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L’inflation au Maroc est purement monétaire (Nabil Adel)

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L’inflation s’est bel et bien installée au Maroc. Mais si certains la lient à l’envolée des cours des produits et matières sur le marché international, l’économiste Nabil Adel soutient que l’inflation est purement monétaire. En clair, plus de monnaie en circulation que de produits. Pour pouvoir la juguler, le professeur-chercheur estime qu’en plus du relèvement du taux directeur, le gouvernement doit revoir sa politique dépensière.

Le relèvement du taux directeur à 3% par Bank Al-Maghrib (BAM) n’aura pas d’impact sur l’inflation dans le court terme. L’affirmation est de l’économiste et chercheur Nabil Adel dans une déclaration au journal «Le Matin». Selon lui, même si certains établissements bancaires ont commencé à relever les taux de crédits, l’effet dans les circuits économiques et sur l’inflation ne pourrait être visible que dans les 12 à 18 mois prochains. «La décision de BAM de relever le taux de 50 points de base est naturellement bonne. Son effet sur l’inflation ne sera pas visible dans le court terme puisqu’il y a une chaîne de transmission de l’effet de cette mesure. Car après le relèvement du taux, intervient la hausse des taux des crédits et enfin une baisse des prix suite au ralentissement de la demande, en particulier celle alimentée par les crédits. Généralement, ce processus peut s’étaler sur quelques mois voire même plus d’un an», explique le professeur d’économie.

Il y a plus de monnaies qui circulent que des produits, selon Nabil Adel

Adel reproche, tout de même, à la. d’avoir cumulé du retard dans la prise de décisions liées à l’augmentation du taux directeur. L’économiste estime, par ailleurs, que l’inflation que connaît le Maroc est purement une inflation monétaire. «C’est-à-dire qu’il y a plus de monnaies qui circulent que des produits», développe-t-il. Un phénomène qui n’est pas uniquement propre au Maroc, mais qui s’est produit pratiquement dans l’ensemble des économies à travers le monde.

Selon Nabil Adel, lors de la Covid-19, beaucoup de pays ont procédé à des ) pour faire face à la crise. Résultats des courses : la monnaie en circulation a nettement monté alors que les processus de production étaient à l’arrêt ou ne tournaient pas à plein régime. L’économiste estime, d’ailleurs, que la bonne nouvelle dans l’analyse du phénomène de l’inflation au Maroc c’est l’abandon de l’explication selon laquelle l’inflation est importée. «Elle est à moitié importée certes, mais c’est une inflation monétaire. D’ailleurs, c’est pour cela que BAM prend des mesures d’ordres monétaires», souligne le professeur-chercheur. Adel indique, en outre, qu’il faudra s’attendre à d’autres hausses du taux directeur. Et l’impact sur l’économie et la baisse de l’inflation se fera sentir au bout de quelque temps.

Le gouvernement doit revoir sa politique dépensière

Mais, nuance-t-il, le relèvement du taux directeur est une condition nécessaire, mais pas suffisante. En effet, explique-t-il, si l’Exécutif Akhannouch poursuit sa politique dépensière avec un déficit budgétaire conséquent, l’inflation ne fera que s’aggraver. Car le déficit budgétaire est un accélérateur de l’inflation. «Si BAM et l’Exécutif n’alignent pas leurs politiques c’est-à-dire que la politique de restriction monétaire de Bank Al-Maghrib est assortie d’une politique d’austérité de la part du gouvernement, il ne faut pas rêver d’une baisse de l’inflation. Or, le gouvernement a un impératif électoral, car il a promis un million d’emplois aux Marocains», souligne l’économiste. Donc, conclut-il, toute politique rigoureuse en matière budgétaire va non seulement empêcher le gouvernement de créer le 1 million d’emplois, mais fera monter substantiellement le taux de chômage.

Si l’inflation avait une vertu, c’est uniquement pour les profits des entreprises qui explosent. Selon Nabil Adel, l’inflation peut contraindre, certes, les coûts de financement des entreprises, mais un producteur répercute toujours les hausses subies sur le consommateur final, donc l’inflation aura été synonyme d’une montée importante des profits des entreprises. Rappelons qu’après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut niveau depuis 1992, l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme, selon Bank Al-Maghrib. Elle ressortirait cette année à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier, et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus.

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