Art & CultureLe Matin

le point avec le dramaturge Zoubeir Ben Bouchta

Le dramaturge et metteur en scène, Zoubeir Ben Bouchta, a affirmé que l’histoire du théâtre marocain est honorable et qu’il a besoin de plus de soutien et de structuration pour promouvoir son rayonnement dans l’avenir. Dans une interview accordée à la MAP à l’occasion de la Journée mondiale du théâtre, M. Ben Bouchta a souligné que le rayonnement du théâtre d’hier est dû à l’enthousiasme de ses praticiens, surtout au niveau du théâtre amateur, puisqu’un intérêt particulier était accordé à la recherche théâtrale et à la formation des jeunes, au moment où l’intérêt porté à la culture et la conscience politique dominaient l’aspect artistique.

Le dramaturge a précisé que cette époque a été marquée par des expériences théâtrales pionnières, telles que celle de Mohammad Taymour, Abdelkrim Berrechid et Moulay Ahmed Iraqi, ainsi que d’un ensemble de troupes, en l’occurrence «La Chabiba Al Hamra» de Marrakech avec la participation de feu Mohamed Chahramane, relevant que de nombreuses troupes à travers le Royaume ont enrichi le répertoire théâtral marocain avec des œuvres inédites, au moment où le Festival de théâtre amateur, organisé chaque année par le ministère de la Culture et les conseils provinciaux du théâtre amateur, s’est distingué de façon remarquable.

Il a assuré que le théâtre d’aujourd’hui est, sans aucun doute, bien meilleur que les expériences passées en matière de formation et de figures qui enrichissent la scène culturelle, estimant que le déclin de la représentation théâtrale n’est pas lié aux personnes ou aux expériences, mais plutôt aux politiques publiques, au cadre général qui régit la pratique culturelle, et aux modes de vie et de consommation. M. Ben Bouchta a fait savoir que de nombreuses figures de proue du théâtre national ont marqué de leur empreinte la scène culturelle marocaine, dont Tayeb Saddiki, Ahmed Tayeb Laâlej, Touria Jebrane, Mohamed Taymour et Mohamed El Kaghat, soulignant qu’actuellement, d’autres noms œuvrent pour la promotion du théâtre professionnel, auxquels se sont ajoutées des générations de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle, qui ont également enrichi le Théâtre national.

Le théâtre, un écosystème à revoir 

Le dramaturge a estimé que l’écosystème du théâtre doit maintenant être revu et doté d’une infrastructure culturelle et d’un staff artistique, technique et administratif stable, en plus du développement de l’industrie culturelle, à l’aide d’un facteur important qu’est le public. Interrogé sur les facteurs du déclin de l’intérêt pour le théâtre, le dramaturge a souligné l’impératif de se pencher sur la structuration du domaine, avant de parler de l’écriture théâtrale, ajoutant que «s’il n’y a pas d‘industrie culturelle, il n’y aura pas de demande, et donc il n’y aura pas d’offre».

Il a noté la nécessité de créer un écosystème de production, c’est-à-dire disposer de producteurs et de théâtres qui ont un budget stable pour qu’on puisse parler de créativité, de produit littéraire et artistique, et d’écriture théâtrale. «On ne peut pas parler de crise de texte, dans un contexte marqué par la non-structuration du domaine et l’absence d’un public qui n’assume pas sa responsabilité dans l’industrie culturelle», a-t-il enchainé. Il a fait remarquer que l’organisme culturel a maintenant atteint un haut niveau de maturité en termes de ressources humaines (disponibilité d’artistes qualifiés, de techniciens et d’un public averti), mais il cherche encore à se doter d’un cadre particulier pour assurer son fonctionnement, c’est-à-dire disposer d’un écosystème de production et de promotion.

«Cela passe par la création d’un centre national du théâtre ou de culture, afin d’assurer la gestion du domaine de manière indépendante et d’encourager les théâtres de proximité, à même de créer des relations étroites avec le public et la population», a dit le dramaturge. Et pour promouvoir le développement du théâtre, M. Ben Bouchta a estimé que le système éducatif doit être le premier canal de transmission de la pratique théâtrale, car le ministère de l’Éducation nationale, l’établissement scolaire, et la famille de l’éducation constituent l’élément le plus important qui peut transmettre cette pratique à la nouvelle génération. Il a, à cet égard, souligné la nécessité d’instaurer des relations étroites entre les institutions culturelles et les établissements scolaires et d’intégrer le théâtre, la musique et les autres matières créatives et culturelles dans le programme scolaire des élèves comme étant des matières principales.


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