Art & CultureLe Matin

L’artiste Saïd Afifi propose «Les constellations de la Terre»

L’exposition se tiendra du 1er février au 5 mars à Casablanca. Saïd Afifi oriente son travail vers les problématiques du paysage naturel, du biomimétisme et de l’impact des nouvelles technologies dans l’observation du monde.

L’artiste marocain qui explore en continu la dimension anthropologique des nouvelles technologies est invité à la galerie d’art L’Atelier 21 à Casablanca. Saïd Afifi y présente pour la première fois ses œuvres, du 1er février au 5 mars. L’artiste-plasticien offrira au public «Les constellations de la Terre». Il ne s’agit pas d’une simple exposition, mais d’un travail passionné et invitant à la réflexion avec le logiciel Google Earth. Dans ce solo show, Saïd Afifi bouleverse la perception du paysage. Selon l’artiste multidisciplinaire épris récemment par les images aériennes ou satellitaires de la Terre, «On ne sait plus à quel moment le réel est réel». Afifi se demande si «une immersion dans le paysage est encore possible». «Comme dans le mythe platonicien, la tromperie sur les apparences guette toujours, mais elle dépend désormais des fournisseurs de données ou de ce qu’il est convenu d’appeler datas qui, selon Afifi, “fracturent” notre perception du paysage en raison des bugs se produisant lorsque l’on passe d’un centre de données à un autre.

Les images satellitaires pouvant être transmises par la Nasa (Agence spatiale américaine) ne recouvriront pas forcément celles fournies par d’autres centres nationaux d’études spatiales ; sachant qu’en la matière des formes de censure peuvent encore exister à l’échelle de certains États», explique l’écrivain d’art Olivier Rachet, dans le texte du catalogue d’exposition. Dans son processus de création, Saïd Afifi se concentre sur ces dysfonctionnements, dans des rapports d’échelle parfois inversés.

Comme l’utilisateur de Google Earth peut choisir de zoomer sur une partie de son choix, Afifi privilégie une forme au détriment d’une autre. Selon Olivier Rachet, l’artiste en quête de nouvelles perceptions n’agit pas seulement sur la représentation d’un espace géographique, mais s’évertue à faire émerger une nouvelle temporalité incluant tout autant le passé que le futur. «Dans son atelier, sont imprimées au préalable différentes prises de vues satellitaires à partir desquelles l’artiste va parfois intervenir directement. Mais le plus souvent, le dessin et, pour la première fois dans son parcours, la peinture viennent relayer ces images fascinantes qui transforment surtout le genre de la peinture de paysage tel que nous avions l’habitude de le définir en histoire de l’art», indique-t-il. Saïd Afifi propose aujourd’hui un monde qui n’existe peut-être pas encore. Dans son exposition «Les constellations de la Terre», les dessins et les toiles sont regroupés comme composant une cartographie mentale inédite, plus proche de l’anticipation que de l’objectivité scientifique.

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Parcours de l’artiste

Saïd Afifi est né en 1983 à Casablanca. Lauréat de l’Institut des Beaux-arts de Tétouan en 2008, il intègre la promotion Chantal Akerman du Studio national des arts contemporains – Le Fresnoy – de 2016 à 2018. Passionné de cinéma, de littérature et de nouvelles technologies, il développe depuis 2012 une recherche autour de l’architecture postmoderniste, revendiquant entre autres l’influence des textes de Nietzsche et de Jean Baudrillard ainsi que les formes architecturales de Claude Parent et du Corbusier. Il n’hésite pas à leur emprunter certaines de leurs «obsessions» : temps, vitesse, archéologie, identité, etc. Plus récemment, son travail s’oriente vers les problématiques du paysage naturel, du biomimétisme et de l’impact des nouvelles technologies dans l’observation du monde. Il coexiste dans le travail de Saïd Afifi une ambivalence qui glisse d’une œuvre à l’autre sans jamais nous permettre de saisir l’intégralité des enjeux. En 2018, il expose pour la première fois au Fresnoy, l’installation immersive Yemaya, en réalité virtuelle accompagnée de cinq dessins. Le visiteur est ici invité – par le prisme de lunettes de réalité virtuelle – à parcourir une grotte lors d’une déambulation méditative et poétique. Cette œuvre se compose d’images scientifiques de trois grottes sous-marines fidèles à la réalité (situées en Méditerranée). Les détails et volumes de ces grottes ont été captés via le processus de photogrammétrie par des milliers de photographies bidimensionnelles en très hautes définitions, traitées et assemblées avec un logiciel de manière à reproduire un espace en trois dimensions. Fasciné par la précision des images numériques scientifiques et leur capacité à renouveler notre perception du monde, Saïd Afifi s’est approprié cette matière pour rassembler ces images en une seule grotte. À la manière d’un chercheur et d’un collectionneur obsessionnel, il a extrait, dupliqué et assemblé des détails issus de chacune. En combinant ces trois grottes, l’artiste réinvente le réel dans une sorte de voyage mental qui permettrait de faire le lien entre l’Europe et l’Afrique et qui – à la manière de son œuvre Naufrage du cube – fait fi de la réalité, jusqu’à en faire disparaître les frontières. Ses œuvres sont exposées au Maroc, en France et ailleurs. En 2010, il participe à la Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée à Skopje (Macédoine), en 2013 au Festival Vidéoformes à Clermont-Ferrand (France), en 2015 à l’exposition Le Maroc contemporain à l’Institut du monde arabe de Paris (France). En 2017 et 2018, il présente les œuvres Etymologie et Yemaya lors des expositions Panorama 19 et Panorama 20 du Fresnoy (France), puis en 2019 à la Biennale de Rabat (Maroc). La même année, sa vidéo Naufrage du cube est présentée à la Beirut Art Fair (Liban). Les œuvres de Saïd Afifi ont intégré des collections publiques et privées, notamment le Musée de Bank Al-Maghrib (Maroc), le Musée d’art contemporain africain Al Maaden (Maroc) et le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (Maroc). Saïd Afifi travaille entre la France et le Maroc.


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