EconomieLe Matin

Le Maroc prépare sa révolution 4.0

Génération Green table sur une multiplication par 1,5, voire par 2 des investissements en Recherche & Développement, pour une meilleure diffusion des innovations et des percepts de l’agri-tech 4.0.

Le Maroc entend opérer une véritable révolution digitale de son agriculture. Le département de tutelle planche, en effet, sur la préparation d’une grande stratégie de transformation digitale du secteur. La feuille de route qui fera l’objet d’une grande étude à commanditer en septembre prochain concernera aussi bien les institutions (administrations centrales, services déconcentrés, ORMVA, établissements et structures sous tutelles du département de l’Agriculture) que les exploitations agricoles et le long de la chaîne de valeur des filières agricoles. Cette transition devrait permettre au Royaume d’améliorer sa planification des campagnes agricoles, la gestion efficace des intrants et des ressources, la productivité, la qualité et la compétitivité.

Le secteur agricole au Maroc s’apprête à opérer sa révolution technologique. Le département de l’Agriculture est sur un projet d’une feuille de route stratégique pour enclencher la révolution digitale du secteur. Selon les services de Mohamed Seddiki, la digitalisation de l’agriculture n’est pas une option, mais une nécessité dans un contexte mondial marqué par la montée en puissance des technologies adaptées à l’agriculture. «La transformation digitale est un élément central de gestion efficiente. La technologie offre aujourd’hui une large gamme d’outils performants, tout au long de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire pour améliorer la productivité, la qualité et la compétitivité et, par conséquent, constituer un relais de croissance pour le secteur agricole», souligne le ministère. Ce dernier doit ainsi commanditer le 29 septembre prochain, l’étude devant servir de base à la réflexion stratégique qui permettra de doter le secteur d’une vision intégrée pour opérer sa transformation digitale.

La stratégie digitale en projet concerne aussi bien les institutions (administrations centrales, services déconcentrés, Office régional de mise en valeur agricole – ORMVA, établissements et structures sous tutelles du département de l’Agriculture) que les exploitations agricoles et le long de la chaîne de valeur des filières agricoles. L’étude à laquelle le ministère réserve un budget de plus de 4,5 millions de DH devra définir des axes d’orientation de la stratégie de digitalisation du secteur en matière de cadrage stratégique : vision et ambitions à moyen et long termes. De même, la consultation établira un plan d’action détaillé qui comprend une description des programmes, sous-programmes, projets, mesures et leviers prioritaires pour atteindre les objectifs, les cas d’usage prioritaires, les fondements technologiques, les parties prenantes, le modèle organisationnel, le leadership, la gouvernance, le calendrier de mise en œuvre et une estimation des coûts.

Booster la croissance par la technologie

Pour l’Agriculture, le Maroc ne peut rester en marge de la transition digitale que connaît l’agriculture à l’échelle mondiale. Le Royaume, pays où l’agriculture est un réel moteur de développement social et économique, devrait faire de la dynamique de la transformation digitale du secteur un vrai challenge. «Cette dynamique est liée à l’adoption de technologies de pointe au niveau du secteur et au renforcement des capacités des agriculteurs pour accompagner l’évolution dans les modes de travail et de production et faire face aux différents enjeux. Le train de la transformation digitale est donc une opportunité pour l’agriculture d’aspirer à un nouveau palier de développement», souligne le ministère.
Selon lui, les opportunités offertes par l’ancrage aux technologies numériques permettraient à l’agriculture de passer d’un modèle de production traditionnel et semi-moderne vers une agriculture moderne répondant aux impératifs de productivité, de compétitivité et de durabilité.

En effet, explique la Tutelle, la technologie offre une large gamme d’outils «performants» tout au long de la chaîne de valeur agricole pour améliorer la planification des campagnes agricoles, la gestion efficace des intrants et des ressources, la productivité, la qualité et la compétitivité. Concrètement, le numérique concerne divers domaines de l’agriculture à travers une multitude d’outils intelligents et de solutions techniques de précision dont, en particulier les satellites et les drones imageurs qui permettent de cartographier les paramètres biophysiques des cultures, les robots agricoles à champs, les engins autoguidés, les tracteurs autonomes et les sondes et capteurs fixes au niveau du sol pour mesurer la température et l’humidité. Dans l’activité d’élevage, des technologies adaptées sont également disponibles. Il s’agit entre autres de l’étable connectée à travers l’utilisation de trayeuses automatiques et la fourniture automatique de ration alimentaire adaptée, les ruches intelligentes, les data-drivers logiciels et les services d’aide à la décision.

«Ainsi, les nouvelles sources de données massives spatiales et temporelles, conjuguées aux réseaux d’objets connectés et aux données météo, mettent à disposition un flux continu d’informations et de connaissances qui contribuent à l’amélioration de l’efficacité des activités agricoles. Cette évolution vers une agriculture 4.0 renforcée par l’efficience permet, d’une part, de diminuer les risques par de forts algorithmes de calcul et de prédiction, d’intelligence artificielle et, d’autre part, d’instaurer une gestion et surveillance automatisées permettant de renforcer la performance économique et l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles», fait valoir le ministère qui souligne au passage que la digitalisation peut et doit aider l’agriculture à jouer le rôle clé dans l’assurance de la sécurité alimentaire, la lutte contre la faim et la gestion durable des ressources naturelles. De même, elle permet d’économiser l’eau d’irrigation et d’utiliser moins d’engrais et de suppléments nutritionnels, tout en augmentant la productivité. La digitalisation permet, en outre, de produire plus et mieux avec moins de ressources.

Le digital permettra d’augmenter de 70% la productivité agricole d’ici 2050

Selon une enquête de la FAO, les nouvelles technologies et Internet présentent un potentiel énorme, à même d’augmenter de 70% la productivité agricole d’ici 2050. Une projection qui réconforte le choix du Maroc d’aller vers une agriculture 4.0. «La transformation digitale du secteur agricole constitue une opportunité pour booster la croissance économique du Royaume et atteindre les objectifs de la stratégie agricole et du développement durable à l’horizon 2030», indique le ministère. Mais le Maroc n’est pas à ses débuts dans la digitalisation de son agriculture. En effet, les nouvelles technologies sont de plus en plus introduites dans la production agricole et agro-industrielle moderne du pays avec des impacts positifs sur les performances économiques. L’évolution de l’écosystème des nouvelles technologies de l’information et de l’innovation mobilise les leaders dans le domaine. Ces acteurs innovent en mettant sur le marché des solutions utilisant l’imagerie satellitaire, la communication sans fil, les objets connectés et l’intelligence artificielle. Rappelons que pour intégrer le digital, le département de l’Agriculture s’est doté d’une structure dédiée, la Direction des systèmes d’information, et mis en place plusieurs systèmes d’informations dont le Système de recensement général de l’agriculture, le Système des aides et des bonifications agricoles (SABA) et le Système national de suivi de la campagne agricole et de prédiction agro-météorologique des récoltes céréalières (CGMS-Maroc).
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Digital : Ce que prévoit Génération Green

La stratégie agricole «Génération Green» (2020-2030) met le cap sur l’amélioration de la qualité de la production et son adaptation aux tendances agricoles et technologiques ainsi qu’aux nouveaux modes de consommation. Le déploiement de cet axe permettra au Maroc de s’inscrire définitivement dans les standards internationaux, de répondre aux attentes des consommateurs marocains et étrangers et de faire de l’origine Maroc un gage de qualité. Ainsi, les investissements en Recherche & Développement seront multipliés par 1,5, voire 2 pour une meilleure diffusion des innovations et des percepts de l’agri-tech. Chose qui permettra d’inscrire 30 à 50 nouvelles variétés au catalogue officiel. Les services digitaux de l’agriculture devraient couvrir les domaines de la traçabilité, du conseil, de la commercialisation, du paiement mobile et de l’assurance agricole. Les exploitants pourraient intégrer de plain-pied l’Agri 4.0 qui permet une durabilité des ressources.
 


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