les unes les autres. J’ai des idées pour le futur, je voudrais faire un programme de courts métrages de femmes dans la région MENA, puisque j’ai repéré quelques talents et je voudrais bien qu’ils aient plus de visibilité.

Avez-vous des projets en cours ?
Pour le moment, vu qu’il n’y a pas longtemps que mon dernier court métrage «L’Ombre des papillons» est fini et a fait sa première au Festival du film de Locarno, je continue à l’accompagner dans les festivals. Je laisse les nouvelles idées murir et je préfère ne pas les révéler très vite.
 


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