Les success-stories du made in Morocco

Ryad Mezzour: « Nous sommes capables de fabriquer des produits que nous importons 5 à 10 fois plus cher ». ph.seddik

À l’occasion du 50e anniversaire de l’ISCAE, l’Association de ses anciens lauréats a organisé, mardi, une rencontre sur le thème «Made in Morocco : quel rôle dans la souveraineté économique ?» Ce rendez-vous a permis de faire le point sur le potentiel de l’industrie nationale et de s’imprégner des success-stories des participants.

L’industrie marocaine a su démontrer que les compétences marocaines pouvaient tout faire. Le made in Morocco est désormais une marque reconnue à l’international. La marque Maroc, «c’est pouvoir faire ce que nous savons faire et parfois beaucoup mieux que les autres», a affirmé Ryad Mezzour. Le ministre de l’Industrie et du commerce s’exprimait lors d’une table ronde organisée à l’occasion des 50 ans de l’ISCAE, mardi à Casablanca. La rencontre tenue sur le thème «Le Made in Morocco : quel rôle dans la souveraineté économique ?» a été l’occasion pour des participants de partager leurs success-stories ainsi que les best practices pour renforcer cette marque Maroc. «Nous sommes capables de fabriquer des produits que nous importons 5 à 10 fois plus cher», indique le ministre. Pour illustrer son propos, Ryad Mezzour félicite la startup marocaine Aba Technology qui a été capable de fabriquer, en temps de crise, un thermomètre infrarouge à 260 DH, contre un prix du marché de 1.400 à 1.600 DH. «C’est magnifique !» lance-t-il. Cette entreprise n’est pas un cas isolé. 

 Le ministre cite également le cas du constructeur automobile Renault qui avait décidé de ne pas beaucoup automatiser et d’opter pour la main-d’œuvre bon marché marocaine. «Les Marocains sont inventifs. Les ingénieurs ont visité les usines et se sont dit qu’ils étaient capables de fabriquer le petit robot qui ramène les produits au niveau de la chaîne de manière automatique. Ils l’ont fait et 10 fois moins cher. Et aujourd’hui, il est en train d’être généralisé dans toutes les usines», applaudit Mezzour. Pour lui, «la souveraineté est à notre portée», et au niveau productif, le tissu industriel marocain a atteint «un niveau de maturité» permettant de s’attaquer à tous les produits nécessaires au consommateur. Si Casablanca est devenue la 10e ville d’investissement en Recherche et Développement (R&D) automobile dans le monde, il est désormais temps d’affiner cette partie. «Nous visons le Top 5 et nous avons la même ambition pour l’aéronautique, le textile et l’agroalimentaire, entre autres». Et pour y parvenir, «il faut posséder la technologie de nos propres produits et co-posséder en étant assis à la table de décision technologique», précise le ministre. Ce dernier rappelle le lancement d’un programme d’innovation qui porte sur le brevetage (pour des projets plafonnés à 1 million de DH et une subvention directe de l’État de 80%), la formulation du produit ou l’élaboration du prototype (projets plafonnés à 4 millions de DH et subventionnés à hauteur de 60% par l’État) et une ligne industrielle pilote (projets plafonnés à 5 millions de DH et 30% de subvention de l’État). Il s’agit de «300 millions de DH par an pour accompagner 100 projets. Venez nombreux, il y a de la place», appelle Ryad Mezzour. Mais pérenniser le made in Morocco nécessite d’aller chercher la prime de marque et la relation avec le consommateur. «Nous avons démontré que nous savions produire beaucoup de choses même complexes comme les manches de pilotage d’avions, les accélérateurs ou encore les fuselages. Aucune technologie ne nous fait peur en termes de production», affirme le ministre. Les entreprises marocaines doivent désormais aller chercher des marques, acheter des marques et les positionner aussi bien sur le marché local qu’international.

Et c’est le cas de Mutandis notamment. Cette holding marocaine s’est spécialisée dans les biens de consommation des ménages. Elle est également un accélérateur de marques et qui détient depuis juin 2021 la marque de conserves de sardines américaine Season. «Il faut avoir confiance en soi», a déclaré son PDG. «Il y a 10-15 ans, des entreprises comme Mutandis ou Ama Détergent avaient zéro part de marché dans des produits avec lesquels nous avons tous grandis qui sont des produits de multinationales. Nous avons travaillé dur. Nous avons divisé les prix par deux pour les consommateurs, nous avons multiplié les volumes par deux et par trois et nous avons pris des parts de marché», partage Adil Douiri. Ce dernier insiste tout de même sur l’importance de la présence de multinationales aux côtés des acteurs locaux pour le développement de l’économie nationale. «Ne vous trompez pas sur mon message. Une entreprise quel que soit son centre de décision est une entreprise utile à l’économie marocaine. Une multinationale installée au Maroc et qui emploie des Marocains, elle a fait son job».

Le co-fondateur de CFG Bank insiste sur la performance des entreprises marocaines face aux multinationales. «Si la qualité n’était pas là, des entreprises marocaines comme Ama Détergent ou Mutandis n’auraient jamais pu prendre 50% du marché marocain de la détergence et de la propreté de la maison en 10 ans. C’est colossal !» En d’autres termes, pour grandir une entreprise a besoin d’avoir confiance en elle et en son potentiel. «Si nous arrivons à nous battre, au Maroc, contre des multinationales, nous arrivons à exporter en Afrique et aussi dans les pays riches», affirme Douiri.Pour lui, quand une ressource est rare, il faut la vendre là où le consommateur est le plus riche. «L’Afrique ne doit pas être une obsession. Le continent est utile pour certains produits, mais nous gagnons beaucoup plus d’argent et nous créons beaucoup plus de PIB, de valeur ajoutée et de chiffre d’affaires à l’export quand nous arrivons à percer les pays riches». Savoirfaire, compétence et innovation, l’industrie nationale a tous les ingrédients nécessaires pour faire du made in Morocco une marque internationale reconnue. «Nous avons 15 à 20 ans pour passer le pas et figurer parmi les pays développés», ambitionne Ryad Mezzour. Un constat partagé par Adil Douiri qui appelle à «passer du Made in Morocco à l’Invest in Morocco». 

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Aba Technology, success-story d’une startup marocaine

Aba Technology a de quoi être fière. L’entreprise, qui a fait ses débuts en 2014 en injectant dans le capital des startups opérant dans l’ingénierie électronique, vient de décrocher un marché dans un réseau de cliniques à Madrid face au géant General Electric, «avec de la technologie marocaine» se félicite son PDG, Mohamed Benouda. Malgré son jeune âge, l’entreprise, qui compte quelque 550 ingénieurs, dispose d’une usine à Bouskoura employant 150 personnes supplémentaires et gère 22 usines dans le monde. Elle opère dans 4 secteurs clés, à savoir l’IoT, l’électronique, la santé, les smart cities et la mobilité durable. «Nous sommes en train de digitaliser des usines en Tunisie, au Maroc, en Serbie, en Ukraine et au Portugal. Et nous nous occupons de la gestion de la mobilité durable de 11 arrondissements de la ville de Paris». En 2019, les startups où Aba Technology a investi faisaient 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Un montant qui a grimpé à 6,5 milliards en 2020 et 25 milliards en 2021. «À ce jour, nous sommes déjà à 30 milliards d’euros pour cette année», confie le CEO.

 


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