Art & CultureLe Matin

Entretien avec Abdellah Thoumi, auteur de Aïn Chock, le quartier noyau

Le livre «Aïn Chock, le quartier noyau et l’extension» de Abdellah Thoumi est une recherche de terrain basée sur plusieurs sources historiques. L’écrivain y présente les spécificités et phases cachées d’un quartier mythique de Casablanca qui s’est étendu avec la création de nouvelles zones. Abdellah Thoumi rappelle les facteurs géographiques et historiques qui ont marqué Aïn Chock depuis sa création dans les années 30. Il nous invite également à l’exploration des principaux sites du quartier : Msalla, Dar Cadi Ben Dris, bureau de poste, la maison des enfants, la radio nationale de Aïn Chock… Malgré les contraintes, l’écrivain pose les jalons d’une expérience qui pourrait mettre en lumière l’histoire de plusieurs quartiers de la capitale économique. Détails du projet.

Vous avez publié un livre sur un quartier mythique de Casablanca. Pouvez-vous nous en parler ?

Le livre «Ain Chock, le quartier noyau et l’extension» représente l’œuvre d’un employé à la retraite qui voulait sortir la région d’Ain Chock de l’oubli et lui donner sa part de recherche historique et sociologique. Les livres et programmes audiovisuels traitent du centre de la ville de Casablanca, en particulier de l’ancienne Médina et du quartier Hay Mohammadi. Ce livre est aussi un message à ceux qui ne reconnaissent pas les compétences de leurs employés. On peut produire même étant à la retraite.

Pourquoi vous avez choisi Aïn Chock ?

J’ai vécu en France de 1979 à 1991, où j’ai obtenu une maîtrise en Sociologie avant de me réinstaller au Maroc. Début 1993, après les élections de 1992, j’ai été convoqué par un président du conseil de l’arrondissement Ain Chock pour préparer une recherche de terrain sur ses services administratifs. Cette mission m’a inspiré la réalisation d’une étude sociologique plus complète sur la chose locale en prenant Aïn Chock comme exemple. J’ai mis cette étude dans son contexte historique en retraçant l’histoire locale de la région. J’ai fait un document sur Aïn Chock en me basant sur la mémoire, les documents administratifs et historiques. Malheureusement, il n’a pas pu être publié. Cette recherche de thèse de doctorat de plus de deux cents pages est restée dans mon bureau jusqu’à ce qu’elle remporte en 2016 le prix du mois du patrimoine d’Aïn Chock. On m’a ainsi demandé de poursuivre le projet que j’ai alimenté par plusieurs documents historiques, photos et témoignages. J’ai commencé à publier la recherche sous forme d’articles sur Facebook. Plusieurs lecteurs m’ont encouragé à le transformer en livre. Et c’est ainsi qu’est né mon ouvrage sur Aïn Chock.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette partie de Casablanca ?

Le Quartier d’Aïn Chock, le noyau, peut être considéré comme un espace où on a appliqué les quatre principes d’urbanisme énoncés dans la Charte d’Athènes : l’habitation, le travail, la circulation et la culture du physique et du spirituel. N’importe quel visiteur de la région peut voir ces fonctions architecturales sur lesquelles a insisté l’architecte français Michel Ecochard, responsable de l’urbanisme en période de protectorat. D’ailleurs, son livre «Casablanca : Roman d’une ville» était une référence incontournable.
Pour parler de tout l’arrondissement Aïn Chock, il a fallu que j’intègre la zone de Sidi Maârouf car elle en fait partie depuis 2002.

Selon vous, quelles sont les choses à sauvegarder ou à changer à Aïn Chock ?

Il faut préserver le plan original d’Aïn Chock car il contient des monuments historiques et parce que le quartier a une valeur architecturale qui pourrait être utilisée pour sa reconstruction. C’est un patrimoine à sauvegarder.

Quels sont les autres quartiers que vous aimeriez mémoriser en livre ?

Le quartier des Habous mérite qu’on écrive son histoire locale si on a la documentation nécessaire : textes, images, et bien sûr les souvenirs. Ceci nécessite une participation active des communes territoriales. Selon mon expérience avec le livre «Aïn Chock, le quartier noyau et l’extension», je peux dire que la participation de ces organismes est primordiale, vu ce qu’il faut comme effort et moyens financiers. J’ai dû attendre la vente de la première édition de mon livre pour pouvoir financer des photographies professionnelles de meilleure qualité et imprimer une deuxième édition.

Avez-vous écrit d’autres livres ?

J’ai publié un premier livre en langue arabe en 2018 «Mémoire de l’oubli». Il parle du printemps arabe. Mon deuxième ouvrage paru en 2020 est «Baghdadiat : Textes et Peintures». Il parle de la guerre à dépeindre la guerre de l’invasion américaine en Irak en 2003. Les poèmes que j’ai écrits lors de l’invasion sont accompagnés de tableaux des artistes plasticiens irakiens Mahmoud Chouber et Amal Al-Daraji. Sa couverture est une œuvre du plasticien irakien Ali Abdelkrim.

Quels sont vos projets ?

J’ai plusieurs projets écrits en attendant leur révision. Actuellement, je suis penché sur un livre autour de plus de 200 lectures de tableaux d’artistes arabes, français et africains et de différentes écoles d’art internationales.

Propos recueillis par Nadia Ouiddar
 


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