EconomieLe Matin

les investisseurs ont de l’appétit pour le Maroc

Dans son nouveau rapport publié le 20 juillet, la Banque mondiale a analysé l’exposition du Maroc aux impacts de la guerre en Ukraine, notamment les coûts des emprunts souverains du pays.

Selon la Banque mondiale, les coûts des emprunts souverains du Maroc pourraient être affectés par la guerre en Ukraine et aggravés par les effets que les changements anticipés dans l’orientation de la politique monétaire des économies avancées ont sur les marchés financiers internationaux. L’augmentation des risques et des coûts des emprunts souverains, mesurée par l’EMBI du Maroc et le spread des CDS à 5 et 10 ans, a été nettement plus modérée que dans d’autres régions comparables comme la Tunisie ou encore l’Égypte. Ce qui suggère que les marchés conservent plus d’appétit pour la dette marocaine.

Les marchés financiers internationaux, notamment obligataires, ont été perturbés par la crise russo-ukrainienne. Selon la Banque mondiale, les coûts des emprunts souverains du Maroc pourraient également être affectés par la guerre et aggravés par les effets que les changements anticipés dans l’orientation de la politique monétaire des économies avancées ont sur les marchés financiers internationaux.

Dans son nouveau Rapport de suivi de la situation économique au Maroc publié le 20 juillet, la Banque mondiale a présenté l’évolution de certains indicateurs qui évaluent la perception du risque, lié au marché de la dette souveraine marocaine, chez les investisseurs étrangers. Il s’agit notamment de l’indice EMBI (Emerging Markets Bond Index) qui rend compte des rendements des titres négociables de dette extérieure des pays émergents (plus le risque perçu augmente plus les rendements sont élevés). S’ajoute le spread des CDS qui traduit une détérioration de la perception du risque souverain chez les investisseurs étrangers. Les CDS (credit default swaps) fonctionnent comme des contrats d’assurance sur la dette d’un pays. Quand la prime d’un CDS, le «spread», est en hausse, cela signifie que la perception du risque est élevée chez les investisseurs concernés.

Selon la Banque mondiale, entre le 1er janvier et le 14 juin 2022, l’EMBI du Maroc a augmenté de 20 points de base, tandis que le spread des CDS à 5 ans a bondi de 138 points de base et le spread des CDS à 10 ans de 122 points de base. «Bien qu’importantes, ces augmentations sont nettement plus modérées que dans d’autres régions comparables», précisent les économistes de l’institution de Bretton Woods. En effet, l’EMBI a augmenté en Tunisie et en Égypte de 1.126,45 points de base. «Le spread des CDS 5 ans et 10 ans a augmenté de 316 et 200 points de base en Tunisie, et de 401 et 239 points de base en Égypte, ce qui suggère que les marchés conservent plus d’appétit pour la dette marocaine», détaillent les experts de la Banque mondiale dans une analyse sur l’exposition du Maroc aux impacts de la guerre en Ukraine. Selon eux, l’économie marocaine a, globalement, des liens directs limités avec les économies russe et ukrainienne. Les deux pays n’absorbent que 1% des exportations du Royaume, tandis que le tourisme, les transferts des MRE (Marocains résidant à l’étranger) et les entrées d’IDE (Investissements directs étrangers) restent faibles. L’exposition est plus élevée du côté des importations, car l’Ukraine et la Russie fournissent respectivement environ 14 et 6% des importations totales de céréales.

Cependant, ces parts restent nettement inférieures à celles d’autres pays pairs régionaux tels que la Tunisie et l’Égypte. Environ 10% des importations marocaines d’énergie proviennent de Russie, bien en deçà des importations d’Espagne (27,6%), des États-Unis (16,5%) ou d’Arabie saoudite (16,3%). D’autre part, le Maroc est fortement exposé aux impacts indirects de la guerre qui se répercutent sur les cours internationaux des matières premières. Entre 2010 et 2020, les importations d’énergie ont représenté en moyenne 19,8% des importations totales et 8,3% du PIB. Ces moyennes masquent d’importantes fluctuations d’une année à l’autre, causées par l’évolution des conditions du marché mondial.

Par exemple, entre 2011 et 2013 (avec des prix de pétrole supérieurs à 100 dollars le baril), les importations d’énergie ont représenté plus de 26% des importations totales et près de 12% du PIB. En raison de la guerre en Ukraine, la Banque mondiale table sur un prix moyen du pétrole brut Brent de 100 dollars le baril en 2022, son plus haut niveau depuis 2013 et 42% au-dessus de 2021. En outre, les importations céréalières affichent un poids beaucoup plus faible que l’énergie dans la balance des paiements du Maroc, représentant en moyenne 4% des achats globaux et 1,6% du PIB entre 2010 et 2020. Selon la Banque mondiale, les prix du blé devraient augmenter de 43% par rapport à 2021, atteignant un niveau record en termes nominaux cette année.


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